30 décembre 2018

L'attitude du Prophète Muhhammad (PSL) via-à-vis des hypocrites : l'exemple Usâma ibn Zayd


La communauté de Médine venait d’accueillir les hommes et les femmes qui s’étaient exilés en Abyssinie et y avaient vécu près de quinze ans.  A l’instar de Ja’far ibn Abû Tâlib qui était marié à Asmâ bint ‘Umays et  père de trois enfants. Um Habîba  dont le mariage avait été célébré avec le Prophète (PSL) était du voyage. Elle vint s’installer dans son appartement à proximité de la mosquée

La vie battait son cours. Le nombre de musulmans devenait de plus en plus important. Ce qui exigeait de la part du Prophète (PSL) de multiplier les occasions d’enseignements et de déléguer cette tâche à ses compagnons les plus fidèles et les plus compétents.

Des expressions d’hostilité s’exprimaient ou survenaient ici et là. Le Prophète Muhammad (PSL) continuait d’envoyer de petits contingents d’éclaireurs  pour régler les choses. S’il fallait par endroit combattre des tribus bien décidés à s’opposer à la suprématie de la cité de Médine.

Usâma  ibn Zayd

Le Prophète Muhammad (PSL) avait envoyé une expédition auprès des tribus de bédouins au nord et notamment des Banû  Murra. Ces derniers ne cessaient d’attaquer les fermiers juifs travaillant dans l’Oasis de Fadak ; oasis sous l’autorité du Prophète Muhammad (PSL). L’opposition était rude. Les trente hommes envoyés durant cette expédition furent tués.

Le Prophète (PSL) décida d’envoyer un second convoi de deux cents hommes parmi lesquels se trouvait Usâma ibn Zayd qui n’était âgé que de dix-sept ans.
La bataille fut difficile devant l’alliance de plusieurs tribus alliées pour défaire les troupes musulmanes et ainsi soumettre l’Osasis de Fadak et ses richesses à leur autorité. Les choses tournèrent néanmoins en faveur des musulmans.

Un des membres de la tribu des Banû Murra se moqua d’Usâma et de son jeune âge. Celui-ci ne put se contenir et décida d’en découdre directement avec son insurgé.  En position de faiblesse, le Bédouin décida de fuir et fut poursuivi par Usâmaqui, dans la colère, n’avait pas tenu compte de l’ordre donné par le chef de l’expédition de toujours resté groupé. Il parvint à rejoindre son ennemi qui s’écria alors :


« J’atteste qu’il n’est de dieu  que Dieu ! »


Mais Usâma n’en tint pas compte et tua le bédouin. Il s’en revint au camp et raconta son histoire. Le chef du convoi de même que les autres soldats furent choqués de son geste. Usâma prit conscience de la gravit de sa faute et s’isola jusqu’à son retour à Médine.

Il alla directement voir le Prophète (PSL) qui l’accueillit d’abord très chaleureusement, heureux de l’annonce de la victoire.  Lorsqu’il eut raconté l’épisode du duel, le Prophète (PSL) manifesta une désapprobation sévère et lui demanda :


« Usâma, l’as-tu tué alors qu’il avait dit : « Il n’est de dieu que Dieu. » »


Usâma répondit que le Bédouin n’avait prononcé ces mots que pour éviter d’être tué, à quoi le Prophète (PSL) répondit :


« As-tu donc fendu son cœur pour savoir s’il avait dit la vérité où s’il mentait. »


Usâma était défait et eut peur que jamais sa faute ne soit pardonnée. Le Prophète (PSL) lui pardonna néanmoins, non sans lui avoir soumis un enseignement fondamental quant à la façon d’agir des hommes et les secrets de leur cœur.

Le Bédouin qui avait prononcé l’attestation de foi avait lancé un message à Usâma. Dans les deux cas de figure qui se présentait à lui, Usâma ne devait pas le tuer. S’il était sincère, il est clair que sa vie devait être épargnée. Alors qu’il ne l’était pas, son exclamation s’apparentait à un appel à la paix et à la mansuétude. Or la Révélation, dans ce cas, avait déjà commandé aux musulmans de faire preuve de discernement, de réserve, et de chercher la pacification :


« Ô vous porteurs  de la foi, lorsque vous sortez pour lutter dans la voie de Dieu, rester clairvoyants et ne dites point à quiconque vous offre la paix : « Tu n’es pas croyant », convoitant les biens de la vie d’ici-bas alors que c’est auprès de Dieu qu’il y a abondance de butin. C’est ainsi que vous vous comportiez  auparavant, puis Dieu vous a accordé sa grâce. Restez donc clairvoyants (sachez distinguer) car Dieu est certes parfaitement Connaisseur de ce que vous faites. » (Sourate 4, verset 94)


Sentant sa mort venir, Le Bédouin appela à la paix. Usâma, lui, était mu par sa volonté de défendre son honneur ici-bas.  Il était donc revenu à des pratiques tribales que sa compréhension de l’Islam aurait dû reformer en profondeur. 

Usâma se promit de ne jamais plus se laisser emporter de la sorte et d’agir avec discernement et respect. C’est à lui que le Prophète Muhammad (PSL) confiera trois ans plus tard (au moment de quitter ce monde) les recommandations et les enseignements qui constitueront l’essence de l’éthique islamique en matière de guerre.

A l’évidence les secrets des cœurs dépassent les limites de la connaissance des hommes. Le Prophète (PSL) a été lui-même un modèle de prudence et d’humilité quand il s’agissait de se prononcer et d’agir vis-à-vis d’individus dont la sincérité ou les intentions étaient sujettes à caution.  Il savait et connaissait les agissements de nombreux hypocrites dans son entourage. Mais il ne prenait aucune mesure particulière à leur intention. Il restait prudent, parfois méfiant, mais se gardait de tout jugement définitif.

L’exemple le plus édifiant fut celui de ‘Abd Allah ibn Ubayy. Ce dernier avait plusieurs fois menti, avait fait sécession avant la bataille d’Uhud et continuait à entretenir des relations avec les ennemis de la communauté musulmane. Le Prophète (PSL) ne prit aucune mesure de rétorsion contre lui et ses amis, si ce n’est de l’éloigne des situations et des expéditions délicates. Le Prophète (PSL) dirigea même la prière de mort lorsque celui décéda malgré la forte réprobation de ‘Umar.

La Révélation interviendra :


« Ne prie jamais sur l’un d’eux (les hypocrites notoires) lorsqu’il meurt, ni te tiens pas près de sa tombe, car, certes, ils ont renié Dieu et son Envoyé, et ils sont morts dans l’iniquité. » (Sourate 9 verset 84)


Ce verset ferme et tranché quant à l’attitude attendue de la part du Prophète (PSL) à l’égard des hypocrites, transmet un message très exigeant quant à la façon dont il faut agir avec eux dans la vie quotidienne et jusqu’aux derniers instants de leur vie.


Yathrib786
Le 30 décembre 2018

23 décembre 2018

La consolidation du prestige du prophète Muhammad (PSL) dans la région avec le siège de Khaybar


Un dernier bastion menaçait la communauté musulmane de Médine après la signature du Pacte d’Hudaybiyya. Il s’agissait de la ville de Khaybar. Cette dernière avait reçu un grand nombre de réfugiés issus des différentes conquêtes musulmanes.

Khaybar était une puissance régionale redoutée de tous. Il paraissait inimaginable de s’en prendre à elle tant ses forteresses, son armement et ses richesses dépassaient de loin  ce que leurs ennemis, à fortiori les musulmans pensaient.

Les chefs de Khaybar conseillaient par d’anciens habitants des Banû Qaynuqa’, des Banû Nadîr ou des Banû Qurayza, étaient hostiles à la présence du Prophète Muhammad (PSL) dans la région.  Ils ne manquaient pas de lui faire savoir ni de s’en prendre aux intérêts de la communauté musulmane ou à des musulmans isolés à chaque fois que l’occasion se présentait.

Le Prophète Muhammad (PSL) décida d’organiser  une expédition contre Khaybar. Mais il tient jusqu’au bout à la garder secrète et à tromper son rival. Alors que la puissance de l’adversaire aurait dû mobiliser la quasi-totalité des combattants musulmans,  le Prophète Muhammad (PSL) décida de s’y rendre avec mille quatre cents hommes. Khaybar pouvait compter avec ses alliés, sur près de quatorze mille soldats.

Le Prophète (PSL) arriva à proximité des forteresses et, en s’appuyant sur les services d’un guide, bon connaisseur de la région, il vint installer son campement, pendant la nuit, entre deux des forteresses de Khaybar.  Cela  lui permettait de couper de fait la communication  entre les gens de Khaybar et de leurs alliés des Ghatafân. Lorsque le jour se leva , les habitants des deux forts furent surpris et impressionnés. La peur s’installa immédiatement dans leurs rangs. Le siège dura plusieurs jours durant lesquels le Prophète Muhammad (PSL) et les siens glanèrent les informations qui leur permettaient d’user de la meilleure stratégie pour faire plier leurs adversaires. Ils décidèrent de s’attaquer aux citadelles une à une en commençant par les plus exposés et les plus vulnérables.
 
Cette méthode fonctionna à merveille.  Les premières forteresses cédèrent assez rapidement. Les conditions de reddition étaient discutées au cas par cas. Mais dans la majorité des situations, il était exigé que les vaincus délaissèrent leurs biens et s’exilent avec leurs femmes et leurs enfants.

La dernière forteresse importante, Qamûs, résista quatorze jours. Elle céda finalement, tant le siège des musulmans l’étouffait et ne lui laissait plus espérer de victoire.  Puis les deux derniers forts se rendirent également. Ils négocièrent à leur tour les termes de leur capitulation. Le Prophète (PSL) accepta que les habitants demeurent sur place, exercent leurs compétences dans la gestion des fermes et des vergers , et versent régulièrement un impôt sur leurs productions. La totalité des forteresses étaient tombées. Le Prophète Muhammad (PSL) venait de neutraliser son dernier adversaire d’envergure dans la région.

Parmi les captives de guerre se trouvait la fille de Huyay (lequel avait été responsable de la trahison des Banû Qurayza. Safiyya ne ressemblait en rien à son père et, depuis longtemps elle avait cherché à connaître le contenu du message du Prophète Muhammad (PSL). Elle était pieuse et ne partageait pas l’animosité des siens. Elle fut présentée au Prophète Muhammad (PSL) comme captive. Elle n’hésita  pas à lui raconter un de ses rêves qui associait son destin à la ville de Médine. Le Prophète (PSL) avait entendu parler de Safiyya.

Il l’écouta et lui offrit le choix : rester juive et retourner chez les siens, ou entrer en Islam et devenir son épouse. Elle s’exclama :



« Je choisis Dieu et son Envoyé ! »


Le  mariage fut célébré quelques temps plus tard.

Une nouvelle étape venait dêtre franchie en cette septième année de l’Hégire (en 628). La paix régnait dans la région.
Des pactes avaient été scéllées et des accords régulant les relations de tribus, de clans, ou plus largement du commerce, permettaient à la communauté musulmane de s’établir de façon durable et sécuritaire.

Les mariages du Prophète (PSL) n’étaient non plus étrangers à cet état de fait. Certaines épouses  étaient venues de clans qui étaient désormais en relation avec la famille du Prophète Muhammad (PSL).  Elles se considéraient de fait comme ses alliés naturels. 

La communauté musulmane était devenue inébranlable et inattaquable en l’espace de huit ans. Elle s’était  non seulement installée dans une nouvelle citée, Médine, mais elle s’était assurée un statut et un prestige régional  inégalable.


Yathrib786
Le 23 décembre 2018

16 décembre 2018

Après Hudaybiyya, le Rêve de Paix du Prophète Muhammad (PSL)


Pendant l’année qui suivit le traité d’Hudaybiyya, les conversions se multipliaient. C’est durant t cette même période que le Prophète Muhammad (PSL) adressa une missive à tous les souverains  des empires, des royaumes et des nations alentour.

Ainsi le Négus d’Abyssinie (Ethiopie) reçut une nouvelle lettre du Prophète Muhammad (PSL).  Il se convertit à l’Islam et accepta son rôle de représentant du Prophète (PSL). Il en fut de même de Chosroes, Roi des perses, d’Héraclius, Empereur de Byzance, de Muqawqis, gouverneur d’Egypte. Ce dernier fera don au Prophète Muhammad (PSL) d’une femme copte Mariyâ qui deviendra une épouse du Prophète (PSL).  Elle donnera au Prophète (PSL) un fils Ibrahîm, mais celui-ci mourut en bas âge, à la grande tristesse du Prophète (PSL).
Le Prophète (PSL) envoya également une missive à  Mundhir Ibn Sâwâ, roi de Bahrayn et enfin, à al-Hârith ibn Abî Shimr al-Ghassânî, qui régnait sur une partie de l’Arabie jusqu’aux confins de la Syrie.

La teneur des lettres était sensiblement la même. Le Prophète (PSL) se faisait connaître comme «Envoyé de Dieu» par les destinataires des différentes lettres, leur rappelant l’unicité divine. Puis il les invitait à accepter l’Islam. En cas de refus, il les rendait responsable devant Dieu de l’égarement de l’égarement de leur peuple.

Les réactions des chefs et des rois à ces différentes missives furent très variées. De l’acceptation du message (le Négus, Mundhir Ibn Sâwâ), au respect sans volonté de conflit ou de conversion (Muqawqis, Héraclius), jusqu’au refus et à la menace d’une attaque (Hârith ibn Abû Shimr). Le message néanmoins était connu de tous, et la communauté musulmane étai désormais installée à Médine, reconnue dans son identité religieuse et respectée en tant puissance régionale.

Son chef, le Prophète Muhammad (PSL) était considéré soit comme un Prophète dont Dieu destinait le règne à une inévitable expansion, soit comme un Roi puissant et redoutable, qu’il fallait respecter et dont il convenait de se méfier.

La trêve d’Hudaybiyya fut bien une victoire et une ouverture (fath) vers le monde. La situation des conflits et des guerres avait occupé l’énergie entière de la communauté qui cherchait à se protéger, à résister et à survive.

Les choses avaient changé désormais et, en situation de paix, il était possible au Prophète Muhammad (PSL) de transmettre enfin la teneur du message de l’Islam. : le fondement du Dieu Unique (at-tawhîd) qui libère les êtres humains de la possible aliénation vis-à-vis des intérêts ou des pouvoirs temporels, pour les situer dans l’horizon du respect à un enseignement spirituel, à une éthique  et à des valeurs auxquels ils doivent s’efforcer d’être fidèles.

La paix qui, désormais, s’était installée sur l’ensemble de la Péninsule avait transformé et changé la donne. De plus en plus de clans, de femmes et d’hommes pouvaient appréhender l’essence du message de l’Islam.  Certains se convertirent, d’autres le respectèrent sans y adhérer, et d’autres le combattirent, mais en connaissance de cause et non seulement pour des questions de pouvoir, de richesse et/ou de rapport de forces.



Yathrib786
Le 16 décembre 2018