15 juillet 2018

Al-Khandaq : la tranchée


Les travaux commencèrent immédiatement. L’ensemble de la ville y participa. On déterminera le terrain où la tranchée devait être creusée, et d’autres où les roches et la configuration du territoire empêcheraient de fait l’ennemi de pouvoir passer. Les journées de travail étaient longues et les compagnons se mettaient à creuser après la prière du matin jusqu’à la tombée de la nuit

Le Prophète Muhammad (PSL) participait aux travaux. Ses compagnons l’entendaient tantôt invoquer Dieu, tantôt réciter des poèmes, tantôt entonner certains chants qu’ils reprenaient en chœur. Ces moments de communion dans le travail façonnaient la fraternité, le sens de l’appartenance, en même temps qu’ils permettaient collectivement des sentiments, des aspirations et des espérances. Le Prophète (PSL), par les invocations, la poésie et le chant permettait aux femmes et aux hommes de sa communauté, au-delà de communier dans le verbe des émotions et de la musicalité des cœurs qui traduisent l’appartenance à une commune expression de soi, à un imaginaire collectif, à une culture. Ils n’étaient pas seulement unis par ce qu’ils recevaient de l’Unique, et en quoi ils avaient foi, mais également par leur façon de se dire, de s’exprimer, de traduire des sentiments et de se projeter dans l’univers.

La communion de la foi, de l’intimité du sens, ne peut rester éthérée. Elle n’entretient son énergie unificatrice que si elle se marie avec la communion du dire et de l’agir dans un espace commun de références sociales  et culturelles.
La foi a besoin de culture. Le Prophète Muhammad (PSL), au moment où il lui faut unir les forces de ses compagnons, mobilise donc tous les registres de leur être au monde pour parachever l’unité de la communauté :

-        La foi profonde en l’Un
-        Le verbe poétique des sentiments
-        La musicalité du chant des émotions


De l’intérieur de sa communauté, vivant le quotidien de ses compagnons, il témoigne que, s’il est au service de l’Unique au-delà du temps et de l’espace, il vit bien leur histoire et partage leur culture : il est l’un des leurs.

Les travaux se poursuivaient. La tranchée qui se dessinait était une belle réussite. Il serait impossible aux cavaliers ennemis de la franchir en aucun point. Les archers musulmans n’auraient aucune peine à les empêcher de s’engager dans toute tentative trop audacieuse. Avant de s’installer dans la cité, les Médinois firent la récolte de toutes les cultures de l’oasis afin que leur arrivée, les armées ennemies ne puissent que sur leurs réserves en nourriture. L’ennemi était maintenant à proximité, et il était urgent de retourner s’installer à l’intérieur de la cité en deçà de la tranchée en attendant sa venue.


Yathrib 786
Le 15 juillet 2018

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