La majorité des
traditionnalistes rapportent que l’entrée à la Mecque eut lieu le 20 ou le
21 du mois de Ramadân de l’an 630 (8e année de l’Hégire).
Le
Prophète Muhammad (PSL) avait divisé son armée en et sections
qui encerclaient la ville et qui, ensemble firent route vers le centre de la Mecque.
Quelques Quraysh se postèrent sur les collines avec
à leur tête Suhayl, ‘Ikrima et Safwân.
Mais après les premières confrontations, ceux-ci se rendirent compte qu’il
était inutile de résister. Suhayl se
réfugia chez lui et les deux autres s’enfuirent. Le Prophète (PSL) avait exigé que tout conflit ou bataille soit
évité en ce jour qu’il appela :
« Le jour de la Miséricorde » (Ibn Hishâm, op. cit., vol.5, p. 66)
Quelques huit années plus
tôt le Prophète (PSL) avait quitté
la Mecque en cachette, mais la tête haute et digne, alors qu’il était victime
des persécutions et qu’il était obligé de fuir son peuple. Aujourd’hui, il
revenait à la Mecque, à la lumière
du jour, en vainqueur, mais, cette fois, il était prosterné sur sa monture en
guise de remerciement envers l’Unique. Il récitait :
« En vérité, Nous t’avons accordé une victoire éclatante. Afin que Dieu te pardonne tes péchés, passés et futurs, qu’il parachève sur toi son bienfait et te guide sur la voie droite, et que Dieu t’octroie un puissant secours. C’est Lui qui a fait descendre la quiétude dans les cœurs des croyants afin qu’ils ajoutent une foi à leur foi… » (Sourate 48 la Victoire al-Fath, verset 1-4)
Il pénétra à la Mecque en exprimant la plus haute
humilité et demanda à ce que l’on fasse preuve de la plus grande bonté envers
ces anciens ennemis. Il fit ses grandes ablutions et pria huit cycles de
prières rituelles surérogatoires avant de se reposer quelques heures. Il
enfourcha ensuite Qaswâ’ et se
rendit à proximité du sanctuaire de la Ka’ba,
fit les sept tournées puis, à l’aide de son bâton, il détruisit les idoles en
les renversant à terre et en répétant :
« La Vérité est venue et l’erreur s’est dissipée. Certes l’erreur était destinée à se dissiper » (Sourate 17, verset 81)
Il se fit apporter les clefs
du sanctuaire et exigea que toutes les images fussent effacées afin de
réconcilier la «Maison de Dieu» avec
son essence, qui était de célébrer le
culte de l’Unique :
« Rien de Lui est semblable, et Il est très Audient et très Clairvoyant. » (Sourate 42, verset 11)
Ce geste de destruction du Prophète (PSL) était apparemment l’exact
antithèse ce qu’il avait eu l’habitude de faire en quittant la Mecque. Il faisait construire par le
passé des mosquées pour marquer l’espace sacré du culte : l’espace de prière était dissocié de l’espace
de vie et de mort.
Il détruisait ainsi ce qui
était venu, siècle après siècle, pervertir le culte du Transcendant, et il transformait ainsi la Ka’ba en une vraie mosquée (masjid)
dans laquelle seul l’Un était adoré.
Peu à peu, les Quraysh sortaient de chez eux et se
massaient dans l’enceinte du sanctuaire.
Le
Prophète (PSL) s’exclama :
« Il
n’y a de dieu que Dieu, l’Unique qui n’a point d’associé, il a accompli Sa
promesse, a porté secours à Son serviteur et a mis en déroute les clans ennemis,
Lui seul a fait cela. » (Ibn Hishâm, op. cit., vol. 5, p. 75)
Puis il se tourna vers les Quraysh :
« Ô vous les hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous vous avons répartis en peuples et en tribus, pour que vous entre-connaissiez. En vérité, le plus noble d’entre vous auprès de Dieu est celui dont la conscience de Dieu (la piété) est la plus profonde. Dieu est Omniscient et le Bien informé. » (Sourate 9, verset 13)
Il leur demanda ensuite ce
qu’ils pensaient qu’il allait faire d’eux. (Ibn
Hishâm, op. cit., vol.5, p. 74)
Ils répondirent :
« Qu’en tant que noble frère, fils d’un noble frère, il allait surement les traiter avec bonté. » (Ibn Hishâm, op. cit., vol.5, p. 74)
Sur ce, le Prophète (PSL) récita qui ponctue l’histoire de Joseph lors des retrouvailles avec ses
frères qui voulaient le tuer :
« Il ne vous sera fait ni blâme no reproche. Dieu vous pardonne. Il est plus Miséricordieux des Miséricordieux. » (Sourate 12, verset 92)
Puis il s’exclama :
« Allez ! Vous êtes libres. » (Ibn Hishâm, op. cit., vol.5, p. 74)
Hind, la
femme d’Abû Sufyân, qui avait mâché le foie de Hamzâ, vint à lui, comme Suhayl, puis Safwân,
et tant d’autres membres Quraysh qui
l’avaient persécuté puis combattu. Wahshî
ibn Harb, qui avait tué Hamza,
fut également pardonné. Mais le Prophète
(PSL) lui demanda d’éviter désormais de se présenter devant lui. De
nombreux Quraysh se convertirent à l’Islam
sur le mont as-Safâ’ auprès d’Umar.
Quelques années auparavant, le Prophète Muhammad (PSL) avait été traité de
menteur dans ce même lieu.
Losqu’Ikrima ibn Abî Jahl s’approcha
du Prophète (PSL), ce dernier
avertit ses compagnons :
« ‘Ikrima, e fils d’Abû Jahl, vient à vous en croyant. N’insutez pas son père, car insulter les morts blessent les vivants sans atteindre les morts. »
Il leur rappelait ainsi non
seulement de pardonner, mais également de ne jamais oublier que nul peut être
tenu pour responsable des fautes d’un autre, fût-ce de son père :
« Nul ne portera le fardeau d’un autre. » (Sourate 17, verset 15)
La prudence était de
rigueur, en même temps que la grandeur d’âme.
Le
Prophète (PSL) resta quinze jours à la Mecque. La situation commençait à se normaliser. Il envoya des
expéditions pour s’assure de la solidité des alliances avec les tribus alentour
et de la fin du cycle des idoles pour ceux qui acceptaient l’Islam.
Khâlid
Ibn Walîd s’était vu confier une mission auprès des Banû Jadhîma qui finirent par se rendre
mais il décida, contre l’avis de ‘Abd
ar-Rahmân ibn ‘Awf, d’exécuter les prisonniers vis-à-vis desquels il
semblait avoir un mauvais ressentiment. Il en abattît certains mais arrêta
devant l’insistance de ‘Abd ar-Rahmân,
qui lui signifia que ces agissement étaient motivés par d’autres intentions que
la foi en Dieu et la justice. Le
Prophète (PSL) fut très en colère quand il apprit le comportement de Khalîd. Il décida de payer les prix du
sang pour chacun des morts et il ne cessa de répéter à voix haute :
« Ô Dieu, je suis innocent de ce qu’à fait Khalîd ibn al- Walîd. » (Ibn Hishâm, op., cit., vol. 5, p. 96)
Le chemin de l’éducation des
cœurs e des consciences était encore long. D’anciennes habitudes et de vieux
sentiments affleuraient à la surface des comportements et prenaient encore
possession des émotions. L’entrée en masse des Mecquois dans la religion nécessitait de faire un surcroît d’engagement
dans l’éducation religieuse. Le Prophète
(PSL) demanda à Mu’âdh ibn Jabal
de s’occuper de cela en priorité. Il fallait éduquer les nouveaux convertis et
leur enseigner les principes de leur nouvelle religion.
Le
Prophète (PSL) était revenu au lieu d’origine de sa
mission. Il avait connu la persécution, puis l’exil, puis la guerre, et il
revenait à la source dans la paix et auréolé par la victoire.
Plus le chemin physique d’une
vie, il s’agissait du parcours initiatique d’un cœur et d’une conscience qui
ont vécu les étapes du Grand Jihâd.
Cette guerre qui mène l’homme de la tension naturelle des passions à la paix de
l’éducation spirituelle.
Il était parti pour revenir,
différent de l’intensité de ses efforts et de sa patience, et pourtant
semblable à lui-même, fidèle aux exigences du même message. En partant, il
avait prié l’Un, assuré qu’il ne pouvait que revenir, un jour, prier au pied de
la Maison de l’Un. Ainsi, avait-il quitté la Mecque comme l’être humain s’engage
dans le voyage de sa vie, intimement persuadé qu’un jour où l’autre, il aura à
revenir à l’origine, au centre, à proximité de son cœur. Pour y retrouver la
source de Vie, le Souffle du Divin.
Yathrib786
Le 10 mars 2019
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