Le
Prophète Muhammad (PSL) reçut l’émissaire des Quraysh, Suhayl ibn ‘Amr, qui se présenta avec deux autres hommes (Mikraz et Huwaytib). Les négociations
commencèrent un peu à l’écart des compagnons. Chaque point de l’accord fut
discuté parfois de manière tendue. Lorsque les termes furent enfin conclus, le Prophète Muhammad (PSL) demanda à ‘Ali d’en retranscrire les termes. Celui-ci
commença naturellement la rédaction du texte par la formule usuelle :
« Je commence par Dieu [au nom de Dieu] ? L'Infiniment Bon , le Très Miséricordieux »«Bismillah ar-Rahmân ar Rahîm»
Suhayl
contesta
cette formule en affirmant qu’il ne reconnaissait pas «ar-Rahmân»,
et qu’il fallait donc indiquer la
formule :
«En Ton nom, Ô Dieu !» (Bismika Allahouma)
Cette formule était la
seule connue par l’ensemble des Arabes
(même les polythéistes qui s’adressaient ainsi à leur dieu principal).
Des compagnons réagirent
immédiatement en affirmant qu’il n’était pas question de changer cette formule,
mais le Prophète Muhammad (PSL)
intervînt et dit à ‘Ali d’écrire « Bismika Allahoumma » (Ibn Hischâm, op., cit., vol. 4, p. 284)
Puis il lui indiqua de
poursuivre en écrivant :
«Tels sont les termes de la trêve signée entre Muhammad, l’Envoyé de Dieu, et Suhayl ibn ‘Amr. »
Suhayl exprima son désaccord :
« Si nous avons su que tu es l’Envoyé de Dieu, nous ne t’aurions pas combattu. Écris donc Muhammad ibn ‘Abd Allah (fils de 'Abd Allah). »
‘Alî
qui avait déjà écrit la formule consacrée, refusa de céder et affirma qu’il ne
pouvait pas faire une chose pareille. Le
Prophète Muhammad (PSL) lui demanda
de lui indiquer où était inscrite ladite expression, et il l’effaça lui-même en
lui demanda d’ajouter « fils de ‘Abd
Allah ».
‘Alî
et les compagnons étaient outrés et comprenaient mal l’attitude du Prophète Muhammad (PSL). Les termes de
l’accord allaient les alarmer davantage, tant cela ressemblait à
une série de compromis tout à fait désavantageux pour les musulmans.
Quatre points essentiels
constituaient le fond du traité :
- Les musulmans ne pourraient accomplir le pèlerinage cette année, mais un séjour de trois jours leur serait assurée l’année suivante ;
- Un armistice de dix ans serait respecté par les deux parties, dont les membres seraient livres de voyager dans la région en toute sécurité ;
- Tous les clans ou parties seraient directement liés par les termes du présent accord ;
- Quiconque quitterait la Mecque pour se rendre à Médine chez les musulmans, devrait être remis aux chefs mecquois, alors que quiconque fuirait Médine et chercherait protection à la Mecque se verrait accorder un droit d’asile
(Ibn Hischâm, op., cit., vol. 4, p. 285)
Les compagnons parvenus à
quelques de la Mecque pour accomplir
leur pèlerinage, étaient en train de comprendre qu’ils devraient, à la suite de
la signature d’un pacte qui ressemblait fort à un marché de dupes, s’en
retourner sans avoir visité la ka’ba.
Leur désappointement fut à son comble quand ils virent apparaître Abû jandal (le cadet des enfants de Suhayl, qui venait de signer le pacte).
Celui –ci converti à l’Islam, avait
encore des chaînes aux pieds, et il
venait se réfugier chez les musulmans après que son père l’eut emprisonné pour
l’empêcher d’émigrer parmi les musulmans. Suhayl,
à la vue de son fils qui s’était échappé, intervint et rappela au Prophète Muhammad (PSL) que, selon les
termes de l’accord qu’il venait de signer, il ne pouvait le garder. Le Prophète Muhammad (PSL) l’admit et Abû Jandal, fut remis à son père tandis
que le Prophète Muhammad l’exhortait
à demeurer patient. Son frère, 'Abd‘Allâh
qui était musulman depuis longtemps et qui assistait à la scène, était révolté
par la situation. ‘Umar ne put se
contenir lorsque Souhayl frappa au
visage Abû Jandal. ‘Abd Allâh se précipita vers le Prophète (PSL) et l’apostropha
vertement en le bombardant d’une série de question qui marquait sa totale
désapprobation :
« N’es-tu pas le Prophète de Dieu ? Ne sommes-nous pas dans la vérité et nos ennemis dans l’erreur ? Pourquoi céder si honteusement contre l’honneur de notre religion. » (Ibn Hischâm, op., cit., vol. 4, p. 287)
Le
Prophète Muhammad (PSL) lui répondit à chaque fois très calmement. Cela ne suffit pas à satisfaire ‘Umar qu’une intense colère faisait
maintenant bouillonner : il se retourna
vers Abû Bakr qui lui
conseilla de se calmer car le Prophète
(PSL) selon lui, avait raison. ‘Umar
décida de se maîtriser et de se taire, même s’il continuait de penser que cet
accord était une humiliation.
Suhayl
et les deux autres envoyés quittèrent le camp en emmenant avec eux Abû Jandal, effondré et en larmes. Les musulmans
qui observaient cette scène ressentaient une intense tristesse et une profonde
révolte : l’attitude du Prophète était
incompréhensible. Il leur avait enseigné le courage et la dignité, et il
acceptait un pacte injuste dans les conséquences les obligeaient à observer, impuissants, le
traitement indigne et humiliant de l’un des leurs.
Lorsque le Prophète (PSL) leur demanda de sacrifier
les bêtes consacrées pour le pèlerinage, ils ne purent s’y résoudre. Les blessures et l’amertume étaient trop
profondes, et aucun des compagnons ne s’exécuta. Le Prophète (PSL) répéta trois fois
son ordre, mais personne ne réagit. C’était
la première fois qu’il faisait face à une désobéissance collective et
déterminée. Le Prophète (PSL) choqué
et triste, se retira dans sa tente et expliqua à son épouse Um Salama ce qui venait de se
passer ainsi que le refus des compagnons
d’égorger les bêtes. Elle l’écouta et lui proposa d’agir avec sagesse et en
silence. Elle lui conseilla s’en mot dire et d’aller sacrifier son propre
chameau en se contentant de donner l’exemple.
Le
Prophète Muhammad (PSL) suivit son conseil et ce choix s’avéra
judicieux. Il se dirigea vers son chameau, prononça la formule rituelle puis le
sacrifia. Les compagnons, voyant cela, se levèrent les uns après les autres et
firent de même. Le Prophète Muhammad
(PSL) se rasa ensuite la tête et certains l’imitèrent, alors que d’autres
coupèrent leurs cheveux ou simplement
une mèche.
Yathrib786
Le 14 octobre 2018