24 mars 2019

Hunayn : la répartition des butins par le Prophète Muhammad (PSL)


Les femmes et les enfants qui avaient été fait prisonniers avaient été placés dans un vaste enclos protégés du soleil. Ils avaient été normalement nourris jusqu'au retour du Prophète Muhammad (PSL).


Quand ce dernier revient et qu'il vit que la majorité d'entre eux étaient assez misérablement vêtus, il exigea que l'on prît de l'argent du butin et que l'on achetât au marché un vêtement neuf pour chaque prisonnier. Il décida ensuite de partager le butin, mais en ne répartissant point les prisonniers devenus captifs de guerre, car il redoutait que les Hawâzin ne manqueraient pas d'envoyer une délégation pour demander qu'ils leurs soient remis.


Il commença donc la distribution des biens et à la surprise des Ansârs, il remit aux Quraysh, au premier rang desquels Abû Sufyân et Hakîm (le neveu de Khadîdjâ), qui venaient de se convertir à l'Islam, une part importante du butin. Il en fût de même pour Safwân et Suhayl, qui avaient tous deux combattus à Hunayn mais qui hésitaient encore à se convertir. La Révélation avait recommandé au Prophète (PSL) de garder une partie du butin :

«A l'attention de ceux dont les cœurs doivent être ralliés ou affermis dans la foi.» (Sourate 9 vert 60)


Il ne s'agissait point d'un moyen de conversion mais, plutôt, d’affermir par un don matériel une foi qui restait fragile. Le Prophète (PSL) savait que Safwân et Suhayl étaient sensibles à la foi et qu'ils s'étaient battus avec bravoure aux côtés des musulmans. Il leur fit don de biens en nombre et n'exigea pas leur conversion.

C'est bien son attitude pleine de pardon lors de la conquête de la Mecque, puis son courage et sa détermination durant la guerre, et, enfin sa générosité après la bataille qui finirent par les convaincre qu'ils avaient bien affaire à un Prophète.

Quant à Abû Sufyân, il savait combien la reconnaissance sociale et les honneurs étaient importante à ses yeux. Le Prophète Muhammad (PSL) ne l'oublia pas et le conforta dans son statut.

Hakîm, manifestait de son côté quelque fierté lorsqu'il reçut sa part du butin. Elle était importante. Il semblait se réjouir du gain matériel beaucoup plus que toute autre chose. Le Prophète Muhammad (PSL) accompagna ce don d'un enseignement :

«La main du haut est meilleur que la main du bas.» (Hadîth rapporté par Muslim et Bukhârî)


Il lui signifiait ainsi que la générosité de celui qui possède, son souci du pauvre, le don qu'il doit faire de soi et de ses biens est, spirituellement, un statut plus noble que celui de l'individu qui simplement reçoit ou qui mendie. Il leur conseilla enfin de donner de ses biens aux siens et à tous ceux qui dépendaient de lui. Il leur apprit à recevoir plus dignement, pour donner plus humblement.

Sept jours s'étaient écoulés. Les Hawâzîn ne s'étaient pas manifestés. Pensant qu'ils ne viendraient pas, le Prophète (PSL) procéda à la distribution remettant aux Quraysh un nombre plus important de captifs. A peine avait-il terminé qu'une délégation des Hawâzîn se présenta à lui. Le Prophète (PSL) qu'il les avaient attendus, qu'il avait procédé à la répartition, mais qu'il allait intercéder en leur faveur en demandant de restituer les prisonniers. Après quelques hésitations, tous les combattants les remirent à la délégation des Hawâzin. Au moment de partir, le Prophète Muhammad (PSL) s'enquit du destion de Mâlik, leur chef. On l'informa qu'il s'était réfugié chez les Banû Thaqîf. Il transmit un message à son intention. S'il venait à lui en musulman, sa famille lui serait remise, ainsi que tous ses biens et une centaine de chameaux. (Ibn Hishâm, op. Cit., vol. 5, p. 166)

Tout se passa comme si le Prophète (PSL) avait déjà sondé le cœur de Mâlik lorsqu'il lui avait fait face à Hunayn. Dès que ce dernier entendit l'offre du Prophète (PSL), il s'échappa de nuit et vint à sa rencontre. Il prononça immédiatement l'attestation de foi.

A peine est-il entré dans l'Islam que le Prophète (PSL) lui témoigna une incroyable confiance. Il le mit à la tête de tous les Hawâzin déjà convertis à l'islam en leur commandant de se rendre à Tâ'if et de mettre fin à la résistance des Banû Thaqîf.

La confiance que le Prophète (PSL) avait placé en celui qui, moins d'un mois auparavant avait failli causé la perte des musulmans, était peu ordinaire. Les jours et les années qui suivirent, donnèrent raison à l'intuition du Prophète Muhamamd (PSL). Et Mâlik, non seulement accomplit sa mission, mais demeura fidèle, et profondément spirituel, dans son attachement au Prophète Muhammad (PSL).

Les Ansâr avaient observé avec quelque stupéfaction l'attitude du Prophète (PSL), car au bout la quasi totalité du butin avait été distribuée aux gens de Quraysh. D'aucuns commencèrent à exprimer publiquement leur déception, voire leur désapprobation. Il leur apparaissait que le Prophète (PSL) privilégiait les siens, et qu'après avoir eu besoin des Médinois, son cœur penchait maintenant pour son peuple.

Sa'd ibn 'Ubâda vint à lui en tant qu'émissaire des Ansâr et lui exposa leurs griefs. Le Prophète (PSL) l'écouta et lui demanda de rassembler tous les Auxiliaires afin qu'il puisse s'adresser à eux. (Ibn Hishâm, op. Cit., vol. 5, p. 176)

Il leur tint un discours sur leur dette respective car enfin, leur dit-il, ils lui devaient d'avoir été guidés comme il leur devait d'avoir trouvé un refuge alors qu'il était persécuté. Le Prophète (PSL) déclara qu'il n'oubliait rien de cela, et il leur demanda de ne pas être perturbés par la distribution des biens qui, au fond, était destinés à affermir la foi de certains. Ni plus ni moins. Il ne fallait surtout pas qu'ils mesurent son amour pour eux à l'aune de la quantité du butin qu'ils avaient reçue. Leur amour des biens de ce monde leur avait fait oublier le sens véritable amour pour Dieu, en Dieu. Les Quraysh repartaient avec un butin, des moutons et des chameaux alors que les Ansârs s'en retourneraient avec le Prophète (PSL) qui avait décidé d'établir auprès d'eux, à Médine, sa cité d'adoption.

Il ajouta :

«Si tous les hommes prenaient un chemin et que les Ansâr (Auxiliaires) en prenaient un autre, je prendrais le chemin des Ansâr.» (Ibn Hishâm, op. Cit., vol. 5, p. 177)

L’émotion était intense et beaucoup parmi les Ansârs se mirent à pleurer. Ils comprenaient combien ils s'étaient mépris sur l'attitude du Prophète (PSL) et sur l'interprétation des signes de sa loyauté. Sa présence était signe de son amour, alors que les biens qu'il avait distribués étaient simplement la preuve qu'il savait que certains cœurs étaient encore attachés aux illusions de ce monde.

Le Prophète (PSL) décida de quitter Ji'râna et d'effectuer le petit pélérinage avant de retourner à Médine. Le Prophète (PSL) avait choisi de ne point s'établir à la Mecque, sa ville natale, mais de s'en retourner avec les Ansâr. Médine la ville de son exil, était devenue sa ville. Il y avait trouvé refuge, il y avait établir sa demeure et la mosquée. Il avait fait sienne cette cité dont la culture et les habitudes étaient pourtant bien différentes de celles de la Mecque. Il avait vécu près de cinquante-deux ans avant de se voir obligé de la quitter. Il s'était intégré à son nouvel environnement en observant et en respectant les us et les coutumes de ses habitants, leur psychologie et leurs espérances puis, peu à peu, il avait lui-même intimement intégré ces dimensions devenues constitutives de sa personnalité. Le Prophète (PSL) était devenu Médinois, et il aimait les Ansâr d'un profond amour spirituel qui transcendait les appartenances tribales, claniques ou culturels.

Le Prophète (PSL) s'était de nouveau installé à côté de la mosquée. Il poursuivait ses enseignements quand il eut la surprise de voir venir à lui le poète Ka'b ibn Zuhayr, celui-là même qui avait utilisé ses talents d'écriture pour se moquer de lui et ridiculiser ses prétentions d'Envoyé de Dieu.
Un matin, après la prière de l'aube, il se rendit auprès du Prophète (PSL) et lui demanda s'il pardonnerait à Ka'b ibn Zuhayr si celui-ci venait à lui. Le Prophète (PSL) lui répondit par l'affirmative. Et ka'b déclina son identité. L'un des Ansâr se précipita sur lui dans l'intention de le tuer, mais le Prophète (PSL) le retint et lui dit que K'ab, venu à lui repentant n'était plus le même. Le poète récita alors au Prophète (PSL) quelques vers dont le contenu exprimait le respect, l'amour, en même temps qu'il s'agissait d'une demande de pardon.

Le Prophète (PSL) fut profondément ému en écoutant ce poème, et lorsque Ka'b eut terminé sa récitation, il l'enveloppa de sa tunique afin d'exprimer non seulement qu'il lui avait pardonné mais qu'il lui rendait hommage pour la maîtrise de son verbe poétique.

Le Prophète Muhammad (PSL) avait le goût de l'esthétique et il aimait l'éloquence autant que la musicalité de la langue. Le vers poétique qui exprimait le beau, qui traduisait la profondeur des sentiments et des êtres faisait partie de son univers naturel, de son horizon culturel le plus profond.

Cet art, cette spiritualité du verbe, fut, tout au long de sa vie, une façon de dire les profondeurs de l'être dans l'espoir de s'élever naturellement vers l’Être.



Yathrib786
Le 24 mars 2019

17 mars 2019

Dieu apporte son secours au Prophète Muhammad (PSL) à Hunayn

Le Prophète (PSL) était conscient qu’il fallait encore faire face à un certain nombre de dangers qui pesaient sur la communauté musulmane. Toutes les tribus n’avaient point reconnu l’autorité du Prophète (PSL). Certains mêmes pensaient qu’il était l’heure de renverser les choses.

Des rumeurs persistantes indiquaient que la tribu des Hawâzin et leurs alliés avaient rassemblés plus de vingt mille hommes à l’est de la Mecque. Après recoupement, des éclaireurs confirmèrent la véracité de ces bruits. Il fallait se préparer au plus vite. Le Prophète (PSL) leva une armée composées de tous les musulmans venus de Médine et à cela s’ajouta dix milles Quraysh. Ce fut la plus grande armée qu’il n’ait jamais commandée.

Certains compagnons, à l’instar d’Abû Bakr exprimait leur fierté quant au nombre des musulmans et à leur probable victoire. Ce qui déplut au Prophète (PSL).  (Ibn Hishâm, op. cit., vol. 5, p. 111)

L’armée des Hawâzin était dirigée par un jeune guerrier au nom de Mâlik ibn ‘awf an-Nasrî. Qui avait déjà acquis une solide réputation. Il avait demandé aux soldats de se faire accompagner de leurs femmes et de leurs enfants afin d’impressionner l’ennemi par le nombre et de galvaniser les troupes.  Il se rendit dans la vallée Hunayn, par laquelle les musulmans venaient de la Mecque devaient nécessairement passer et à la faveur de la nuit tombante. Il posta un grand nombre de soldats dans les ravins sur les deux côtés de la vallée. Ceux-ci étaient invisibles depuis cette dernière. Mais il déplora le reste de l’armée en face des musulmans qui arrivaient du fond de la vallée, et étaient ainsi parfaitement visibles. Ils avançaient dans la lumière du matin quand Mâlik donna l’ordre aux soldats cachés dans les ravins d’attaquer l’armée du Prophète (PSL).

L’effet de surprise fut total. Khâlid ibn al-Walîd ne put contenir la charge. Ce fut la débandade totale. Les musulmans cherchèrent à se protéger, battirent en retraite dans une grande confusion. Coincés dans les parties étroites du défilé, ils voyaient s’amplifier parmi eux l’effet de panique. Le Prophète (PSL), dans un espace plus ouvert, observa cette déroute. Il réunit immédiatement ses compagnons les plus proches et se mit à appeler les musulmans avec l’aide de ‘Abbas, dont la voie portait davantage que la sienne.
Tous deux s’exclamèrent :

«Ô compagnons de l’arbre, Ô compagnons de l’acacia ! »

Afin de rappeler aux combattants leur serment d’allégeance au moment du pacte d’al-Hudaybiyya. Peu à peu ceux-ci comprenaient c qui se passait et répondait à l’appel :

« Labbayk ! Labbayk ! » Nous voici ! Nous voici ! (Ibn Hishâm, op. cit., vol. 5, p. 113)

Ils étaient de plus en plus nombreux à venir le rejoindre et à se réorganiser pour contre-attaquer.

Le Prophète (PSL) se fit donner quelques pierres et, comme à Badr, il les lança en direction des Hawâzin, puis il se tourna vers Dieu :

«Ô Dieu, je te demande de tenir Ta promesse. » (Ibn Hishâm, op. cit., vol. 5, p. 114)

Les musulmans se mirent à avancer sur l’ennemi avec une telle fougue que les soldats de Mâlik furent totalement stupéfaits. Ils ne pouvaient s’attendre à une contre-attaque aussi brusque.

Parmi les musulmans, se trouvait une femme Um Sulaym ar-Rumaysâ, qui s’était engagée dans la guerre avec son mari, et faisait preuve d’une détermination sans faille. (Ibn Hishâm, op. cit., vol. 5, p. 114)

C’étaient les Hawâzin qui étaient dans l’obligation de reculer, puis de fuir. Les troupes musulmans les poursuivant et Mâlik finit par se réfugier dans la ville de Tâ’if chez les Banû Thâqîf. D’autres durent se cacher dans les montagnes. Ils avaient perdus beaucoup d’hommes. La défaite était cuisante après un retournement de situation aussi inattendu qu’extraordinaire.

La Révélation rappellera plus tard aux musulmans les étapes et les différents états émotionnels, factuels ou spirituels de ce combat :

« Dieu vous a déjà secourus dans bien des endroits et dans bien des situations de guerres. Et souvenez-vous le Jour de Hunayn, quand vous étiez fiers de votre grand nombre et que cela ne vous a servi à rien. La terre malgré son étendue, vous devint bien étroite. Puis vous avez tourné le dos en fuyards. Dieu a alors fait descendre Sa quiétude (sakîna) Son Esprit sur Son Messager et sur les les croyants. » (Sourate 9, verset 25-26)

La victoire, malgré une perte importante d’hommes était totale. Le butin amassé particulièrement copieux.  Le Prophète (PSL) fut organisé la reddition, plaça les femmes et les enfants et demanda à ce qu’on les surveille, les entretienne de la meilleure façon. Il fit garder les montures et les richesses sans d’abord les distribuer. Il ne perdit pas de temps et mobilisa immédiatement ses hommes pour se rendre à Tâ’if Mâlik était réfugié.  Tâ’if était le dernier bastion sérieux. Ces derniers étaient néanmoins bien équipés en vivres et e armes. Il apparut clairement que les musulmans ne parviendraient point à les déloger au moyen de cette stratégie. Après deux semaines, les musulmans décidèrent de lever les camps et de s’en retourner à Ji’râna, où se trouvaient le butin et les prisonniers de Hunayn.


Yathrib786
Le 17 mars 2019

10 mars 2019

Le Prophète Muhammad (PSL) entre à la Mecque entre à la Mecque : le Jour de la Miséricorde


La majorité des traditionnalistes rapportent que l’entrée à la Mecque eut lieu le 20 ou le 21 du mois de Ramadân de l’an 630 (8e année de l’Hégire).

Le Prophète Muhammad (PSL) avait divisé son armée en et sections qui encerclaient la ville et qui, ensemble firent route vers le centre de la Mecque.

Quelques Quraysh se postèrent sur les collines avec à leur tête Suhayl, ‘Ikrima et Safwân. Mais après les premières confrontations, ceux-ci se rendirent compte qu’il était inutile de résister. Suhayl se réfugia chez lui et les deux autres s’enfuirent. Le Prophète (PSL) avait exigé que tout conflit ou bataille soit évité en ce jour qu’il appela :


« Le jour de la Miséricorde » (Ibn Hishâm, op. cit., vol.5, p. 66)


Quelques huit années plus tôt le Prophète (PSL) avait quitté la Mecque en cachette, mais la tête haute et digne, alors qu’il était victime des persécutions et qu’il était obligé de fuir son peuple. Aujourd’hui, il revenait à la Mecque, à la lumière du jour, en vainqueur, mais, cette fois, il était prosterné sur sa monture en guise de remerciement envers l’Unique. Il récitait :


« En vérité, Nous t’avons accordé une victoire éclatante. Afin que Dieu te pardonne tes péchés, passés et futurs, qu’il parachève sur toi son bienfait et te guide sur la voie droite, et que Dieu t’octroie un puissant secours. C’est Lui qui a fait descendre la quiétude dans les cœurs des croyants afin qu’ils ajoutent une foi à leur foi… » (Sourate 48 la Victoire al-Fath, verset 1-4)


Il pénétra à la Mecque en exprimant la plus haute humilité et demanda à ce que l’on fasse preuve de la plus grande bonté envers ces anciens ennemis. Il fit ses grandes ablutions et pria huit cycles de prières rituelles surérogatoires avant de se reposer quelques heures. Il enfourcha ensuite Qaswâ’ et se rendit à proximité du sanctuaire de la Ka’ba, fit les sept tournées puis, à l’aide de son bâton, il détruisit les idoles en les renversant à terre et en répétant :


« La Vérité est venue et l’erreur s’est dissipée. Certes l’erreur était destinée à se dissiper » (Sourate 17, verset 81)


Il se fit apporter les clefs du sanctuaire et exigea que toutes les images fussent effacées afin de réconcilier la «Maison de Dieu» avec son essence, qui était de célébrer le culte de l’Unique :


« Rien de Lui est semblable, et Il est très Audient et très Clairvoyant. » (Sourate 42, verset 11)


Ce geste de destruction du Prophète (PSL) était apparemment l’exact antithèse ce qu’il avait eu l’habitude de faire en quittant la Mecque. Il faisait construire par le passé des mosquées pour marquer l’espace sacré du culte : l’espace de prière était dissocié de l’espace de vie et de mort.

Il détruisait ainsi ce qui était venu, siècle après siècle, pervertir le culte du Transcendant, et il transformait ainsi la Ka’ba en une vraie mosquée (masjid) dans laquelle seul l’Un était adoré.
Peu à peu, les Quraysh sortaient de chez eux et se massaient dans l’enceinte du sanctuaire.

Le Prophète (PSL) s’exclama :

« Il n’y a de dieu que Dieu, l’Unique qui n’a point d’associé, il a accompli Sa promesse, a porté secours à Son serviteur et a mis en déroute les clans ennemis, Lui seul a fait cela. » (Ibn Hishâm, op. cit., vol. 5, p. 75)

Puis il se tourna vers les Quraysh :


« Ô vous les hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous vous avons répartis en peuples et en tribus, pour que vous entre-connaissiez. En vérité, le plus noble d’entre vous auprès de Dieu est celui dont la conscience de Dieu (la piété) est la plus profonde. Dieu est Omniscient et le Bien informé. » (Sourate 9, verset 13)


Il leur demanda ensuite ce qu’ils pensaient qu’il allait faire d’eux. (Ibn Hishâm, op. cit., vol.5, p. 74)

Ils répondirent :


« Qu’en tant que noble frère, fils d’un noble frère, il allait surement les traiter avec bonté. » (Ibn Hishâm, op. cit., vol.5, p. 74)


Sur ce, le Prophète (PSL) récita qui ponctue l’histoire de Joseph lors des retrouvailles avec ses frères qui voulaient le tuer :


« Il ne vous sera fait ni blâme no reproche. Dieu vous pardonne. Il est plus Miséricordieux des Miséricordieux. » (Sourate 12, verset 92)


Puis il s’exclama :


« Allez ! Vous êtes libres. » (Ibn Hishâm, op. cit., vol.5, p. 74)


Hind, la femme d’Abû Sufyân, qui avait mâché le foie  de Hamzâ, vint à lui, comme Suhayl, puis Safwân, et tant d’autres membres Quraysh qui l’avaient persécuté puis combattu. Wahshî ibn Harb, qui avait tué Hamza, fut également pardonné. Mais le Prophète (PSL) lui demanda d’éviter désormais de se présenter devant lui. De nombreux Quraysh se convertirent à l’Islam sur le mont as-Safâ’ auprès d’Umar. Quelques années auparavant, le Prophète Muhammad (PSL) avait été traité de menteur dans ce même lieu.
Losqu’Ikrima ibn Abî Jahl s’approcha du Prophète (PSL), ce dernier avertit ses compagnons : 


« ‘Ikrima, e fils d’Abû Jahl, vient à vous en croyant. N’insutez pas son père, car insulter les morts blessent les vivants sans atteindre les morts. »


Il leur rappelait ainsi non seulement de pardonner, mais également de ne jamais oublier que nul peut être tenu pour responsable des fautes d’un autre, fût-ce de son père :


« Nul ne portera le fardeau d’un autre. » (Sourate 17, verset 15)



La prudence était de rigueur, en même temps que la grandeur d’âme.
Le Prophète (PSL) resta quinze jours à la Mecque. La situation commençait à se normaliser. Il envoya des expéditions pour s’assure de la solidité des alliances avec les tribus alentour et de la fin du cycle des idoles pour ceux qui acceptaient l’Islam.


Khâlid Ibn Walîd s’était vu confier une mission auprès des Banû Jadhîma qui finirent par se rendre mais il décida, contre l’avis de ‘Abd ar-Rahmân ibn ‘Awf, d’exécuter les prisonniers vis-à-vis desquels il semblait avoir un mauvais ressentiment. Il en abattît certains mais arrêta devant l’insistance de ‘Abd ar-Rahmân, qui lui signifia que ces agissement étaient motivés par d’autres intentions que la foi en Dieu et la justice. Le Prophète (PSL) fut très en colère quand il apprit le comportement de Khalîd. Il décida de payer les prix du sang pour chacun des morts et il ne cessa de répéter à voix haute :


« Ô Dieu, je suis innocent de ce qu’à fait Khalîd ibn al- Walîd. » (Ibn Hishâm, op., cit., vol. 5, p. 96)


Le chemin de l’éducation des cœurs e des consciences était encore long. D’anciennes habitudes et de vieux sentiments affleuraient à la surface des comportements et prenaient encore possession des émotions. L’entrée en masse des Mecquois dans la religion nécessitait de faire un surcroît d’engagement dans l’éducation religieuse. Le Prophète (PSL) demanda à Mu’âdh ibn Jabal de s’occuper de cela en priorité. Il fallait éduquer les nouveaux convertis et leur enseigner les principes de leur nouvelle religion.

Le Prophète (PSL) était revenu au lieu d’origine de sa mission. Il avait connu la persécution, puis l’exil, puis la guerre, et il revenait à la source dans la paix et auréolé par la victoire.

Plus le chemin physique d’une vie, il s’agissait du parcours initiatique d’un cœur et d’une conscience qui ont vécu les étapes du Grand Jihâd. Cette guerre qui mène l’homme de la tension naturelle des passions à la paix de l’éducation spirituelle. 

Il était parti pour revenir, différent de l’intensité de ses efforts et de sa patience, et pourtant semblable à lui-même, fidèle aux exigences du même message. En partant, il avait prié l’Un, assuré qu’il ne pouvait que revenir, un jour, prier au pied de la Maison de l’Un. Ainsi, avait-il quitté la Mecque comme l’être humain s’engage dans le voyage de sa vie, intimement persuadé qu’un jour où l’autre, il aura à revenir à l’origine, au centre, à proximité de son cœur. Pour y retrouver la source de Vie, le Souffle du Divin.


Yathrib786
Le 10 mars 2019