Quelques mois après son
retour de Médine (11e
année de l’hégire, le Prophète Muhammad
(PSL) décida d’envoyer une dernière expédition vers le Nord, à proximité de
Mu’ta et de la Palestine. C’était là que Ja’far,
Abd Allah et Zayd furent tués quelques
années auparavant. Il choisit, à la surprise générale, d’en confier la
direction au jeune Usâma, le fis de Zayd, âgé de vingt-trois ans seulement.
Se trouvaient dans cette grosse armée de trois mille hommes, des hommes tels
que ‘Umar et d’autres compagnons expérimentés.
Ce choix fut critiqué et le Prophète (PSL) réagit très vite et mit un terme aux
conciliabules des uns et des autres en proclamant :
«Vous critiquez le choix d’Usâma pour le commandement de l’armée, comme jadis vous avez critiqué celui de son père Zayd. Or Usâma est vraiment digne du commandement que je lui confie comme l’avait été on père avant lui.» (Ibn Hishâm, op., cit., vol. 6, p.12 (note 3))
Hier certains musulmans
avaient réagi au choix de Zayd, car
celui-ci n’était finalement à leurs yeux qu’un ancien esclave affranchi ;
aujourd’hui les mêmes ou d’autres s’opposent au choix de son fils, peut-être
pour sa filiation mais surtout pour sa jeunesse. Le prophète (PSL), par la confirmation de ses choix, les informait
que ni l’origine sociale d’un homme ni son âge ne devaient l’empêcher d’accéder
à l’autorité et au pouvoir s’il en avait les compétences spirituelles, intellectuelles
et morales. Ainsi, il fallait faire preuve de discernement en offrant une
réelle égalité de chances aux plus démunis de la société et en faisant
confiance aux plus jeunes, afin que tous puissent exprimer leurs compétences et
leurs talents. Sur un plan plus global, il s’agissait d’une belle leçon d’humilité
adressée aux plus anciens. Le Prophète
(PSL) souhaitai leur faire vivre le jihâd intérieur, le grand jihâd, obéir
à un homme qui aurait pu être leur fils et ce faisant, se souvenir que leur
temps, comme celui de tout homme était compté.
Par ce simple choix, le Prophète Muhammad (PSL) leur enseignait qu’il
faut avoir la sagesse d’apprendre à passer la main, à déléguer, à restituer l’autorité
à ceux qui ont la jeunesse et la force de créer et de construire, quand le
temps a naturellement érodé l’énergie de ceux qui, désormais, doivent apprendre
à s’en aller.
Cette sagesse est plus qu’actuelle
dans un monde où les mêmes veulent toujours être aux avants postes. Apprendre à
déléguer et à associer les jeunes pour leurs permettre à leur tour d’apprendre
à exercer l’autorité. Et ensuite de repasser la main à leur tour.
Le
Prophète (PSL) fit ses recommandations au jeune Usâma et lui demanda de se mettre en
route au plus vite. La soudaine maladie du Prophète
(PSL) allait empêcher ce départ. L’expédition resta en attente à proximité
de Médine durant toutes ses journées de doute quant à l’évolution de la santé
du Prophète (PSL). C’est Abû
Bakr qui, quelques semaines plus tard, et selon le souhait du Prophète (PSL) demanda à Usâma de mener à bien cette expédition.
Il lui rappela les enseignements du Prophète (PSL) en matière d’éthique de la guerre. Le Prophète (PSL) n’avait de cesse de rappeler et d’insister sur
les principes que les musulmans devaient respecter vis-à-vis du camp ennemi :
«Ne tuez pas les femmes, les enfants et les vieillards. Ne vous livrez pas à des actions perfides. Ne vous égarez pas du droit chemin. Ne mutilez jamais. Ne détruisez pas les palmiers, ne brûlez pas les habitations, les champs de blé, n’abattez jamais des arbres fruitiers et ne tuez le bétail que lorsque que vous serez contraints à le manger. A mesure que vous avancerez, vous rencontrerez des religieux qui vivent dans des monastères et qui servent Dieu dans la retraite. Laissez-les seuls, ne les tuez point et ne détruisez pas leurs monastères.» (Ibn Jarîr at-Tabarî, Tarikh ar-Rasul wal-Mulûk, al Matba’a al-Husaniyya, le Caire, 1905, tome 3, p. 213-214)
Abû
Bakr
synthétisait dans ces quelques lignes les enseignements fondamentaux du Prophète Muhammad (PSL) en matière de
conflit ou en relation avec le respect de la Nature et le traitement des
animaux.
A la fin de la bataille d’Hunayn, le Prophète (PSL) qui passait à côté d’un groupe attroupé auprès d’une
femme étendue sur le sol, apprit qu’elle avait été tuée par Khâlid ibn al-Walîd (dont la conversion
à l’Isläm était assez récente dans
ce contexte). Il en fut profondément fâché et demanda que l’on aille
transmettre à Khâlid le message
suivant :
«L'Envoyé de Dieu interdit de tuer les enfants, les femmes et les esclaves.» (Ibn Hishâm, op., cit., vol. 5, p. 127)
Il était déjà intervenu en
son encontre lorsque celui-ci avait tué des hommes qui s’étaient rendus après
une bataille.
La guerre n’était jamais
désirable, mais lorsque les musulmans y étaient contraints parce qu’ils étaient
attaqués, agressés ou menacés dans leur survie, ils devaient s’en tenir à la
stricte nécessité du combat contre les forces ennemies. Et si ces dernières
désiraient la paix ou se rendaient, il fallait cesser la guerre :
«Et s’ils inclinent à la paix, incline vers cel-ci toi aussi de la même façon et place ta confance en Dieu, car c’est Lui l’Audient, l’Omniscient.» (Sourate 8, verset 61)
La création est pleine de
signes qui disent la bonté et la générosité de son Créateur et, en cela, elle est un espace sacré dont le respect s’apparente
à une aumône (sadaqa) et à une
invocation. La protection des palmiers, des arbres fruitiers et de la
végétation en situation de guerre au-delà en n’importe quelle situation est la
conséquence d’un enseignement beaucoup plus global transmis par le Prophète (PSL) à tous les musulmans
sans exception.
A côté de Sa’d ibn Abî Waqqâs en train de faire
ses ablutions, le Prophète (PSL)
linterpella :
«Qu’est-ce que ce gaspillage, ô Sa’d»«Y a-t-il gaspillage dans les ablutions, demanda Sa’d»«Oui, répondit le Prophète (PSL), et ce même en utilisant l’eau courante d’une rivière.» (Hadith rapporté par Ahmad et Ibn Mâjah)
L’eau est un élément central
dans tous les enseignements et toutes les pratiques rituelles car, elle
représente la purification du corps comme celle de l’intériorité spirituelle.
«Quand le croyant fait ses ablutions et se lave le visage, tous les péchés qu’il a commis avec ses yeux partent avec l’eau, et quand il se lave les mains, tous les péchés commis avec ses mains partent avec l’eau, ….» (Hadith rapporté par Abû Dâwud)
Le fait que le Prophète
(PSL) insiste sur le refus du gaspillage « même avec l’eau courante d’une
rivière » indique qu’il place le respect de la Nature au niveau d’un
principe premier qui doit réguler les comportements quelles que soient la
situation et les conséquences de l’agir humain. Il ne s’agit pas d’une écologie
née du pressentiment de catastrophes mais d’une sorte « d’écologie en amont » qui fait
reposer les rapports de l’homme et de la Nature sur un socle éthique.
Yathrib786
Le 01 septembre 2019
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