22 septembre 2019

La mort du Prophète Muhammad (PSL) : une tristesse profonde


L’annonce de la disparition du Prophète Muhammad (PSL) se répandit à travers Médine et dans les environs. La tristesse était grande. Les visages consternés. Les sanglots, les larmes et parfois des cris traduisaient l’ampleur de la douleur. Aïcha posa sa tête sur un coussin et joignit ses lamentations à celles des autres épouses :


« L’Envoyé de D’Allah n’est plus »


Le Prophète Muhammad (PSL) avait recommandé d’apprendre à exprimer sa peine sans débordements, sans hystérie, avec mesure et dignité.

Ousâma, averti, et dont l’armée était déjà en marche vers le nord, revint sur ses pas. Revinrent aussi Umar et un certain nombre de compagnons. Umar refusa de croire à la rumeur en train de s’amplifier comme un fleuve en crue. Dans la mosquée, il annonça aux fidèles qu’il interpella violemment, que le Prophète (PSL) s’était simplement retiré dans l’Esprit et que, bientôt, il retournerait parmi eux.



« Le Messager d’Allah n’est pas mort ; il est simplement retourné à son Seigneur, à l’exemple de Moussa b. Omrâne (Moïse) qui a disparu aux regards de son peuple pendant quarante jours pour revenir après, alors même qu’on alléguait qu’il était mort. Par Allah, le Messager d’Allah sera de retour comme Moussa : il coupera les mains et les pieds de ceux qui ont prétendu qu’il était mort. »



Revenu précipitamment de Sunh, sa ferme sise dans les faubourgs de la ville, Abou Bakr s’était rendu à la maison de sa fille Aïcha et, soulevant le pan de tunique dont on avait voilé le visage de l’Apôtre (PSL). Il l’embrassa et dit :



« Ô toi qui m’est plus cher que mon père et ma mère, tu viens de goûter à la mort que Dieu avait décrétée pour toi. Désormais, plus aucune mort ne saurait t’atteindre. » (Ibn Hishâm, op. cit., Vol. 6, p 275)


Puis le visage fermé, Abû Bakr se rendit à la Mosquée où Umar continuait de haranguer la foule. Abu Bakr lui demanda de se calmer.

Prenant néanmoins la parole, Abû Bakr, après avoir rendu grâces au Tout puissant, prononça alors ces quelques mots admirables et dont l’histoire de l’Islam n’a pas cessé depuis de retenir :


« Que ceux d’entre vous qui adoraient Muhammad sachent que Muhammad est mort, quant à ceux qui adoraient Dieu, qu’ils sachent que Dieu est le Vivant, qui jamais ne meurt. » (Ibn Hishâm, op. cit., Vol. 6, p 275)

« Muhammad n’est qu’un Messager avant lequel des Messagers sont déjà passés. Est-ce que, s’il meurt ou s’il est tué, vous reviendrez sur vos pas ? Quiconque reviendra sur ses pas ne nuira pas à Dieu ; et Dieu récompense ceux qui sont reconnaissants. » (Sourate 3 verset 144)


Umar comprit comme tous les musulmans que le Prophète (PSL) était parti, qu’il les avait quittés. Ce vide qui s’était soudain installé devait désormais être empli par leur foi en l’Un, « le Vivant qui ne meurt jamais ».

Abû Bakr, si sensible qui pleurait si souvent et si intensément en lisant le Coran, avait accueilli la nouvelle de la mort du Prophète (PSL) avec à la fois une profonde tristesse et un calme extraordinaire, une force intérieure insoupçonnable. 

A cet instant, les rôles étaient inversés, et le Prophète (PSL) à travers son départ nous offrait en miroir un ultime enseignement dans les profondeurs de la spiritualité, la fragilité de la sensibilité peut offrir une force d’être que rien ne peut ébranler. 

Le chemin qui mène à la sagesse et à la force en Dieu, passe inévitablement par la conscience et la reconnaissance de nos fragilités. 



Yathrib786
Le 22 septembre 2019

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