Le pacte d’al Hudaybiyya concernait la communauté
de Médine et les Quraysh ainsi que
tout leur alliés. Les Khuzâ’a
étaient les alliés du Prophète Muhammad
(PSL) et l’un de leurs clans, les Banû
Ka’b, fût traîtreusement attaquée de nuit par les Banû Bakr, alliés des Quyash,
qui tuèrent un de leurs hommes.
Les Banû Ka’b envoyèrent immédiatement un émissaire au Prophète Muhammad (PSL) pour lui faire
part de cette trahison. Il s’agissait d’une rupture du pacte, et le Prophète Muhammad (PSL) décida que ce
crime ne devait point sans suite. Il se devait de venir en aide ses alliés de Khuzâ’a.
De leur côté, les Quraysh comprirent la gravité de la
situation. Ils décidèrent d’envoyer leur homme le plus influent afin de
persuader le Prophète Muhammad (PSL) de ne point réagir à cet acte isolé.
Depuis la signature du
pacte, les Quraysh n’avaient de
cesse de jouer de jouer avec les termes et les limites du traité. Ils n’hésitaient
jamais à inciter d’autres clans à s’en prendre à la communauté des musulmans
pour les affaiblir, voire les attaquer. Cette fois, la limite avait été franchie, et c’est
pourquoi Abû Sufyân en personne se
rendit à Médine pour parlementer
avec le Prophète (PSL). Celui-ci fut
sec et garda ses distances. Abû Sufyân
tenta de passer par l’intermédiaire de sa fille, Um Habîba (la femme du Prophète)
puis de ‘Alî, mais il ne trouva
aucune possibilité de négocier. Le
Prophète (PSL) resta silencieux, de même que ses compagnons. Abû Sufyân ne savait que penser de la
situation.
Dans les semaines qui
suivirent, le Prophète Muhammad (PSL)
demanda aux musulmans de se préparer à une expédition dont il tînt l’objectif
secret. Seuls quelques proches savaient ce qu’il en était. Il leur demanda de
faire courir plusieurs bruits contradictoires. Il fallait laisser entendre que
le convoi allait se diriger vers la Syrie,
ou encore vers Thaqîf ou contre les Hawâzin.
Après une invocation dans la
mosquée, le Prophète (PSL) eut une
vision qui l’informait que le secret allait être trahi et qu’une femme se rendait
auprès des Quraysh avec une missive leur annonçant une attaque imminente. Il
fit intercepter cette femme alors qu’elle se dirigeait vers la Mecque. Et elle remit le message aux
messagers du Prophète (PSL). Ce
dernier décida de pardonner au traitre, Hâtib,
qui avait donné la lettre à la femme. Les motivations de ce dernier étaient d’ordre
familial. Il resta libre et le Prophète (PSL) ne prit aucune mesure
contre lui malgré le désir d’Umar de l’exécuter.
Le
Prophète (PSL) se concentra sur les préparatifs de guerre
en envoyant des émissaires auprès de tous les clans alliés afin qu’ils se préparent
à rejoindre les musulmans une expédition dont ils ne connaissaient point l’exacte
destination.
L’expédition se mit en route
pendant le mois de Ramadân, et le
Prophète (PSL) laissa d’abord les musulmans décider s’ils voulaient jeûner ou
non. Il jeûna lui-même jusqu’au camp de Marr
az-Zahrân, où il exigea que l’on rompe le jeûne. Les soldats auraient
besoin de toute leur énergie. Sur la route, il demanda à un musulman de faire en
sorte qu’une portée de chiens, qu’il aperçut sur le bord la route, soit protégée des piétinements de
leur armée. Il exprimait ainsi le souci de la vie, quelle qu’elle soit. Il
tenait à protéger les chiots de l’inconscience des soldats.
Le camp de Marr az-Zahrân était situé à la croisée
de plusieurs chemins. La destination pouvait bien encore être le Najd, vers l’est, ou encore Ta’if ou la Mecque. ‘Abbâs qui
avait quitté la Mecque pour venir s’installer
à Médine, eut vent du mouvement des
musulmans et vint les rejoindre. Quand ceux-ci s’installèrent, le Prophète (PSL) demanda à chaque
musulman d’allumer un feu pour impressionner l’adversaire : dix mille feux
furent ainsi allumés, qui faisaient croire à la présence d’une extraordinaire
armée. Les Quraysh comme les autres
tribus craignant d’être attaquées, décidèrent d’envoyer des émissaires pour connaître
les intentions du Prophète (PSL).
Du côté des Quraysh, ce fût Abû Sufyân qui, cette fois encore, vin trouver le Prophète (PSL) accompagnée de deux autres émissaires, Hâkim et Budayl, afin de le persuader
de ne point attaquer la Mecque. Ils
parlementèrent longtemps, mais comprirent que la détermination du Prophète (PSL) était inébranlable.
Ils observèrent les compagnons et l’atmosphère de sérénité qui se dégageait du
camp. Hakîm et Budayl décidèrent de
se convertir à l’Islam. Abû Sufyân affirma qu’il acceptait
première partie du témoignage
(« Il n’est de dieu que Dieu »)
, mais qu’il demeurait en
lui encore quelques doutes quant au statut du Prophète Muhammad (PSL). Il
désirait du temps avant de prononcer la seconde partie du témoignage
(« Muhammad est son Envoyé ») (Ibn Hishâm, op. cit., vol. 5, p. 59)
Il passa la nuit au camp et
à la suite de la prière du matin, après avoir observé la dévotion des musulmans
et leur comportement avec le Prophète,
il décida, sur les conseils de ‘Abbâs,
de prononcer entièrement l’attestation de la foi. Le Prophète (PSL) savait que ce mouvement de cœur restait très
fragile, et il demanda à ‘Abbâs d’accompagner
Abû Sufyân à l’extrémité de la
vallée afin que celui-ci observe l’armée musulmane. Cette décision opéra son
effet, et Abû Sufyân fut grandement impressionné.
Auparavant ‘Abbâs avait
murmuré et rappelé au Prophète (PSL)
qu’Abû Sufyân aimait les honneurs. Il
lui conseilla de ne point l’oublier.
Le
Prophète (PSL), en psychologue, n’oublia pas ce conseil et
lui fit savoir que toutes personne qui, à la Mecque, chercherait refuge chez Abû Sufyân, ou dans le sanctuaire de la Ka’ba ou qui resterait simplement enfermé chez elle, serait
protégée et aurait la vie sauve.
Abü Sufyân se précipita à la
Mecque avant que l’armée musulmane y
parvienne et conseilla à tous (sous les moqueries de sa propre femme Hind, qui le traitait de fou et de
lâche et d’autres notables, comme ‘Ikrima,
fils d’Abû Jahl, qui l’insultaient)
de se rendre et de ne pas opposer de résistance à l’extraordinaire armée du Prophète (PSL).
Le
Prophète Muhammad (PSL) avait transformé Abû Sufyân en allié objectif de son opération. Non seulement parce
que celui-ci s’était converti à l’Islam,
mais aussi et surtout parce qu’il avait su être à l’écoute de son caractère et
de sa personnalité.
Le
Prophète (PSL) affirmait ainsi les principes communs et
savait tenir compte des caractères particuliers. Il avait pour mission de
réformer ces derniers par les premiers, mais il n’était pas question pour lui
de négliger les tempéraments, les aspirations et les spécificités qui
façonnaient la personnalité de chacun. Son message imposait les principes de l’égalité
de tous dans la justice, en même temps que la psychologie de la différence et
de la singularité de chacun dans la foi.
Yathrib786
Le 24 février 2019