Du sud et de l’est de
Médine, les armées qurayshites (les
Coalisés) arrivèrent et s’installèrent
autour de la ville. Les coalisés furent
surpris par la tranchée qui mettait à mal leur plan consistant à encercler la
ville et à l’envahir en une attaque concertée de tous côtés. La tranchée était
une technique de guerre inconnue des Arabes.
Ils se devaient d’élaborer une autre stratégie pour défaire les musulmans.
Les consultations
commencèrent entre les différentes tribus afin de trouver le meilleur moyen d’écourter
les siège et de prendre possession de la ville : sans autres vivres que
leurs propres réserves. Il ne pouvait être question de prolonger les
hostilités. Il fut décidé qu’une majorité des armées allaient se masser vers le
nord afin de mobiliser les forces médinoises de ce côté, alors que le reste
tenterait de franchir la tranchée à partir du sud où l’accès était plus facile
à proximité des roches. C’est dans cette zone que se trouvait la tribu juive
des Banû Qurayza, qui avait signé un
pacte d’assistance avec le Prophète Muhammad
(PSL).
C’est peut-être là que se
trouvait le maillon faible de l’unité des Médinois. Le chef du clan des Banû
Nadîr, insista pour se rendre dans la forteresse des Banû Qurayza afin de négocier avec son chef. Ka’b ibn Asad et ainsi tenter de rompre
le pacte avec les musulmans. K’ab
refusa d’abord, mais celui insista qu’il se laissa convaincre ensuite de trahir
le pacte. Cette défection inversait la situation, et c’était l’ensemble de la
stratégie des Médinois qui maintenant s’effondrait, puisque l’alliance des Banû Qurayza ouvrait une brèche et
offrait aux coalisés une victoire assurée et l’extermination des musulmans.
Les membres de la tribu
des Banû Qurayza furent loin d’être
tous satisfaits de la décision de leur chef. Les tensions s’exprimaient de
façon visibles. Mais l’avis de la grande majorité était de s’allier aux
coalisés. Pendant ce temps, le Prophète Muhammad
(PSL) observait les mouvements de l’armée ennemie vers le nord. Il eut l’intuition
d’une ruse et décida de s’informer de la solidité de ses alliances dans le sud.
Il savait que les Banû Qurayza
étaient loin de lui être tous favorables. Entre-temps, des rumeurs lui
parvinrent indiquant que les chefs des Banû
Qurayza avaient unilatéralement rompu le pacte. La situation était critique. Si ces
informations s’avéraient juste non seulement le moral des troupes allaient en
prendre un coup mais aussi et surtout qu’il allait perdre la bataille. Il
envoya deux éclaireurs glané des informations en prenant toutes les
dispositions de prudence si la rumeur était infondée. Dans ce cas, il fallait le proclamer haut et
fort pour remonter le moral des troupes. Dans le cas contraire, il fallait que
les éclaireurs lui fassent comprendre discrètement et de façon figurée. L’information
était bien fondée. Il fallait donc réagir immédiatement. Il envoya Zayd avec trois cents hommes afin d’empêcher
une tentative de pénétration planifiée avec le soutien des Banû Qurayza.
Le siège devenait de plus
en plus éprouvant. Les musulmans devaient se relayer en permanence car la
défection de la tribu des Banû Qurayza
rendait fragile leur unité. Toutes les options étaient ouvertes. Les
combattants se relayaient nuit et jour. Lors d’une journée de combats, les
attaques répétées venaient de tant de fronts divers que les musulmans,
constamment sollicités, ne purent accomplir la prière du début puis du milieu
de l’après-midi (ad-dohr et al-‘asr)
à leurs heures respectives ni, ensuite la prière du coucher du soleil (al-maghrib). Le Prophète Muhammad
(PSL) en était troublé. Les compagnons subissaient également un siège qui
commençait à les ébranler.
« Quand ils vous vinrent d’en haut et d’en bas (de toutes parts), et que vos regards étaient troublés, et que vos cœurs remontaient à la gorge, vous faisiez toutes sortes de supputations sur Dieu. Les croyants furent alors éprouvés et secoués d’une profonde secousse. » (Sourate 53 verset 10-11)
Cette épreuve était
difficile et, en même temps, révélatrice de la sincérité et de la fidélité des
tribus comme des individus. Non seulement la guerre avait fait apparaître au
grand jour la duplicité du clan des Banû
Qurayza, mais elle avait, une fois encore, exposé les hypocrites qui
étaient prêts à vouloir reconsidérer leur engagement, voire même à se rendre :
« Et quand les hypocrites et ceux dont le cœur est atteint par la maladie (du doute) disaient : « Dieu et son Envoyé ne nous ont promis que tromperie » (Sourate 33 verset 12)
Certains demandaient à
retourner auprès de leur famille :
« nos demeures sont sans protection. »(Sourate 33 verste 13)
D’autres voulaient
simplement fuir le combat et se protéger, tant leur semblait évidente l’imminence
d’une brèche dans la défense des musulmans. Ils leur paraissaient impossibles de résister ainsi
pendant des jours.
La majorité des musulmans
étaient cependant fidèles au Prophète
Muhammad (PSL), à son exemple, et partageaient sa détermination.
« Il y a certes pour vous, dans le Messager de Dieu, le meilleur des modèles pour qui désire Dieu et l’au-delà et se souvient de Dieu intensément. » (Sourate 33 verset 21)
Le sens de ce verset
dépasse de loin, et pour l’éternité, les circonstances de cette bataille. Il
dit et exprime le rôle et le statut du Prophète
Muhammad (PSL) dans et pour la vie de chaque conscience musulmane. Mais il
prend une dimension plus forte encore quand on se souvient des circonstances de
sa Révélation : une communauté
assiégée, ébranlée, qui ne perçoit à vue et à intelligence d’homme aucune issue
à la débâcle, dont les rangs se délitent par la désertion et la trahison, et
qui pourtant s’unit autour du Messager
(¨PSL), de sa foi et de sa confiance.
« Quand les croyants virent les coalisés, ils dirent : voilà ce que Dieu et Son Messager nous avaient promis. Dieu et Son Envoyé disaient la vérité. Cela ne fît qu’accroître leur foi et leur don d’eux-mêmes. » (Sourate 33 verset 22)
Au cœur de cette
tourmente, le Prophète (PSL) avait été très perturbé de ne pas avoir pu
accomplir les différentes prières à leurs heures respectives. Cette conscience
de la discipline dans la prière n’a jamais quitté le Messager (PSL) : il
était scrupuleux, strict et particulièrement discipliné dans l’accomplissement
de sa pratique religieuse.
« La prière est une prescription fixée à des heures déterminées. » (Sourate 4 verset 103)
Négliger l’heure d’une
prière avait atteint son cœur et avait nourri un profond ressentiment contre
ceux qui l’avaient obligé à ce manquement. Tous ces compagnons avaient été témoins
dans toutes les circonstances de sa vie, de ce mélange apparemment surprenant d’une
infinie générosité de cœur, d’une détermination tranchée dans l’adversité et d’une
stricte gestion du temps.
Ibn
‘Abbas affirmera avoir vu le Prophète (PSL) réunir sans
raison apparente les deux prières de l’après-midi et les deux du soir :
ces allègements étaient possibles, et les savants musulmans ont reconnu le
caractère licite de ces aménagements en voyage ou en situation exceptionnelle.
Mais ce qui demeure comme
enseignement dans la vie du Prophète
(PSL) est bien la nécessaire rigueur dans le respect de la prière qui est
un Rappel et l’expérience d’une relation privilégiée avec l’Unique.
«En vérité, je suis Dieu, il n’y a de Dieu que Moi, adore-Moi et accomplis la prière afin de te souvenir de Moi. » (Sourate 20 verset 14)
Yathrib 786
Le 22 juillet 2018
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