Une grande partie des Banû Nadir s’installèrent à Khaybar après leur exil loin de Médine. Ils espéraient prendre leur
revanche au plus vite. Ils savaient, comme c’était le cas de toutes les tribus
de la péninsule, que les Quraysh
préparaient une attaque d’envergure pour écraser la communauté musulmane et
ainsi mettre fin définitivement à la mission du Prophète Muhammad (PSL).
Le chef des Banû Nadîr, Huyay, accompagné de notables de Khaybar, se rendit à la Mecque et scella avec les Qurayshites une alliance dont les termes ne souffraient aucun doute. Il fallait attaquer le Prophète Muhammad (PSL) et sa communauté et les éliminer. Pour ce faire, ils contractèrent d’autres tribus pour les intégrer au pacte. Ainsi les Banû Asad, les Banû Ghatafân et les Banû Sylaym s’engagèrent à leurs côtés. Seuls les Banû ‘Amir, parmi lesquels le Prophète Muhammad (PSL) avait pris une épouse, et qui avaient déjà fait montre d’une fidélité inébranlable (à l’exception de quelques membres de la tribu).
Le chef des Banû Nadîr, Huyay, accompagné de notables de Khaybar, se rendit à la Mecque et scella avec les Qurayshites une alliance dont les termes ne souffraient aucun doute. Il fallait attaquer le Prophète Muhammad (PSL) et sa communauté et les éliminer. Pour ce faire, ils contractèrent d’autres tribus pour les intégrer au pacte. Ainsi les Banû Asad, les Banû Ghatafân et les Banû Sylaym s’engagèrent à leurs côtés. Seuls les Banû ‘Amir, parmi lesquels le Prophète Muhammad (PSL) avait pris une épouse, et qui avaient déjà fait montre d’une fidélité inébranlable (à l’exception de quelques membres de la tribu).
Les forces réunies étaient
impressionnantes et lorsque les armées se mirent en marche de Médine, il leur
semblait évident que les musulmans ne pourraient point leur résister. En effet,
le contingent des Quraysh et de
leurs alliés venus du Sud était de
plus de quatre mille hommes, tandis qu’une seconde venait du Najd, à l’est composée de tribus
éparses, réunissait près de six mille combattants. La ville de Médine allait être attaquée sur deux
fronts, puis encerclée par dix mille guerriers : il était bien difficile d’imaginer
que ses habitants en réchappent. L’oncle du Prophète, ‘Abbas, envoya secrètement une délégation à Médine au moment où les armées se mirent en route, afin d’avertir le Prophète (PSL) de l’attaque et de son
envergure.. Au moment où la délégation arriva à Médine, il ne restait aux
Médinois (selon leur calcul quant à l’avancement des troupes) qu’une petite
semaine pour déterminer une stratégie de résistance. Il ne pouvait espérer
réunir plus de trois mille combattants, soit trois fois moins que leurs
ennemis.
Comme de coutume, le Prophète Muhammad (PSL) réunit ses
compagnons et les consulta sur la situation et le plan d’action à mettre en œuvre.
D’aucuns étaient d’avis qu’il fallait aller à la rencontre de l’ennemi, comme
cela avait été le cas à Badr, car une résistance à l’intérieur de Médine était
impensable. D’autres pensaient au contraire que seule l’attente à l’intérieur
de la ville leur donnerait quelque chance de succès, et qu’il fallait tirer les
enseignements de la déroute de ‘Uhud.
Parmi les compagnons se trouvait Salmân, d’origine Perse, dont l’histoire était singulière à plus d’un point de vue.
Il avait était en quête de la vérité et de Dieu
depuis bien longtemps, et il s’était rapproché de la Mecque en espérant vivre
dans la proximité du nouveau Prophète
Muhammad (PSL). Les circonstances ne lui avait été guère favorables, et il
avait fini par être réduit à l’esclavage dans la tribu des Banû Qurayza. Le Prophète
(PSL) et ses compagnons réunirent la somme nécessaire à son
affranchissement et, depuis peu il était libre et participait à la vie de la
communauté tout en se distinguant par sa ferveur et son engagement. Salmâ se leva et prit la parole en
proposant une stratégie inconnue des Arabes :
« Ô Envoyé de Dieu, lorsqu’en Perse nous craignons une ataque d’une cavalerie, nous creusions une tranchée autour de la ville. Creusons donc une tranchée autour de nous ! » (Ibn Hishâm, op., cit., vol.4, p. 170)
L’idée était surprenante, mais
elle séduisait l’ensemble des compagnons et fut immédiatement retenue. Il
fallait faire vite : il restait une semaine pour creuser autour de la
ville, une tranchée suffisamment large et profonde pour que les chevaux ne
puissent la franchir.
C’était la troisième grande
confrontation avec les Quraysh. C’était dans les faits, la
troisième stratégie adoptée :
- Badr avec la disposition autour des puits- ‘Uhud : avec l’utilisation stratégique de la colline- Khandaq : avec cette technique de l’attente et de la mise à distance de l’ennemi qui paraissait étre le seul moyen de le contenir et , le cas échéant, de retourner la capacité de résistance, si le siège venait à durer.
Cette inventivité en matière de
stratégie militaire en dit long sur la façon dont le Prophète (PSL) enseignait à ses compagnons tant la profondeur de la
foi que l’exploitation de la créativité intellectuelle en toute circonstance.
Le Prophète Muhammad (PSL) n’avait point hésité à emprunter une
technique de guerre étrangère, proposée par Salmân le Persan (al-Fârisî), et à l’adapter à leur situation à Médine. Le génie des peuples, la
sagesse des nations et la saine créativité humaine étaient intégrées à leur
univers de pensée sans hésitation ni frilosité.
Le Prophète Muhammad (PSL) affirmera avec force :
« La sagesse (humaine) est le bien égaré du croyant, il en est le premier propriétaire quel que que soit le lieu où il la trouve. » (Hadith rapporté par at-Timidhî et Ibn Majâh)
C’était là une invitation à
étudier ce que les hommes pensent et produisent de mieux, et à le faire sien
comme participant du patrimoine universel (du mâ’rûf, du bien commun reconnu) de l’humanité. Plus largement, cela
signifiait qu’il fallait savoir être curieux, inventif et créatif dans la
gestion des affaires humaines. C’est ce que montait la manière dont le Prophète Muhammad (PSL) appréhendait la
guerre et ses stratégies mais au-delà sa manière de considérer l’univers les
idées et la culture.
Yathrib 786
Le 08 juillet 2019
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