29 avril 2017

"Les ancêtres du Prophète" par Hédi Majdoub



Depuis hier, soit le 2 janvier 2014 nous sommes rentrés dans le mois béni de Rabii Al Awwal, le mois qui a vu naitre notre maitre le prophète, paix et bénédiction sur lui. Nous profitons de ces instants pour consacrer nos rappels de vendredi de manière plus particulière sur sa vie et son oeuvre. 

Aujourdui, nous allons parler de ses ancêtres dont il disait :
« Parmi les fils d'Ismail, Allah a choisi la tribu de Qinana. De celle ci, Il a choisi Quraîch. De Quraïch, Il a préféré Bani Hachim et m’a élu parmi celle » 
Muslim

Ce hadith prouve, sans équivoque, le noble rang qu’occupait le Prophète au sein des arabes. De génération en génération, remontant jusqu’au Prophète Ismail, Allah a préservé la descendance des ancêtres du Messager de Dieu de tout déshonneur. Son ascendance, paix et salut sur lui, est donc pure du premier de ses aïeux jusqu’au dernier, soit du prophète Adam au  Prophète Ibrahim, paix et salut sur eux.  

À ce propos, le Prophète Muhammad, paix et salut sur lui, déclare : 
« Aucun de mes ancêtres n’a donné naissance à des enfants hors mariage, ils se sont tous mariés, comme en islam, je ne suis donc issu d’aucune fornication. » 
Tabrani

Au sein des arabes, le Prophète appartient à la plus noble et la plus puissante des familles. Il est rapporté même que Hajar (la copte), mère du Prophète Ismail, fut une princesse du royaume de Manaf. En outre, parmi Quraish, chaque homme avait un lien de parenté avec le Prophète, paix et salut sur lui. 

C’est pourquoi, le messager Muhammad, paix et salut sur lui, en réponse au mépris des mecquois à son égard, disait : 
« Si vous ne me préservez pas pour les raisons pour lesquelles on m’a envoyé, préservez-moi alors pour mes liens de parenté avec vous. » 
Ibn Saad

Dieu le rappelle dans le verset de la sourate Tawbah: 
« Certes, un Messager pris parmi vous, est venu à vous, auquel pèsent lourd les difficultés que vous subissez, qui est plein de sollicitude pour vous, qui est compatissant et miséricordieux envers les croyants. » 
Sourate 9 verset 128

La noblesse et la pureté caractérisent donc les origines du Bien-aimé de Dieu, paix et salut sur lui. Le caractère important de la connaissance de nos ancêtres, de nos origines, provient donc de la recommandation prophétique: 
«Apprenez de votre généalogie ce qui vous permet d’entretenir vos liens de parenté, car l’entretien de parenté suscite une affection envers les proches parents, un accroissement de la richesse et de la longévité» 
Tirmidhi

Le Prophète, paix et salut sur lui, est donc Muhammad fils de Abdullah, fils de Abdul Muttalib, fils de Hachi, fils de Abdou Manaf, fils de Qousay, fils de Kilab, fils de Mourra, fils de Kaab, fils de Louay, fils de Ghâlib, fils de Fahr, fils de Malik, fils de Al Nadr, fils de Kinana, fils de Khouzaima, fils de Moudrika, fils de Ilyas, fils de Moudar, fils de Nazar, fils de Maad, fils de Adnan. 

La filiation des arabes de l’époque faisait leur fierté. Le jour de la bataille de Hunayn, le Prophète, paix et salut sur lui, criait avec bravoure : 
«Je suis le messager point de mensonge, je suis le fils d’Abd Al Muttalib, fils des femmes pures» 
Tabrani 
 

Abdallah ibn Abd Al Mutallib
Abdallah était le cadet des enfants d’Abd Al Muttalib. Il est issu avec Zubair et Abd Manaf (plus connu sous le nom d’Abou Talib) du même père et de la même mère. Lorsqu’Abdallah eut atteint l’âge de trente-trois ans, son père se maria avec seydatouna Amina, fille de Wahb Ibn Abd Manaf. De leur union naquit le sceau des prophètes : Muhammad.

Abdallah mourut et fut enterré à Médine alors qu’il était en route pour Cham et que seydatouna Amina fut enceinte du Prophète, paix et salut sur lui.

Abd Al Muttalib Ibn Hashim

Abd Al Muttalib Ibn Hashim possédait plusieurs surnoms : Shayba (à cause de sa chevelure blanche), Abul Harith, le munificent (pour sa générosité sans limite), le restaurateur des oiseaux (car il avait pour habitude de nourrir les oiseaux et les bêtes). 
Il fut le maître de Quraish, le plus noble, on se dirigeait vers lui pour toutes affaires. Ce fut un homme sage, s’interdisant l’alcool et même l’adoration des statues. 
A la fin de sa vie, il voua un culte exclusif à Allah. Ses convictions étaient celles de l’islam : il suivait ses prescriptions en s’interdisant le mariage entre frères et sœurs, oncle et nièce… Il s’opposait également à l’enterrement des filles vivantes (courante à l’époque) et interdisait la fornication. 
C’est lui qui fit ressurgir l’eau de zamzam du puits du Prophète Ismail, paix et salut sur lui. Il eut dix enfants dont Abdallah était le plus jeune. Plus tôt, il avait fait la promesse à Dieu que s’Il lui donnait dix enfants, il en sacrifierait un en face de la Kaaba. 
Une fois qu’il eut dix enfants, malgré son amour pour son fils, il respecta sa parole en s’apprêtant à sacrifier le plus jeune de ses enfants : Abdallah. 
Les mecquois l’en dissuadèrent en lui proposant une alternative, tirer au sort entre son fils et dix chameaux. Au dixième tirage, les chameaux furent désignés. Abd Al Muttalib dut donc sacrifier cent chameaux. 
En référence à cette histoire, on surnommait le Prophète, paix et salut sur lui, « le fils des deux immolés » c’est à dire celui du prophète Ismail, paix et salut sur lui, et de son père Abdallah ibn Abd Al Muttalib. 
La mère d’Abd Al Muttalib s’appelait Salma Bint Amr. Le grand-père du Prophète, paix et salut sur lui, vécut cent-quarante ans.

Hashim Abd Al Manaf

De son vrai nom Amr Al Alaa, était surnommé Abou Yazid ou encore Abou Nadlah. Sa mère, Al Sayda Aatikah bint Marrah, donna naissance à des jumeaux : Hashim et Abdul Shams. 
Hashim avait la noble tâche de fournir la boisson et la nourriture aux pèlerins. Après le décès de leur père Abd Manaf, Hashim prit sa place dans le cœur des qurayshites, certainement à cause de son  immense générosité. 
En effet, il dépensait énormément d’argent pour son peuple, notamment lors d’une famine qui toucha La Mecque durant trois ans. 
Mais sa popularité suscita la jalousie de son frère Abdul Shams et du fils de celui-ci, Umayya. Pourtant les deux frères étaient tous deux riches. Seulement l’un d’eux dépensait son argent pour les intérêts de son peuple alors que l’autre utilisait avarement son argent pour lui et ses proches. 
Umayya tenta alors d’imiter son oncle mais Quraish, loin d’être dupe, l’interpella : 
«Qu’as-tu à vouloir imiter et ressembler à Hashim ?»
Umayya, vexé, s’emporta et défia Hashim à une joute verbale arbitrée par le devin Khozaite. Le perdant devait céder cinquante chamelles à sacrifier, en plein milieu de La Mecque, avant de s’exiler hors de celle-ci, pour une durée de dix ans. 
Hashim accepta le défi et l’emporta largement. Il prit donc les chamelles d’Umayya et les immola avant de distribuer la viande à ses habitants. Umayya s’exila alors en Syrie pour une durée de dix ans. Hashim occupa ainsi une noble place au sein de son peuple. Il se maria avec Salma bint Amr qui donna naissance à Abd Al Muttalib.


Chers lectrices, lecteurs, le Prophète Muhammad, paix et salut sur lui, apparaît clairement comme l’homme le plus noble ayant existé et ceci tant sur le plan moral que généalogique. Nul doute, quant à sa parole : 
« Je suis, sans prétention, le maître des fils d’Adam. » 
Muslim



Hédi Majdoub

3 janvier 2014

Quelques faits marquants de l’éducation du prophète Muhammad (PSL)



Pour rappel, Le Prophète Muhammad (PSL), était le fils de Abdallah, fils de Abd Al-Mouttaleb, alias «Chaïbat Al Hamd», fils de Hachem, fils de Abd Manaf, alias «Moughira», fils de Qassiy, alias Zaïd, fils de kilab, fils de Mourra, fils de Ka'b, fils de Lou ay, fils de Ghaleb, fils de Fehr, fils de Malek, fils d'An-Nadar, fils de Moudrika, fils d'Elias, Fils de Moudar, fils de NIzar, fils de Ma,d fils de 'Adnan.
 

Revenir sur le fait de confier les enfants à des nourrices en Arabie



Sur mon précédent article, j’ai abordé le fait que les arabes sédentaires avaient pour coutume de confier leurs enfants à des nourrices qui vivaient à l'extérieur de la Mecque dans le désert. Celles-ci les emmenaient chez elles jusqu'à un certain âge et les allaitaient.
 

Les raisons de cette pratique


Préserver la langue arabe
Lors des pèlerinages, les gens affluaient de différentes régions. D'où le mélange de différentes langues, ce qui pouvait ainsi entacher la langue arabe de leurs enfants. Mais les arabes attachaient beaucoup d'importance à la richesse et la pureté de la langue arabe, et voulaient donc que cette éloquence soit préservée. D'ailleurs, le Prophète Muhamamd (PSL) exprima un jour sa fierté du fait de la noblesse de sa filiation, en disant : 
« Je suis le plus éloquent en arabe entre vous : je suis Quraychite et fut mis en nourrice chez les Béni Sa'd. »
                                                                             Sîrat Al Rasûl, Ibn Hishâm

Forger le courage
D'autre part, les Quraychs, attendaient de ces pratiques l'acquisition d'un courage intrépide par leurs enfants, du fait de la difficulté de vie en dehors de la Mecque.

Protéger
Aussi, de nombreuses maladies étaient présentes dans les métropoles et il était plus prudent de les en écarter durant les premiers moments de leur vie.


La vie dans le désert et l’exemple des Banû Sa'd



La vie chez une nourrice nomade ne pouvait être que très simple : la tribu passait les différentes saisons en divers endroits, les enfants surveillaient toute la journée les troupeaux dans les pâturages, et jouaient ensemble. Les femmes ramassaient le bois pour la cuisine, entretenaient leurs foyers, et s'occupaient à filer. On se contentait quelquefois de dattes et de lait, parfois on mangeait des légumes, ou de la viande par exemple, et, lors des foires ou des visites aux "grandes villes" comme la Mecque, quelques friandises. 

Il pouvait y avoir des razzias et des guerres entre les tribus, mais nos sources n'en mentionnent aucune concernant la tribu de la nourrice Halîma.

Les narrateurs s'accordent sur le fait que les Sa'dites passaient en ce moment par une période de sécheresse, et que leur végétation verdoya de nouveau aussitôt que Halima prit l'enfant à sa charge.

Le Prophète Muhammad (PSL) se comportait comme tous les autres enfants. On rapporte qu'un jour, pour une raison que les narrateurs ne mentionnent pas, il mordit l'épaule de sa sœur de lait avec une telle vigueur que la trace lui resta toute sa vie ! Mais elle n'eut pas à regretter : plus tard, en effet, dans une expédition, l'armée du Prophète (PSL) fit un certain nombre de prisonniers parmi lesquels se trouva Chaimâ', cette sœur de lait. Lorsqu'elle rappela au Prophète Muhammad (PSL) l'incident et lui montra l'incision sur son épaule, il la reconnut aussitôt, et elle fut traitée avec tous les égards dus à une sœur bien aimée (faits rapportés par Ibn Hichâm.p. 856-857 ; Balâdhuri, § 161).

La grande foire annuelle de 'Ukâz avait lieu dans la région. On y rencontrait quelquefois Halîma et son nourrisson, et l'on rapporte que Halîma demanda à un astrologue-devin de la tribu de Hudhail, qui exerçait son métier à la foire, de prédire le destin de l'enfant (faits rapportés par Ibn Sa'd, I/I, p 98).


 L'allaitement du Prophète (PSL)

 
C'est ainsi que s'accomplit l'allaitement du Prophète (PSL) chez les Béni Sa'd. Celui-ci dura 2 ans.
« Les mères qui veulent donner à leurs enfants un allaitement complet, les allaiteront deux années entières. 
Le père doit assurer leur nourriture et leurs vêtements, conformément à l'usage. Mais chacun n'est tenu à cela que das la mesure de ses moyens. 
La mère n'a pas à subir de dommages, à cause de son enfant, ni le père, à cause de son enfant, - les mêmes obligations incombent à l'héritier -
Si, d'un commun accord, les parents veulent sevrer leur enfant, aucune faute ne leur sera reprochée.
Si vous désirer mettre vos enfants en nourrice, aucune faute ne vous sera reprochée, à condition que vous acquittiez la rétribution, conformément à l'usage.
Craignez Dieu !
Sachez que Dieu voit parfaitement ce que vous faites. »
                                                                             Coran, sourate 2 "la vache, verset 233



La « fente de la poitrine »



Alors que le Prophète (PSL) avait 4 ou 5 ans, il se passa un évènement tout à fait particulier. Alors que le Prophète jouait avec des enfants de la tribu des Banû Sa'd, Halîma raconte que son fils vient à elle, et son mari affolé, et leur annonce que « deux hommes vêtus de blancs se sont assis à côté de lui, et l'ont couché à terre ; puis ils lui ont ouvert la poitrine et y ont plongé leurs mains. »
                                                                             Ibn Hishâm, op. cit. page 301

Halima et son mari courru à l'endroit indiqué par leur enfant et trouvèrent le Prophète Muhammad (PSL) secoué et pâle. Il confirma les propos de son frère de lait, en ajoutant que les deux hommes, après avoir ouvert sa poitrine, y « touchèrent quelque chose, je ne sais ce que c'est. »
                                                                             Ibn Hishâm, op. cit. page 301

Troublé par cette histoire, et craignant que l'enfant ait pu être atteint par un mal quelconque, le couple décida de le ramener à sa mère. Il cachèrent d'abord la vérité, mais face à des questions insistantes de la maman, ils l'informèrent de ce qui c'était passé. Elle n'en fût pas surprise, et révéla qu'elle même fût témoin de signes attestant qu'un destin particulier se préparait pour son enfant.
Bien des années plus tard, le prophète parlera de cet événement, et affirmera que deux hommes « lui fendirent la poitrine, en sortirent le coeur, qu'ils ouvrirent à son tour pour en extraire un caillot noir qu'ils jettèrent au loin. Puis, ils me lavèrent le coeur, et la poitrine avec de la neige. »
                                                                             Ibn Hishâm, op. cit. page 302

Dans d'autres traditions, il expliqua le sens spirituel de ces faits, il exposera le sens spirituel de ses faits comme lors d'une discussion avec des compagnons : « il n'en est point parmi vous qui ne soit accompagnés d'un djinn, et d'un ange, pour lesquels ils furent spécifiquement mandaté. »
Ils demandèrent : « Il en de même pour toi, Ô Envoyé ?
- Il en est de même pour moi, si ce n'est que Dieu m'a aidé et qu'Il [le djinn, au sens de l'esprit du mal, ici] s'est soumis et ne me commande que le Bien. »
                                                                             Hâdith raconté par Muslim

Le Prophète oriente ici notre compréhension de l'évènement, au delà des faits rapportés, vers sa dimension spirituelle et fondamentale. Dès son plus jeune âge, l'Envoyé a été protégé contre les tentations du mal qui sévissent dans le cœur de chacun. Sa poitrine, purifiée du mal, l'a préparée à sa mission prophétique, et il revivra une expérience similaire, environ cinquante ans plus tard, lorsque son cœur sera à nouveau ouvert et purifié, pour pouvoir vivre l'expérience du voyage nocturne vers Jérusalem, puis l'élévation vers Sidra al-Muntabâ, expérience spirituelle, singulière et initiatique qui prépare l'élu à recevoir dans le premier cas le message de l'Islam, puis dans le second cas l'injonction de la prière rituelle.

« N'avons nous pas ouvert pour toi ta poitrine? Ne t'avons nous pas débarassé du fardeau qui pesait sur ton dos, n'avons nous pas exalté ta renommée? »
                                                                             Coran, sourate 94, verset 3 et 4

Pour la majorité des exégètes du Coran, ces versets se rapportent au triple don accordé au Prophète (PSL) :

- la foi en l'Unique est inscrite en son cœur, 
- l’élection de la prophétie, 
- l'accompagnement de Dieu lui-même tout au long de sa mission,



Souvenir et reconnaissance



A l’avènement de la conquête de la Mecque. Le Prophète (PSL) a croisé le regard souriant d’une vielle femme qui le dévisageait : c’était Halima. La nourrice pouvait être fière de l’enfant glorieux qu’elle avait allaité. Le Prophète (BP sur lui) était content de la revoir, l’appelant à haute voix « Mère » et il l’avait honorée en mettant son manteau par terre pour qu’elle puisse s’y asseoir et en demandant congé auprès de ses compagnons pour une petite heure rien que pour lui parler en tête à tête. N’est-ce pas une magnifique preuve de fidélité ?

 
Et il y a mieux encore : durant la guerre contre les Hawazim et Hounaïn, le Prophète (BP sur lui) a su que son frère de lait était parmi les vaincus. Il a alors demandé à ses compagnons la permission de rendre le butin. On se demanda s’il gardait encore le souvenir de ce frère. Il répondit que non mais que c’était un geste de fidélité envers sa mère Halima. Il est même allé jusqu’à emprunter de l’argent pour combler la valeur du butin non rendu.

 

Mort d'Âmina



Le Prophète (PSL) restera deux ans avec sa mère, il a 6 ans, et cette dernière tient à ce qu'il fasse la connaissance des membres de sa famille qui résident à Yathrib. Ils s'y rendent mais sur le chemin du retour, Amina tombe malade et meurt à Abwâ, où elle sera enterrée.

Barakah, qui était du voyage, avec eux, et qui servait Amina, ramène le Prophète Muhammad à La Mecque. C'est son grand-père, 'Abd Al-Mottalib, qui se charge de lui.

Plus tard, toutes les fois qu'il (Saw) passait par Abwâ', au cours de ses expéditions, le Prophète (Saw) s'arrêtait pour visiter le tombeau de sa mère, et versait d'abondantes larmes (Ibn Hichâm, p 107 ; Suhailî, I, 113).

'Abd Al-Mottalib 



Oum Ayman, l'affranchie de son père se chargea alors du Prophète (PSL). Elle parvint à rentrer à la Mecque avec l'enfant, après avoir assisté à l'enterrement d'Amina. Elle le remit à son grand-père, 'Abd Al-Mottalib, âgé alors de 108 ans, prit son petit-fils chez lui. Il fit donc son 2ème tuteur. Comme l'enfant avait perdu son père aussi bien que sa mère, l'affection du grand-père envers lui était naturellement très grande.

On rapporte que toutes les fois que 'Abd Al-Mottalib s'asseyait sur un tapis dans un conseil municipal pour discuter avec les autres conseillers des questions sérieuses, l'enfant Muhammad (PSL) aimait à laisser ses jouets et à venir assister au conseil; il voulait s'asseoir à la première place, à côté de son grand-père. Ses oncles le lui défendaient, mais le grand-père disait toujours:  
« Laissez-le ; il se croit un grand homme, et j'espère bien qu'il va l'être ; il est si sage. »
                                                   Ibn Hichâm p.108 ; Balâdhurî, I, § 143- Ibn al-Jauzî, Wafâ, p. 102, 120,130.

Il était en effet bien sage, jamais l'assemblée n'eut à se plaindre qu'il les dérangeât. Le grand-père l'aimait tant qu'aux dires des chroniqueurs (propos rapportés dans Suhailî.1, 179 ; Balldhuri, I, §146), un jour, lors d'une disette, il pria Dieu pour la pluie en Le suppliant au nom de son petit-fils, et il ne fut point déçu.

A l'âge de 7 ans, Muhammad (PSL) eut mal aux yeux, et les "médecins" de la Mecque ne purent le guérir. On rapporte que 'Abd Al-Mottalib se rendit alors au couvent d'un religieux chrétien, près de 'Ukâz, où on lui donna une prescription qui réussit très bien. (propos rapportés dans Halabî, Insân, I, 149).

C'est apparemment d'une époque postérieure que nous parle Al-Qifti (Akhbâr al Hukamâ p 110; ibn Hajar, Isâbah, No 1471, § Haritch Ibn Kaladah). lorsqu'il raconte qu'étant tombé malade, Muhammad (PSL) avait demandé à son ami Sa'd Ibn Abi-Waqqas de faire venir le médecin mecquois Al-Hârith Ibn Kaladah.

Mort de 'Abd Al-Mottalib (8 ans)
Muhammad (PSL) était âgé de 8 ans, lorsque son grand-père mourut, après l'avoir confié à son fils Abû Tâlib, oncle germain de Muhammad (PSL), en lui recommandant d'en avoir le plus grand soin (Ibn Sa'd l/l, p 75; Tabari. I, 1123).
Abû-Tâlib fut ainsi son 3ème tuteur. Le Prophète (PSL) restera sous sa garde jusqu'à l'âge de raison. Il n'aura de cesse de témoigner envers le Prophète (PSL) un amour et un respect tout à fait singulier.

Garde par Abou Tâlib
Le choix d'Abou Tâlib comme tuteur de Muhammad (PSL) de préférence aux autres oncles, a été particulièrement heureux. Né de la même mère et du même père que le père de Muhammad (PSL) Abou Tâlib possédait des qualités de cœur très rares.

De sa tante, épouse de son tuteur, Muhammad (PSL) nous dit lui-même :  
"Lorsqu'elle mourut, quelqu'un me fit la remarque: "Ô Envoyé de Dieu, pourquoi ressens-tu si douloureusement la mort d'une vieille femme ?" Et je répondis: "Pourquoi pas ? Lorsque j'étais un enfant orphelin chez elle, elle laissait ses enfants avoir faim, mais elle me nourrissait; elle délaissait ses enfants pour me peigner; et elle était comme ma mère;"
                                                                             Ya'qûbî, II, 14 ; Suhailî, I, 112

Lorsque le petit déjeuner venait d'être servi, chez Abou Tâlib, tous les matins, la troupe de ses nombreux enfants le pillait avant que Muhammad (PSL) y ait touché ; quand Abou Tâlib s'aperçut que son jeune neveu ne prenait pas part à ce pillage il le lui fit servir à part (Ibn Sa'd, I/I,p 46 ; Maqrîzî, Imtâ', I, 7).

A cette époque, il n'y avait pas d'école à la Mecque ; c'est pourquoi il n'apprit ni à lire ni à écrire. Bientôt le jeune garçon commença à travailler comme berger pour les Mecquois, gagnant ainsi quelques sous pour ajouter aux maigres recettes de son oncle (Ibn Hichâm p 106 ; Suhailî, I, 112 d'après Bukhârî, etc. ; Ibn Sa'd, I/i, p 80)

Voyage en Syrie (9 ans)



Muhammad (PSL) avait neuf ans, lorsqu'Abou Tâlib se vit obligé à l'idée d'être séparé, même pour peu de temps, de son oncle; il lui demanda de l'accompagner ; Abou Tâlib céda, et c'est ainsi que Muhammad (PSL)fit son premier voyage hors de l'Arabie. On peut bien penser que le jeune voyageur n'était pas du tout un fardeau inutile pour son oncle : de mille façons il pouvait lui rendre de petits services, et lui épargner maints inconvénients.

A Busrà, au-delà de la Mer Morte, entre Jérusalem et Damas, la caravane s'arrêta pour faire les échanges usuels et les transactions nécessaires. Comme d'habitude, ils durent camper dans la banlieue de la ville. C'était un territoire byzantin. Ne nous étonnons donc pas s'il y avait un couvent, près des champs où la caravane établit ses tentes. Un certain moine, Bahîrâ, regarda de son couvent la colonie temporaire, et s'étonna du sage comportement de ses voisins, ce qui était rare chez de tels visiteurs aussi
il demanda vite à Abu Talib:  
«Qu'est-ce que ce garçon pour vous?»
«Mon fils » répond-t-il.
Le moine dit. « Son père ne devrait pas être vivant. »
Abou Talib acquiesça an disant : 
«Oui, en fait, il est le fils de mon frère» en lui racontant par la suite la dure vie du Prophète.
Le moine dit: «Maintenant vous me dites la vérité. Emmenez-le en arrière et faire attention aux Juifs à son sujet.»



Le Prophète grandit orphelin et pauvre. Telle était la volonté de Dieu; c'est ainsi que Son Messager apprit à se désintéresser de l'argent et de la puissance, ne fournissant à son entourage aucune occasion de l'accuser d'ambition. Le Prophète Muhammad (PSL) est entouré par des signes d'élection autant que par la douleur, la souffrance et la mort. Ce sont des signes et des épreuves qui le préparent à la dite-mission. 

Yathrib786 
29 avril 2017



23 avril 2017

Une éducation, la nature


La vie dans le désert a complètement façonné le Prophète Muhammad (PSL), et en particulier, son regard sur les hommes, les éléments et la Création. Il était connu et reconnu que les bédouins qui y vivaient maitrisaient l’art de la rhétorique. Les joutes verbales étaient courantes et participaient de la vie locale.
 
Le désert est le lieu des Prophètes parce qu’il offre un horizon d’infini. Pour les nomades en déplacement continuel, l’infinitude de l’espace se marie à la liberté, à l’expérience de l’éphémère, de la vulnérabilité et de l’humilité. Le nomade apprend à se faire étranger, à changer de lieu au cœur de l’infini linéaire de l’espace et déterminer ainsi la finitude du temps. 

C’est cette image qui pousse ainsi le Prophète à décrire l’expérience de la vie au jeune croyant ‘Abdallah ibn ‘Umar en des termes qui rappellent cette dimension :
« Sois sur la terre comme un étranger ou un passant. » 
                                                                          Hadîth rapporté par Bukhari
 
Les premières années que le Prophète passera dans le désert vont nourrir une relation tout à fait particulière avec la Nature, qui demeurera une constante tout au long de sa mission. Le respect de l’environnement et de l’espace était pour lui un acte d’adoration.

L’univers, disait-il, est empli de signes qui rappellent la présence du Créateur, et le désert, plus que tout autre, ouvre l’esprit humain à l’observation, à la méditation et à l’initiation au sens. 

De nombreux versets confirment et renvoient à la Création. Le désert où la vie, la végétation et la verdure sont absentes, montre et prouve régulièrement à la conscience de l’homme la véracité du miracle du retour à la vie :
« Tu vois, parmi Ses signes, la terre comme prostrée (par l’effet de la sécheresse) s’animer et s’épanouir dès que nous descendons sur elle quelques ondées du ciel. Celui qui lui rend la vie et aussi Celui qui fait revivre les morts, car Sa puissance n’a pas de limite. » 
                                                                          Coran, 41:39

Bien des années plus tard, le Prophète Muhammad (PSL) était alors à Médine, lorsqu'elle était en butte aux conflits et aux guerres. La Révélation (au cœur de la nuit) tourne son regard vers un autre horizon de sens :
« Il y a certes dans la création des cieux et de la terre, et dans la succession de la nuit et du jour, des signes pour ceux qui sont doués d’intelligence. » 
                                                                          Coran 3:190

Il est rapporté que le Prophète pleura une nuit entière lorsque ce verset lui fut révélé. A l’aube lorsque Bilal, venant faire l’appel à la prière, le questionna sur la cause de ses larmes, il lui expliqua le sens de sa tristesse et ajouta :
« Malheur à qui entend ce verset et ne le médite pas ! »
Les premières années du Prophète Muhammad (PSL) ont façonné et préparé la Révélation. On peut en tirer un enseignement spirituel de première importance pour notre éducation à travers les âges :
 1. La proximité de la nature et le respect de ce qu’elle est ;

2. L’observation et la méditation sur ce qu’elle nous montre, nous offre et nous reprend sont autant d’exigences d’une foi, qui dans une quête, cherche à se nourrir, à s’approfondir et à se renouveler ;

3. La nature est le guide et l’amie de la foi. Comme une école, Dieu a décidé d’exposer Son prophète (PSL) dès son plus jeune âge aux leçons naturelles de la Création.



Très loin du rigourisme et du formalisme de certaines pratiques sans âme et faisant l’apologie de la violence, cette éducation, dans la proximité de la nature, développe une relation au divin qui s’appuie sur la contemplation et la profondeur d’un enseignement spirituel et d’en comprendre le rituel, le sens, la forme et les finalités.

Eloignés de la nature, dans nos villes et nos cités, nous semblons en contre-courant de ce message au point d’en inverser l’ordre des exigences au point de penser que le rejet de l’autre, la violence gratuite, la seule technicité des pratiques religieuses suffisent à faire de nous des héritiers du prophète (PSL). Voilà un mépris et un oubli aux conséquences graves puisqu’elle finit par vider l’enseignement religieux de sa substance spirituelle qui devrait être à l’image de l’éducation du Prophète (PSL),  le cœur et le firmament.

22 April, 2017
Yathrib786