Les travaux commencèrent
immédiatement. L’ensemble de la ville y participa. On déterminera le terrain où
la tranchée devait être creusée, et d’autres où les roches et la configuration
du territoire empêcheraient de fait l’ennemi de pouvoir passer. Les journées de
travail étaient longues et les compagnons se mettaient à creuser après la
prière du matin jusqu’à la tombée de la nuit
Le Prophète Muhammad (PSL) participait aux travaux. Ses compagnons l’entendaient
tantôt invoquer Dieu, tantôt réciter
des poèmes, tantôt entonner certains chants qu’ils reprenaient en chœur. Ces
moments de communion dans le travail façonnaient la fraternité, le sens de l’appartenance,
en même temps qu’ils permettaient collectivement des sentiments, des
aspirations et des espérances. Le
Prophète (PSL), par les invocations, la poésie et le chant permettait aux
femmes et aux hommes de sa communauté, au-delà de communier dans le verbe des
émotions et de la musicalité des cœurs qui traduisent l’appartenance à une
commune expression de soi, à un imaginaire collectif, à une culture. Ils
n’étaient pas seulement unis par ce qu’ils recevaient de l’Unique, et en quoi ils avaient foi, mais également par leur façon
de se dire, de s’exprimer, de traduire des sentiments et de se projeter dans l’univers.
La communion de la foi, de
l’intimité du sens, ne peut rester éthérée. Elle n’entretient son énergie
unificatrice que si elle se marie avec la communion du dire et de l’agir dans
un espace commun de références sociales
et culturelles.
La foi a besoin de
culture. Le Prophète Muhammad (PSL),
au moment où il lui faut unir les forces de ses compagnons, mobilise donc tous
les registres de leur être au monde pour parachever l’unité de la communauté :
-
La
foi profonde en l’Un
-
Le
verbe poétique des sentiments
-
La
musicalité du chant des émotions
De l’intérieur de sa
communauté, vivant le quotidien de ses compagnons, il témoigne que, s’il est au
service de l’Unique au-delà du temps et de l’espace, il vit bien leur histoire
et partage leur culture : il est l’un des leurs.
Les travaux se
poursuivaient. La tranchée qui se dessinait était une belle réussite. Il serait
impossible aux cavaliers ennemis de la franchir en aucun point. Les archers
musulmans n’auraient aucune peine à les empêcher de s’engager dans toute
tentative trop audacieuse. Avant de s’installer dans la cité, les Médinois firent la récolte de toutes
les cultures de l’oasis afin que leur arrivée, les armées ennemies ne puissent
que sur leurs réserves en nourriture. L’ennemi était maintenant à proximité, et
il était urgent de retourner s’installer à l’intérieur de la cité en deçà de la
tranchée en attendant sa venue.
Yathrib 786
Le 15 juillet 2018
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