12 août 2018

La victoire de Khandaq sur les Coalisés et le message envoyé aux tribus de la péninsule


Environ trois mille hommes encerclaient désormais les forteresses des Banû Qurayza. Reclus, enfermés avec peu de vivres, les Banû Qurayza résistèrent vingt-cinq jours, tant ils craignaient le sort qu’ils supposaient devoir être le leur après la gravité de leur trahison. Le Prophète (PSL) envoya Abû Lubâba, un homme des Aws (qui avait antérieurement scellé un pacte avec les Banû Nadîr et étaient de fait restés proches des Banû Qurayza), pour discuter des termes de leur capitulation.

Abû Lubâba, face au spectacle de désolation qui régnait à l’intérieur des murs de la forteresse, ne pût s’empêcher de faire comprendre aux Banû Qurayza qu’ils encourraient la mort s’ils se rendaient. Comme nous l’avons vu, il regrettera entièrement son geste, qui aurait pu pousser les Banû Qurayza à ne pas capituler. Les Banû Qurayza décidèrent cependant d’ouvrir les portes de leurs forteresses et de reconnaître leur défaite.

Les femmes et les enfants furent confiés à la garde de l’ancien rabbin ‘Abd Allah ibn Sallâm, et les sept cents hommes furent ligotés et mis à l’écart dans un champ. Les biens et les armes furent collectés et rassemblés afin d’être ramenés à Médine.

Les Aws envoyèrent immédiatement une délégation auprès du Prophète (PSL) afin de lui demander de faire preuve, vis-à-vis des Banû Qurayza, de la même clémence que celle qui avait été la sienne jusqu’àlors.


« Seriez-vous satisfaits si je demandais à l’un des vôtres (du clan des Aws) de prononcer la sentence à leur endroit. » (Ibn Hishâm, op. cit., vol. 4, p.198)


Ils répondirent positivement, persuadés qu’aucun des leurs ne pourrait oublier les alliances passées, et le Prophète (PSL) demanda d’aller chercher Sa’d ibn Mu’âdh qui était encore blessé et était soigné dans la Mosquée de Médine.
Le Prophète Muhammad (PSL) avait jusqu’alors gracié les prisonniers, il avait plus tard rencontré certains des captifs de Badr parmi ses plus farouches ennemies à Uhud. Il en fût de même avec les Banû Nadîr qu’il laissa partir avec femmes et enfants. Il retrouvait maintenant le chef Huyay, à la tête du complot des Coalisés. Parmi les prisonniers de Banû Qurayza, il y avait également un grand nombre de ceux qui avaient été exilés de Banû Nadîr. Sa clémence n’avait donc eu aucun effet sur la plupart de ceux qui en avaient bénéficié, et elle envoyait un message peu compréhensible dans toute la péninsule :


« Muhammad, pensait-on, contrairement aux usages arabes et même à ceux des juifs, ne tue jamais ses prisonniers. » 


Sa clémence, maintes fois trahie, était perçue comme un signe de faiblesse, sinon de folie.

Par ailleurs la gravité de la trahison des Banû Qurayza était telle qu’elle aurait signifié , si leurs plans s’étaient réalisés, la mise à mort des musulmans, trompés de l’intérieur et écrasés par une armée de dix mille combattants.

Sa’a ibn Mu’âdh arriva enfin chez les Banû Qurayza, et il voulut d’abord s’assurer que son jugement serait effectivement respecté de chacun. Il se tourna vers les chefs des différents partis qui, à tour de rôle, affirmèrent qu’ils se conformeraient à sa décision. Il interpella enfin le Prophète (PSL) dont il pouvait craindre le désaccord. Il confirma qu’il ne s’opposerait point à sa décision. Ibn Mu’âdh jugea que les hommes devaient être mis à mort et que les femmes et les enfants seraient considérés comme des captifs de guerre.

Le Prophète Muhammad (PSL) accepta cette sentence qui fut exécutée dans les jours qui suivirent. Un certain nombre de captifs furent rachetés par les Banû Nadîr  et Rayhânah, une captive des Banû Qurayza  devint l’esclave du Prophète (PSL).
 
Les sources divergent sur ce qu’il devint d’elle :


-    Elle devint musulmane puis, selon certaines sources, le Prophète (PSL) l’affranchit et l’épousa ;
-        D’autres rapportent qu’il l’épousa simplement
-        Et les derniers affirment qu’elle refusa le mariage et resta sa servante pendant cinq ans jusqu’à sa mort
(Ibn Hishâm, op. cit. vol. 4, p. 205)


L’annonce de la double victoire des musulmans se répandit dans la péninsule et y transforma les perceptions te les rapports de force. Non seulement, ils avaient résisté à une armée  de plus de dix mille hommes, mais ils avaient fait montre d’une détermination sans faille. Le destin  des hommes des Banû Qurayza envoya un message fort à toutes les tribus avoisinantes : les trahisons et les agressions seraient désormais durement châtiées. Le message fut entendu, car une telle situation ne se reproduisit plus jamais du vivant du Prophète (PSL).


Yathrib 786
Le 12 août 2018