Les
Quraysh étaient déterminés à ne pas
laisser les musulmans accomplir le pèlerinage, tant les enjeux symboliques étaient
cruciaux. Mais aussi, ils ne connaissaient pas les véritables intentions du Prophète Muhammad (PSL).
Ils
décidèrent d’envoyer un émissaire du clan des Banû Khuzâ’a, Budayl ibn Warqâ, qui n’était pas en mauvais
terme avec aucun des clans en présence et pouvait donc agir médiateur. Il se
rendit auprès du Prophète (PSL) qui
l’assura que ses intentions n’étaient point belliqueuses et qu’il désirait
simplement accomplir le Petit Pèlerinage avec ses compagnons et s’en retourner.
Il ajouta qu’il était prêt néanmoins à
combattre ceux qui ne respecteraient point leur droit à se rendre librement,
comme tous les autres clans et tribus, dans le sanctuaire. Si néanmoins, les Quraysh avaient besoin de temps pour se
préparer à laisser la voie libre aux pèlerins, les musulmans attendraient à al-Hudaybiyya jusqu’à ce qu’ils aient
fini de s’organiser. Buday’l s’en
retourna à la Mecque et fit part aux
Quraysh de cette proposition. Mais
il reçut un accueil glacial et un net rejet notamment de la part de ‘Ikrima, le fils d’Abû Jahl.
‘Urwa se proposa d’aller
à la rencontre du Prophète Muhammad
(PSL) et de négocier avec lui, tout en jetant un œil plus scrupuleux sur la
composition des musulmans et les vraies intentions du Prophète Muhammad (PSL).
Il
se rendit auprès du Prophète (PSL)
et commença à discuter avec lui selon les méthodes et pratiques usuelles entre
clans arabes. Il lui parlait familièrement d’égal à égal, lui prenait la barbe
comme c’était l’habitude entre chefs de tribu, mais il se vit vite rappeler à l’ordre
par Mughira, un des Emigrants, qui le menaça de le corriger
s’il s’avisait de poursuivre ainsi. ‘Urwa
en fut surpris mais lorsque, avant de partir, il prit le temps de visiter le
camp des musulmans, il fut surpris par le respect et la dévotion des croyants à
l’égard du Prophète Muhammad (PSL). Il revint vers les Quraysh et tint le même
discours que Budayl :
« Il était plus sage de laisser entrer les musulmans, qui n’avaient clairement aucune intention guerrière. »
Il essuya toutefois le même refus.
Alors
que ‘Urwa était en mission, deux
autres tentatives de négociations avaient eu lieu. Hulays, des Banû al-Hârith,
était également venu s’entretenir avec le
Prophète (PSL). Ce dernier le reconnut de loin et, connaissait son respect
et celui de son clan des questions religieuses et sacrées. Il demanda à ce qu’on
envoie à sa rencontre le troupeau de chameaux destinés au sacrifice. Quand Hulays vit le troupeau, il comprit le
message et décida de s’en retourner sur-le-champ, persuadé que le Prophète Muhammad (PSL) avait bel et
bien l’intention d’accomplir pacifiquement le pèlerinage.
De
son côté, le Prophète (PSL) n’était
pas resté inactif. Il avait lui-même envoyé un émissaire du nom de Khirâsh auprès des Quraysh. Mais ‘Ikrima ne
l’écouta point, coupa les jarrets de son chameau, et il allait s’en prendre à
sa personne quand Hulays intervint
pour le protéger et demanda à ce qu’on le laissât s’en retourner sain et sauf
auprès du Prophète (PSL).
Quatre
négociations avaient donc échoué. Les Quraysh
apparaissaient plus que jamais intraitables. Le Prophète (PSL) décida qu’il fallait essayer une dernière
tentative en envoyant un émissaire suffisamment respecté et protégé à la Mecque
pour qu’on lui réserve un autre sort qu’à Khirâsh.
Le choix porta sur ‘Uthmân ibn ‘Affân,
son gendre. ‘Uthmân avait de solides
relations claniques à la Mecque et
que personne n’oserait s’attaquer à lui.
Celui-ci
fut effectivement bien reçu, mais il essuya le même refus que ses prédécesseurs.
Les Quraysh ne laisseraient point
les musulmans accomplir leur pèlerinage. Il pouvait lui s’il le voulait
accomplir les circumambulations autour de la ka’ba. Mais il n’était pas question d’y laisser pénétrer le Prophète Muhammad (PSL) et ses
hommes. ‘Uthmân refusa cette offre.
Sa mission s’était prolongé et, pendant trois jours. Le Prophète (PSL) n’eut pas d’informations le concernant. La rumeur
se répandit que ‘Uthmân avait été
tué, et le Prophète (PSL) en eut un
chagrin intense.
Une
telle action de la part des Quraysh
et qui auraient tué un émissaire pendant le mois sacré et refusaient de
respecter le droit légitime des musulmans
de visiter la Ka’ba. Ce refus
ne pouvait être entendu par les musulmans que comme une nouvelle déclaration de
guerre, alors que, à quatre reprises, ils avaient répété leurs intentions
pacifiques. Il fallait se préparer au pire.
Yathrib786
Le 30 septembre
2018