30 septembre 2018

Petit Pèlerinage à la Mecque du Prophète (PSL) : les négociations avec les Quraysh


Les Quraysh étaient déterminés à ne pas laisser les musulmans accomplir le pèlerinage, tant les enjeux symboliques étaient cruciaux. Mais aussi, ils ne connaissaient pas les véritables intentions du Prophète Muhammad (PSL).


Ils décidèrent d’envoyer un émissaire du clan des Banû Khuzâ’a, Budayl ibn Warqâ, qui n’était pas en mauvais terme avec aucun des clans en présence et pouvait donc agir médiateur. Il se rendit auprès du Prophète (PSL) qui l’assura que ses intentions n’étaient point belliqueuses et qu’il désirait simplement accomplir le Petit Pèlerinage avec ses compagnons et s’en retourner.

 Il ajouta qu’il était prêt néanmoins à combattre ceux qui ne respecteraient point leur droit à se rendre librement, comme tous les autres clans et tribus, dans le sanctuaire. Si néanmoins, les Quraysh avaient besoin de temps pour se préparer à laisser la voie libre aux pèlerins, les musulmans attendraient à al-Hudaybiyya jusqu’à ce qu’ils aient fini de s’organiser. Buday’l s’en retourna à la Mecque et fit part aux Quraysh de cette proposition. Mais il reçut un accueil glacial et un net rejet notamment de la part de ‘Ikrima, le fils d’Abû Jahl.

‘Urwa se proposa d’aller à la rencontre du Prophète Muhammad (PSL) et de négocier avec lui, tout en jetant un œil plus scrupuleux sur la composition des musulmans et les vraies intentions du Prophète Muhammad (PSL).

Il se rendit auprès du Prophète (PSL) et commença à discuter avec lui selon les méthodes et pratiques usuelles entre clans arabes. Il lui parlait familièrement d’égal à égal, lui prenait la barbe comme c’était l’habitude entre chefs de tribu, mais il se vit vite rappeler à l’ordre par Mughira, un des Emigrants, qui le menaça de le corriger s’il s’avisait  de poursuivre ainsi.  ‘Urwa en fut surpris mais lorsque, avant de partir, il prit le temps de visiter le camp des musulmans, il fut surpris par le respect et la dévotion des croyants à l’égard du Prophète Muhammad (PSL).  Il revint vers les Quraysh et tint le même discours que Budayl :


« Il était plus sage de laisser entrer les musulmans, qui n’avaient clairement aucune intention guerrière. »


 Il essuya toutefois le même refus.

Alors que ‘Urwa était en mission, deux autres tentatives de négociations avaient eu lieu. Hulays, des Banû al-Hârith, était également venu s’entretenir avec le Prophète (PSL). Ce dernier le reconnut de loin et, connaissait son respect et celui de son clan des questions religieuses et sacrées. Il demanda à ce qu’on envoie à sa rencontre le troupeau de chameaux destinés au sacrifice. Quand Hulays vit le troupeau, il comprit le message et décida de s’en retourner sur-le-champ, persuadé que le Prophète Muhammad (PSL) avait bel et bien l’intention d’accomplir pacifiquement le pèlerinage.

De son côté, le Prophète (PSL) n’était pas resté inactif. Il avait lui-même envoyé un émissaire du nom de Khirâsh auprès des Quraysh. Mais ‘Ikrima ne l’écouta point, coupa les jarrets de son chameau, et il allait s’en prendre à sa personne quand Hulays intervint pour le protéger et demanda à ce qu’on le laissât s’en retourner sain et sauf auprès du Prophète (PSL).

Quatre négociations avaient donc échoué. Les Quraysh apparaissaient plus que jamais intraitables. Le Prophète (PSL) décida qu’il fallait essayer une dernière tentative en envoyant un émissaire suffisamment respecté et protégé à la Mecque pour qu’on lui réserve un autre sort qu’à Khirâsh. Le choix porta sur ‘Uthmân ibn ‘Affân, son gendre. ‘Uthmân avait de solides relations claniques à la Mecque et que personne n’oserait s’attaquer à lui.

Celui-ci fut effectivement bien reçu, mais il essuya le même refus que ses prédécesseurs. Les Quraysh ne laisseraient point les musulmans accomplir leur pèlerinage. Il pouvait lui s’il le voulait accomplir les circumambulations autour de la ka’ba. Mais il n’était pas question d’y laisser pénétrer le Prophète Muhammad (PSL) et ses hommes. ‘Uthmân refusa cette offre. Sa mission s’était prolongé et, pendant trois jours. Le Prophète (PSL) n’eut pas d’informations le concernant. La rumeur se répandit que ‘Uthmân avait été tué, et le Prophète (PSL) en eut un chagrin intense.

Une telle action de la part des Quraysh et qui auraient tué un émissaire pendant le mois sacré et refusaient de respecter le droit légitime des musulmans  de visiter la Ka’ba. Ce refus ne pouvait être entendu par les musulmans que comme une nouvelle déclaration de guerre, alors que, à quatre reprises, ils avaient répété leurs intentions pacifiques. Il fallait se préparer au pire.


Yathrib786
Le 30 septembre 2018

23 septembre 2018

Le petit Pélérinage 'Umra du Prophète Muhammad (PSL) ?


C’est pendant ce mois de Ramadân que le Prophète Muhammad (PSL) fit un rêve étonnant, troublant autant que réjouissant. Il rêva de pénétrer dans le sanctuaire de la Ka’ba, la tête rasée, avec la clef dudit sanctuaire dans la main droite.

La vision était forte et le Prophète (PSL), comme à son habitude en pareille circonstance, interpréta cette vision  comme un signe et un message.  Le lendemain, il en parla à ses compagnons et leur annonça qu’ils devraient bientôt se préparer à accomplir le petit pèlerinage (‘Umra) à la Mecque. Ceux-ci en furent à la fois heureuse et surpris : comment allaient –ils pouvoir pénétrer dans l’enceinte de la Mecque, comment les Quraysh les laisseraient-ils faire, comment allaient-ils éviter un conflit ?

La confiance affichée par le Prophète Muhammad (PSL) les apaisait néanmoins.  Le départ était prévu pendant le mois de Dhû al-Qi’da, l’un des mois sacrés durant lesquels les Arabes ne combattaient jamais. De plus, les visions du Prophète (PSL) avaient jusqu’alors été véridiques. Ces visions avaient toujours menées les compagnons et les musulmans dans la tranquillité et l’assurance. Les préparatifs commencèrent.

Ils furent entre mille deux cents et mille quatre cents à se mettre en route. D’autres sources parlent de dix mille (10 000).  Le danger était réel mais le Prophète (PSL) refusa que les pèlerins soient armés (si ce n’est les épées utiles pour la chasse ou autres nécessité du voyage).

Le Prophète Muhammad (PSL) emmena avec lui durant ce voyage son épouse Umm Salama, de même que Nusayba et Um Manî’, deux femmes qui avaient été présentes lors du premier sermon d’al-‘Aqaba. Le Prophète (PSL) s’attacha  lui-même, au cours de la première halte, à consacrer les chameaux qui allaient devoir être sacrifiés lors du pèlerinage.

Les Mecquois, de leur côté, apprirent très vite qu’un convoi de musulmans était en route pour la Mecque dans l’intention de visiter la Ka’ba. C’était, depuis des décennies, le droit le plus légitime des tribus de la péninsule de visiter la ka’ba, mais avec les musulmans, les Quraysh se trouvaient en face d’un dilemme inextricable :
-        Comment, d’une part, justifier une interdiction d’entrée (et par quel moyen l’imposer en ce mois sacré où la guerre était proscrite),
-        Et comment d’autre part, laisser entrer l’ennemi qui en tirerait, à coup sûr, un prestige intolérable ?

Les Quraysh décidèrent d’envoyer Khâlid Ibn al-Walîd à la tête de deux cents hommes afin d’empêcher les pèlerins de s’approcher de la Mecque. L’éclaireur des musulmans vint les en informer, et ceux-ci décidèrent de changer d’itinéraire afin d’éviter au maximum toute situation qui mènerait à un affrontement inévitable.

Le Prophète Muhammad (PSL) s’appuya sur les compétences d’un compagnon connaissant le terrain. Ils prirent un chemin qui les mena au sud de la Mecque, à la limite du territoire sacré, dans la plaine d’al-Hudybiyya. C’est à ce moment que la chamelle du Prophète (PSL), Qaswa, s’arrêta et ne voulut plus avancer. Comme ce fût le cas à son arrivée à Médine sept ans plus tôt. Le Prophète (PSL) y vit un signe. Il fallait faire halte et négocier avec les Quraysh l’entrée des pèlerins à la Mecque.

Les Quraysh, une fois de plus, étaient totalement surpris par l’attitude du Prophète (PSL), qui ne correspondait à aucune de leurs habitudes religieuses, culturelles ou guerrières. Fort de son nouveau pouvoir, le Prophète Muhammad (PSL) venait à la Mecque désarmé et, de fait, vulnérable, et qui s’exposait alors que les circonstances lui permettraient de prendre un ascendant encore plus grand sur ces ennemis.

Le Prophète Muhammad (PSL) appelait à une nouvelle religion, mails il n’hésitait point à s’appuyer sur le respect des règles des traditions arabes pour se protéger de leurs attaques. En ce sens, il mettait les Quraysh devant une alternative très difficile. Il leur fallait choisir entre leur honneur (respecter les règles) et la perte de leur prestige (laisser les musulmans entrer dans la Mecque). Les choix tactiques du Prophète Muhammad (PSL) s’avérèrent payants.


Yathrib 786
Le 23 septembre 2019

16 septembre 2018

L'adoration du Prophète Muhammad (PSL) et son rêve de paix


La victoire face aux Coalisés puis l’expédition contre la Banû Qurayza avaient changé la situation dans la péninsule. Il était désormais évident que le Prophète Muhammad (PSL) et les compagnons dominaient  la péninsule et possédaient un pouvoir reconnu. D’aucuns, dans les Empires perse et Byzantin, commencèrent même à parler du Prophète Muhammad (PSL) comme du « Puissant Roi des Arabes », tant il leur paraissait représenter une force régionale incontestable.

Dès qu’il lui parvenait la nouvelle d’un danger, le Prophète Muhammad (PSL) n’hésitait pas à envoyer des expéditions auprès des tribus alentour afin de prévenir toute velléité de rébellion ou d’attaque et de faire ainsi passer un message clair à tous les clans avoisinants.  Les musulmans restaient sur les pieds de guerre et étaient prêts à se défendre.

C’est lors de l’une de ces expéditions, contre les Banû al-Mustaliq, qu’eut lieu en l’an 5 de l’Hégire l’épisode du collier de ‘Aïsha que nous avons rapporté plus haut. Cet évènement, comme de nombreux autres, nous rappelle que la vie et les enseignements se poursuivaient au gré des circonstances, et que la pratique religieuse se clarifiait en même temps que s’approfondissait la dimension sociale de l’éthique musulmane. Les difficultés internes demeuraient notamment avec les agissements d’un certain nombre d’hypocrite qui essayaient de tirer parti de toutes les situations.

Le mois de Ramadân avait commencé et le Prophète Muhammad (PSL) comme à son habitude, multipliait les actes de dévotion pendant la nuit et manifestait un souci plus prononcé encore pour le bien-être des nécessiteux. Ce mois était une période de spiritualité intense où le Prophète Muhammad (PSL) répétait, chaque année, à l’ange Gabriel tout ce qui lui avait été révélé du Coran. Il profitait du mois béni du Ramadan pour allonger les prières rituelles et accomplir les cycles surérogatoires du tarawîh.

Les invocations (du’â)  étaient également permanentes. Les hommes et les femmes au-delà du jeûne (arrêter de boire, manger et d’assouvir leur désir sexuel), le Prophète Muhammad (PSL) souhaitait que les croyants tentent de s’approcher des qualités du Divin et de vivre l’expérience de la proximité. Au-delà du jeûne du corps, le Prophète Muhammad (PSL) appelait à un jeûne de la langue et du cœur évitant ainsi le mensonge, les propos obscènes et vulgaires, lutter contre la haine de l’autre (qui qu’il soit) et les mauvaises sentiments. Il renforçait ce sentiment d’un souci quotidien de porter assistance aux pauvres. Le mois du Ramadan était à la fois le mois du Coran et le mois de la générosité, du don et de la solidarité. Le Prophète Muhammad (PSL) recommandait au croyant homme, femme ou enfant de verser à la fin du jeûne une aumône spéciale afin de protéger du besoin tous les membres de la communauté.

La quête de la proximité de l’Unique ne peut être vécue et parachevée que la proximité avec les pauvres : c’est bien le respect, le service envers ces derniers qui rapprochent de Dieu.

Yathrib 786
Le 16 septembre 2018

09 septembre 2018

La place de la femme dans la mosquée et l'histoire de Zaynab la fille du Prophète (PSL)


La fille du Prophète Muhammad (PSL),  Zaynab, avait été marié à Abû al-‘As, qui n’avait point accepté l’Islam. Ils étaient restés ensemble à la Mecque jusqu’à ce que le Prophète Muhammad (PSL) demande à Zaynab de venir s’installer à Médine avec sa petite fille Umâma. Zaynab aimait profondément son mari, mais les différents choix de vie les avaient finalement séparés. Toutefois, ni l’un ni l’autre ne s’était remarié.

Quelques mois après la bataille de la tranchée (al khandaq), le Prophète (PSL) envoya une expédition pour arrêter une riche caravane qurayshite qui passait par le nord.

Zayd qui était à la tête des cavaliers musulmans, s’empara du butin et fit prisonniers la majorité des hommes, tandis que d’autres réussirent à s’échapper. Parmi ces derniers se trouvait Abû al-‘As, qui décida, alors qu’il était en fuite sur la route qui le menait du nord à la Mecque, de passer par Médine pour rendre secrètement visite à sa femme et à sa fille. C’était en soi une folie mais le désir de sa voir sa femme et sa fille était plus fort. Il frappa à la porte et sa femme Zaynab le fit entrer. Il demeura chez elle. A l’aube, Zaynab se rendit comme à son habitude à la mosquée pour la prière (al-fajr).

Elle pénétra dans la mosquée et se plaça au premier rang des femmes juste derrière la rangée des hommes. Au moment où le Prophète (PSL) prononça la formule qui ouvre la prière, elle profita du court instant de silence pour lancer à très haute voix :

« Ô vous  ? Les gens ! Je donne ma protection à Abû al-‘As, fils de Rabî’ ! »

A la fin de la prière, le Prophète (PSL) fit confirmer par les fidèles qu’ils avaient comme lui entendu ce dont d’ailleurs il n’avait lui-même aucune connaissance auparavant. Il insista pour que la protection  offerte (par Zaynab ou par n’importe quel musulman ordinaire) soit respectée. Il s’approcha de sa fille qui lui exposa la situation d’Abû al-‘As. Tous les biens de celui-ci aient été pris lors de la récente expédition du Nord. Il était endetté car il s’agissait de dépôt appartenant à des gens de la Mecque. Le Prophète Muhammad (PSL) proposa à ceux qui qui étaient en possession de ces biens de les remettre à Abû al-‘As s’ils le désiraient. Ce que tous firent sans exception. Abû al-‘As récupéra donc les biens, et certains compagnons lui proposèrent de se convertir  à l’Islam et, ainsi, de faire siennes ces richesses. Il refusa, affirmant qu’entrer en Islam en commençant par trahir les dépôts aurait été malvenu. Il prit l’ensemble des biens, s’en retourna à la Mecque  et restitua sa dette à chaque propriétaire. Il revint ensuite à Médine, se convertit à l’Islam, et retrouva sa femme Zaynab et sa fille Umâma.


Ainsi la largesse et la générosité des premiers musulmans apparaissaient au grand jour. A l’exemple du Prophète Muhammad (PSL), ils n’avaient rien exigé d’Abû al-‘As. Il n’était point musulman. Il était membre d’un clan ennemi. Il refusa de se convertir et ils le laissèrent aller malgré tout en lui offrant la liberté de choisir et le temps nécessaire à son cheminement spirituel. Il reçut, même à un moment critique des relations entre les clans ,  la protection de la communauté musulmane. Et c’est une femme son épouse, la fille du Prophète (PSL), qui n’hésita pas à prendre publiquement et fortement la parole et à se faire entendre dans un espace sacré que partageaient les femmes et les hommes. Personne ne trouva rien à dire à cette intervention publique, qui se renouvellera en d’autres circonstances comme particulièrement célèbre dans l’histoire musulmane, où une femme apostropha dans la mosquée ‘Umar ibn al-Khattâb, de venu la Calife des musulmans, et lui signifiera une erreur de jugement qu’il reconnaîtra sur-le-champ.

L’espace de la mosquée était ouverte aux femmes, qui se plaçaient en ligne derrière les rangées des hommes. La gestuelles de la prière, lors des différentes stations, exige une disposition qui protège la pudeur, la décence et le respect. Les femmes étaient donc présentes à l’intérieur de ce même espace où elles priaient, étudiaient et s’exprimaient. Elles trouvaient de surcroît dans l’attitude du Prophète (PSL), l’exemple de l’élégance et de la galanterie. Le Prophète (PSL) exigeait des hommes qu’ils demeurent assis et permettent aux femmes de sortir les premières et de s’en retourner sans gêne. Il y avait toujours de la douceur et de la dignité dans son comportement vis-à-vis des femmes qu’il écoutait. Parce qu’il n’avait de cesse de protéger, de reconnaître et de promouvoir leur droit à exposer leurs opinions et à argumenter.


Yathrib 786
Le 09 septembre 2018