20 janvier 2019

Le petit pèlerinage du Prophète Muhammad (PSL)


Une année est passée depuis le pacte d’al Hudaybiyya.  Comme le stipulait le traité, il  était temps  de faire les préparatifs  pour effectuer la visite à la Mecque.

Deux mille musulmans se mirent donc en route avec le Prophète (PSL) dans l’intention de faire la Umra (le petit pèlerinage) qui, à la différence du Hadj (le Grand Pélèrinage) peut s’effectuer à n’importe quelle période de l’année.
Parmi eux  se trouvait un pauvre qui venait d’arriver à la Mecque quelque temps après le retour des musulmans de Khaybar. Il s’était installé avec les ahl as-ssuffa (les gens du banc). Il était pauvre, humble et le Prophète (PSL) le surnomma «Le père de la petite chatte», tant il aimait et chérissait les chattes. Il s’agissait d’Abû Hurayra qui était entré très tard en Islam et qui allait devenir l’un des rapporteurs de traditions prophétiques (ahâdîth) les plus fiables et les plus respectés.

Les pèlerins se rendirent donc à la Mecque et s’arrêtèrent à la limite du territoire sacré afin de d’attendre que les Quraysh libèrent les lieux et leur permettent de pratiquer  librement leurs rites. Les musulmans étaient vêtus de l’humble tenue consacre pour le pèlerinage. Ils entrèrent dans la Mecque alors que les gens de Quraysh piaient leurs mouvements depuis les collines avoisinantes. Abû  Hurayra effectua les sept tournes autour de la Ka’ba. Puis le même nombre d’allées et venues entre les collines de as-Safâ’ et al-Marwa. Il sacrifia ensuite un chameau et se fit raser la tête. Ainsi avait-il accompli, suivi par l’ensemble des pèlerins, les rites du petit pèlerinage. Le Prophète (PSL) ne les contredit point et resta pendant tout son séjour dans l’enceinte de la «Maison de Dieu» (Bayt ALLAH). Bilâl appela de sa belle et puissante voie les pèlerins à la prière cinq fois par jour.  Des collines où ils observaient ce spectacle, de nombreux Qurayshites furent impressionnés, comme ils l’avoueront plus tard, par la simplicité et le dignité de la pratique religieuse des musulmans.

L’oncle du Prophète Muhammad (PSL), ‘Abbas, était resté auprès du Prophète (PSL) et manifestait désormais publiquement son entrée en islam alors qu’il avait toujours vécu à la Mecque et qu’il avait été parmi les prisonniers de Badr. Il offrit au Prophète (PSL) de se marier avec sa belle-sœur Maymûna, devenue veuve. Ce que le Prophète (PSL) accepta. Il aurait aimé célébrer le mariage à la Mecque et offrir à tous le repas traditionnel qui ponctue un mariage, mais les Qurayshs furent intraitables. Les trois nuits étaient écoulées. Il fallait que les pèlerins quittent les lieux selon les termes  de l’accord conclu une année plus tôt.
Le Prophète (PSL) s’exécuta, interdit à ses compagnons de tenir le moindre propos inconvenant à l’égard des Quraysh, et quitta immédiatement la Mecque pour s’en retourner à Médine.

En contractant son mariage avec Maymûna, le Prophète Muhammad (PSL) venait d’établir une relation de parenté avec de farouches opposants, les Makhzûm, qui étaient désormais liés au Prophète (PSL).

Alors que le Prophète Muhammad (PSL) était déjà arrivé à Médine et que la vie quotidienne avait repris son cours, il apprit la visite inattendue de trois hommes  qui arrivaient à sa rencontre.  Il s’agissait de ‘Uthmân ibn Talha, de Khâlid ibn al-Walid et de ‘Amr ibn al-‘As. Tous trois venaient se convertir  à l’Islam et prêter allégeance au Prophète Muhammad (PSL) qu’il avait si farouchement combattu. Celui-ci en fut très heureux  ainsi que l’ensemble des compagnons qui connaissaient les qualités des trois hommes.

L’avenir n’allait point les démentir tant leur engagement fut sincère, entier et jalonné de succès. Ces conversions comme celle d’Abû Hurayra auparavant, étaient également pleines d’enseignements.

Hostiles pendant près de vingt ans au Prophète (PSL) et à son message, ils avaient vécu une profonde conversion et, dans la proximité des seules deux dernières années de le vie de l’Envoyé (PSL). Ils allaient devenir les références de foi, d’abnégation et d’intégrité pour leurs compagnons autant que pour l’ensemble des musulmans. 

Ainsi la foi, son intensité et sa force de conversion et de transformations des cœurs, ne se mesure à l’aune du temps ou des paramètres  de la logique ou de la rationalité.  Ce sont sa sincérité et son intensité mêmes qui témoignent de sa nature et qui fait qu’un homme, une femme, un converti, une convertie d’hier peut atteindre une illumination intérieure plus profonde et pleine.



Yatnrib786
Le 20 janvier 2019

06 janvier 2019

La gestion du couple dans la perspective des enseignements du Prophète à travers sa relation avec Mârîya


Le Prophète Muhammad (PSL) continuait à Médine de mener une vie privée qui exigeait présence et attention à l’endroit de ses épouses tant les tensions étaient parfois fortes entre les elles ou avec leur entourage familial.

Le Prophète (PSL) de nature calme et serein restait conciliant et détestait contrarier l’une ou l’autre de ses épouses.  ‘Aïsha raconte que la présence du Prophète (PSL) dans le foyer était une garantie de qualité. Elle raconte que le Prophète Muhammad (PSL) était attentif, aidait au ménage :


«Il cousait ses vêtements, réparait ses chaussures.» (Hadîth rapporté par Muslim


Il n’était de cesse lorsqu’il entendait l’appel à la prière de se rendre à la Mosquée. En toutes circonstances, il était doux, tendre et particulièrement affectueux. De nombreux récits notamment de ‘Aïsha, mettent en exergue cet aspect de sa personnalité et de son caractère que ses épouses  ainsi que ses compagnons appréciaient.

Les conditions de vie avec la présence nombreuse  des femmes et le développement économique  induisent de nombreux changements en particulier dans le comportement des épouses du Prophète Muhammad (PSL). ‘Umar s’en alarma quand il fut lui-même confronté aux remontrances de sa femme qui n’hésita pas à lui répondre sèchement, contrairement aux habitudes mecquoises.

Aux reproches de ‘Umar, sa femme répondit que leur propre fille, Hafsa, répondait de la sorte au Prophète Muhammad (PSL) qui lui le supportait.  Choqué ‘Umar s’en alla s’enquérir de la réalité de ses faits auprès de sa fille. Cette dernière lui confirma qu’elle-même et les autres épouses n’hésitaient jamais à s’exprimer et à argumenter avec le Prophète (PSL). Ses épouses lui répondaient librement  et que le Prophète (PSL) acceptait cet état de fait. ‘Umar se rendit auprès du Prophète (PSL) afin de lui conseiller de remettre immédiatement de l’ordre dans ses affaires privées. Le Prophète (PSL) l’écouta, sourit mais ne réagit point.

Le Prophète Muhammad (PSL) avait habitué ses épouses à l’écoute et au dialogue. Il écoutait leurs conseils et avait gardé la même attitude respectueuse  qu’il avait partagée avec Khadîdja. Ses épouses savaient faire la différence entre son statut de Prophète et sa vie de mari et d’être humain ordinaire. Même ‘Aïsha, après l’affaire de la calomnie, en avait voulu au Prophète (PSL) et à ses doutes. Lorsque sa mère l’invita à aller remercier le Prophète (PSL) d’avoir obtenu le pardon de Dieu, elle refusa et affirma qu’elle remercierait Dieu et non le Prophète (PSL) qui somme toute avait douté d’elle.  Le Prophète (PSL) n’exigea jamais un traitement particulier, et il essaya de répondre aux nombreuses attentes de ses épouses.

La situation allait évoluer car les différentes victoires, la trêve et l’accumulation de butin avaient apporté quelques richesses dans la demeure du Prophète (PSL). Les femmes commençaient à exiger davantage de biens. Ce qui leur paraissait être en compensation du fait que leur statut imposait des restrictions quant à l’attitude publique et la nécessaire discrétion.

C’est l’arrivée de l’esclave Mâriya, offerte par Muqawqis, qui allait précipiter les évènements.  Cette dernière était d’une exceptionnelle beauté. Et le Prophète (PSL) se rendait fréquemment chez elle. La jalousie s’empara des épouses du Prophète (PSL). ‘Aïsha et Hafsa n’hésitèrent pas à critiquer Mârîya et l’attitude du Prophète (PSL) en l’absence de ce dernier. Le Prophète (PSL) décida d’abord  d’éloigner la demeure de Mârîya qui souffrait de ces critiques, puis, la situation continuait à s’empirer, il fit la promesse de se séparer de Mârîya.

La Révélation vint contredire cette décision que s’était imposée le Prophète Muhammad (PSL)  en exprimant une menace de répudiation vis-à-vis de toutes les épouses :


« Ô Prophète! Pourquoi, en recherchant l’agrément de tes femmes, t’interdis-tu ce qu’Allah t’a rendu licite? Et Allah est Pardonneur, Très Miséricordieux. » (Sourate 66 verset  1)


Cette situation de crise alarma ces dernières ainsi que de nombreux compagnons dont ‘Umar.  Le Prophète (PSL) s’était isolé et avait refusé de voir ses épouses pendant près d’un mois afin qu’elles décident, selon le commandement de Dieu, si elles voulaient rester à ses côtés ou si elles désiraient divorcer. Toutes choisirent « Dieu et Son Envoyé », selon la formule qui avait été utilisée par ‘Aîsha au moment où le Prophète (PSL) le questionna.


« Ô Prophète! Dis à tes épouses: "Si c'est la vie présente que vous désirez et sa parure, alors venez ! Je vous demanderai [les moyens] d'en jouir et vous libérerai [par un divorce] sans préjudice. »

Mais si c'est Allah que vous voulez et Son messager ainsi que la Demeure dernière, Allah a préparé pour les bienfaisantes parmi vous une énorme récompense. » (Sourate 33 verset 28-29)


La Révélation était  venue leur rappeler de surcroît qu’il ne suffisait point d’être la femme d’un Prophète (PSL) ou d’un homme pieux pour prétendre avoir acquis les qualités de la foi et se considérer comme élue de fait. Ainsi les femmes respectives de Noé et de Loth furent perdues alors qu’à l’inverse, la femme de Pharaon fut sauvée pour sa piété, et ce même si elle avait vécu aux côtés d’un négateur de Dieu imbu d’arrogance et d’orgueil.


« Allah a cité en parabole pour ceux qui ont mécru la femme de Noé et la femme de Lo. Elles étaient sous l’autorité de deux vertueux de Nos serviteurs. Toutes deux les trahirent et ils ne furent d’aucune aide pour [ces deux femmes] vis-à-vis d’Allah. Et il [leur] fut dit: «Entrez au Feu toutes les deux, avec ceux qui y entrent.

Et Allah a cité en parabole pour ceux qui croient, la femme de Pharaon, quand elle dit «Seigneur, construis-moi auprès de Toi une maison dans le Paradis, et sauve-moi de Pharaon et de son œuvre; et sauve-moi des gens injustes». (Sourate 66, verset 10-11)


Au sein même du couple, c’est la responsabilité, les choix  et le comportement de chacun qui déterminent son destin. Sur ce plan, les femmes du Prophète (PSL) ne pouvaient se prévaloir d’aucun privilège, et l’humilité s’imposait.  Pour ajouter à l’épreuve des épouses, Mârîya allait devenir mère du seul garçon qui soit né après Qâsim et ‘Abd Allah (fils de Khadidjâ) qui étaient morts très tôt). Le Prophète (PSL) appellera son enfant Ibrahîm, du nom du Prophète (PSL) également reconnu comme le père du Monothéisme, par la tradition copte de sa concubine Mârîya.


Yathrib786
Le 06 janvier 2019