Le
mot sakina, qu'on rencontre à plusieurs reprises dans le
Coran, mérite qu'on s'y arrête. Signifiant «habiter»
ou «se sentir dans un lieu» pour s'y reposer, on le retrouve
avec le même sens «d'habiter au milieu de» dans la Bible.
Mais dans le Nouveau Testament, c'est bien «La Gloire du
Seigneur».
A
deux reprises dans le Coran mentionne la Sakina :
«Puis, Allah fit descendre Sa quiétude [Sa «sakîna»] sur Son messager et sur les croyants. Il fit descendre des troupes (Anges) que vous ne voyiez pas, et châtia ceux qui ont mécru. Telle est la rétribution des mécréants.»
«Si vous ne lui portez pas secours... Allah l’a déjà secouru, lorsque ceux qui avaient mécru l’avaient banni, deuxième de deux. Quand ils étaient dans la grotte et qu’il disait à son compagnon: «Ne t’afflige pas, car Allah est avec nous.» Allah fit alors descendre sur Lui Sa sérénité «Sa sakîna» et le soutint de soldats (Anges) que vous ne voyiez pas, et Il abaissa ainsi la parole des mécréants, tandis que la parole d’Allah eut le dessus. Et Allah est Puissant et Sage.» (Sourate IX, verset 26 et 40)
Cette
sakina de Dieu est associée à l'aide envoyée par
Dieu aux croyants par l'intermédiaire des «Anges
combattants».
La
victoire de Hunayn est la maîtrise de soi manifestée par le
Prophète Muhammad (PSL), la fidélité des musulmans et leur
vaillance. Comme à Badr, les musulmans étaient unanimes à
témoigner que les anges d'Allah, portant cette fois des
turbans rouges, avaient combattu dans leurs rangs.
La
victoire de Hunayn est le couronnement de la carrière
militaire du Prophète (PSL) simultanément homme de guerre et
homme de paix. A partir d'Hunayn, ce n'est plus la guerre,
mais l'art de gouverner et de parlementer.
L'épouse
du Prophète Muhammad (PSL), Mâriya, avait donné
naissance à Ibrahîm. Le Prophète (PSL) avait
manifesté une joie immense lors de l'annonce de la naissance. Il
organisa un repas. L'enfant, comme c'était la coutume, fût confié
à une nourrice au nord de la ville de Médine. Le Prophète (PSL)
venait régulièrement rendre visite à son fils.
La
ville de Médine était plus calme, même s'il fallait
organiser quelques expéditions dans la région. Les musulmans
devaient veiller à ce que les tribus converties à l'Islam
n'entretiennent les sanctuaires destinés aux idoles.
Les
mois passaient. L'annonce de la victoire des Byzantins sur les
Perses eut un effet particulier sur les musulmans car la
Révélation avait prédit cette victoire quelques années
avant les événements.
«Les Byzantins ont été vaincus, dans la contrée voisine, et après leur défaite, ils seront les vainqueurs dans quelques années. La décision finale, avant comme après, appartient à Dieu et, ce jour-là, les croyants se réjouirent du secours de Dieu qui accorde la victoire à qui Il veut. Il est certes le Tout Puissant, l'Infiniment Bon.» (Sourate 30, verset 2-5)
On
était à l'an 8, le Prophète Muhammad (PSL) donna
subitement l'ordre d'avancer en direction de Tabûk.
Les
nouvelles qui provenaient du nord étaient plutôt alarmantes. Tout
portait à croire que les armées byzantines de Héraclius
s'étaient alliées aux tribus arabes et qu'ils préparaient ensemble
une attaque massive contre les musulmans. Il fallait donc réagir
tout de suite. L'enjeu était tellement important et l'expédition
tellement périlleuse que pour la première fois, le Prophète
(PSL) indiqua sa destination à l'ensemble des musulmans.
Le
Prophète (PSL) avait une revanche à prendre sur les chrétiens.
Cette décision qui marque un tournant capital indique la volonté de
l'Envoyé de Dieu (PSL) de s'attaquer enfin, en dehors du
territoire arabe, à une localité en terre byzantine, en tant que
telle, hautement symbolique. Ce faisant, le Prophète (PSL)
voulait, d'ors et déjà, préparer la conquête de la Syrie.
La
saison n'était pas propice, et l'armée allait devoir supporter les
grandes chaleurs jusqu'à son arrivée dans le nord. La mobilisation
fut générale. Le Prophète (PSL) demanda aux compagnons de
contribuer du plus qu'ils pouvaient afin de couvrir les frais de
l'expédition. 'Umar remit la moitié de sa fortune, et
comprit comme une leçon d'abnégation les geste d'Abû Bakr
qui, lui, remit toute sa fortune à la disposition du Prophète
(PSL). 'Uthmân se distingua de la même façon en
pourvoyant de montures la moitié des cavaliers. Tous les chevaux et
les chameaux furent réquisitionnés. Le Prophète (PSL) dû
refuser à quelques compagnons leur participation à l'expédition.
Et certains en pleurèrent. La puissance annoncée de l'ennemi était
telle que la survie de la communauté était clairement en jeu.
L'armée
se mit en route à la fin de l'an 630 (9e année de l'Hégire).
Les hommes étaient au nombre de trente
milles et le Prophète (PSL) en prit la tête. Il
demanda à 'Alî de rester auprès de sa famille. Celui-ci fut
moqué par les hypocrites.Il ne supportait pas et, il alla finalement
rejoindre l'armée à son premier campement. Le Prophète (PSL)
le renvoya et lui demanda d'être pour lui comme Aaron pour
son frère Moïse lorsqu'il demeura le gardien de son peuple
pendant son absence.
La
chaleur, comme prévue, était intense, et l'avancée vers le nord
était très éprouvante. Pendant ce temps, quatre fidèles
compagnons du Prophète (PSL) avaient préféré rester à
Médine, pressentant les difficultés du voyage ?
L'un
d'eux, Abû Khaythama, eut de profonds remords et décida,
après une dizaine de jours, de rejoindre l'expédition. Le
Prophète (PSL) fut particulièrement heureux de le voir venir,
tant il était attristé par la défection des quatre compagnons qui
ne pouvait être interprétée comme de la lâcheté ou de la
trahison. Abû Khaythama se fit pardonner lorsqu'il expliqua
au Prophète (PSL) ses remords et le besoin impératif qu'il
avait ressenti de rejoindre l'armée.
L'armée
musulmane resta vingt jours à Tabûk. Mais peu à peu, il
apparaissait que les rumeurs d'attaques venant du nord étaient
infondées. Aucune tribu n'était sur le pied de guerre. Il n'y avait
nulle trace de présence byzantine dans la région.
L'expédition,
quoique éprouvante, n'allait cependant pas s'avérer inutile ? La
mobilisation était impressionnante. Le Prophète (PSL) en
profita pour établir des alliances avec une tribu chrétienne et une
autre juive. Ces dernières gardaient leur religion respective et
acceptaient de payer une taxe (Jizya) en échange de leur
protection qui, en cas d'agression, serait serait désormais assurée
par la communauté musulmane.
Ainsi
la jizya était entendue comme une taxe militaire collective,
prélevée auprès des tribus qui n'avaient pas à s'engager
militairement aux côtés des musulmans mais dont la contrepartie
était l'obligation, pour l'autorité musulmane, d'assurer leur
défense, leur protection et leur survie. Depuis Tabûk, le
Prophète (PSL) envoya Khâlid Ibn Walîd plus au nord
pour faire le siège d'une forteresse chrétienne et établir une
alliance similaire, dans le but de sécuriser la route vers l'Iraq
et la Syrie. Toutes ces opérations furent couronnées de
succès, le Prophète (PSL) regagna Médine avec les
musulmans.
A
son retour, il apprit la mort de sa fille Um Kulthûm. Sa
tristesse fut profonde, de même que celle de 'Uthmân ibn 'Affân,
qui perdait ainsi sa seconde épouse. Il avait épousé deux filles
du Prophète (PSL).
Ce
dernier exigea que les trois musulmans restés à Médine ne
présentent devant lui et qu'aucun compagnon ne leur adresse la
parole jusqu'à ce que Dieu décidât de leur sort. Ce n'est
qu'après cinquante jours qu'une Révélation vint annoncer
leur pardon.
«Lorsque la terre, malgré toute son étendue, se fut resserrée pour eux et lorsque leur âme, se fut resserrée, et qu'ils eurent compris qu'il n'est de refuge contre Dieu qu'en Dieu. Il se tourna vers eux afin qu'ils puissent se tourner vers Lui dans leur répentir.» (Sourate 9, verset 118)
Lorsqu'il
apprit la nouvelle, Ka'b demanda au Prophète (PSL) si
ce pardon venait de lui ou de Dieu. Le Prophète (PSL) lui
indiqua qu'il s'agissait d'une Révélation.
Ce
pardon avait été accueilli avec joie par tous les compagnons qui
s'étaient obligés à boycotter leurs trois frères. Il était fort
d'un enseignement également profond, puisqu'il mettait en évidence
la gravité du fait de préférer égoïstement entretenir ses
affaires personnelles plutôt que de s'engager, corps, âme et biens,
dans la défense de la communauté spirituelle. Un autre enseignement
est la faiblesse de l'engagement frileux et paresseux peut obtenir le
pardon lorsque les cœurs reviennent à l'Unique dans la sincérité
(Ikhlass).
Yathrib786
Le
07 avril 2019