08 septembre 2019

Le Prophète Muhmmad (PSL), le Sceau de la Prophétie (PSL), venait de rendre son dernier souffle



Quelques semaines après le mois du Ramadân de la 11e année de l’Hégire, le Prophète Muhammad (PSL) se rendit à Uhud, où avait eu lieu la seconde bataille entre les musulmans et les Quraysh, et il fit une prière d’adieu à l’intention des hommes qui y avaient été tués. Il s’en retourna à la Mosquée de Médine, s’installa sur le minbar (la chaise surélevée d’où l’Imam s’adresse aux fidèles). Il commença par leur dire :


« Je vous devance devant l’Au-delà et je serai témoin de vos actes. »
« Je ne crains pas que vous redeveniez polythéistes après moi, mais que vous vous querelliez au sujet des richesses de ce monde. » (Hadîth rapporté par l-Bukhâri)


Ces mots exprimaient clairement qu’il devait se préparait à quitter cette vie. Dans le même souffle, il exprimait une crainte pour l’avenir de sa communauté spirituelle. Ce n’est point la foi qui vous quittera, leur disait-il, mais c’est le monde avec ses illusions qui vous dominera. Et les deux coexisteront en vous (la foi et les illusions du monde). Vous continuerez à prier Dieu, l’Unique, mais que vous serez divisés à cause des honneurs,  de l’argent, du pouvoir ou de vos différentes appartenances qui vous feront oublier la fraternité qui vous unit.

Lors de la nuit qui suivit, le Prophète Muhammad (PSL) se rendit au cimetière d’al-Baqî, à Médine, afin d’aller saluer ses occupants. Il ponctua ses invocations en disant :


« Vous êtes les premiers, vous nous avez devancés, nous vous suivons, nous vous rejoignons. »


C’est sur le chemin du retour que le Prophète Muhammad (PSL) ressentit à la tête une douleur intense qui n’allait plus le quitter durant près de quinze jours et nécessita son alitement. Il continua d’abord à diriger la prière en commun, malgré un mal de tête et une fièvre qui le faisait beaucoup souffrir. Les jours passaient, la maladie empirait, et le Prophète Muhammad (PSL) devait rester de plus e plus allongé. Il se trouvait alors chez son épouse Maymûna. Et il demanda avec insistance chez laquelle il devait aller le lendemain, puis le surlendemain.  Maymûna comprit qu’il désirait se rendre chez ‘Aïsha, et elle en parla aux autres épouses. Il fut décidé que le Prophète (PSL) serait immédiatement transféré chez cette dernière. ‘Abbâs et ’Alî l’y conduisirent.
Il était depuis quelques jours ‘Aïsha quand la fièvre grimpa, et sa tête lui fit soudain intensément mal. Il s’évanouit puis, quand il reprit connaissance, il demanda  à ce qu’on lui verse sept outre d’eau sur le visage. Après quelques heures, il allait un peu mieux et décida de se rendre à la Mosquée la tête bandée. Il s’assit sur le minbar, s’adressa aux compagnons présents en leur parlant des tombeaux, en leur ordonnant avec insistance de ne jamais transformer sa propre tombe :


« Ne commettez point d’actes d’idolâtrie sur sa tombe. »  (Hadîth rapporté par Mâlik)


Il était le Messager de Dieu (PSL), mais il demeurait un homme. Il savait combien l’amour des compagnons était profond à son égard. Il leur rappelait de ne point commettre l’erreur de ceux qui les avaient précédés en idéalisant leurs prophètes. Dieu seul est digne d’être adoré.

Puis le Prophète (PSL) se leva et demanda s’il était en dette de quoi que ce soit vis-à-vis de l’un ou l’autre des compagnons. Avait-il offensé ou frappé quelqu’un, alors il fallait que celui-ci se manifeste pour que la situation soit réglée. Un homme se leva et rappela que celui-ci lui devait trois dirhams. Le Prophète (PSL) demanda qu’on lui restitue immédiatement son bien.
Le Prophète (PSL) se rassit sur le minbar et confia :


« Dieu, le Très-nob, a offert à l’un de Ses serviteurs la possibilité de chosir entre les biens de ce monde et ce qui est auprès de lui, et il a choisi ce qui est auprès de Dieu. » (Ibn Hishâm, op. cit., vol. 6, p. 64)


A ces mots, Abû Bakr fondit en larmes, car il avait le premier compris, du plus profond de son amour pour le Prophète (PSL), que ce dernier parlait de lui-même et de son imminent départ. L’Envoyé de Dieu (PSL) l’apaisa continua à s’adresser à l’assemblée tout en parla directement au cœur d’Abû Bakr à l’égard duquel il réglait directement et publiquement une intime dette d’amour, à la fois profonde et intense :

« Le compagnon qui me fut le plus généreux de par sa compagnie et ses biens est Abû Bakr. Si je devais avoir un ami intime, en dehors de Dieu, ce serait Abû Bakr, mais les sentiments de fraternité et d’affection islamiques sont préférables. » (Ibn Hishâm, op. cit., vol. 6, p. 64)

Leur communication était publique mais, au fond, tellement singulière, tellement personnelle, tellement secrète. Les larmes d’Abû Bakr disaient l’amour et effaçaient la dette.

Le Prophète Muhammad (PSL) fit quelques recommandations orales sur la foi, la pratique et l’entretien de la Ka’ba. Il voulut ensuite se rendre à la Mosquée, mais la douleur était si intense que, lorsqu’il essaya de se lever, il finit par s’évanouir. A son réveil, il demanda si les gens avaient déjà prié. ‘Aîsha l’informa que ceux-ci l’attendaient. Il tenta de se relever à nouveau mais s’évanouit encore. Lorsqu’il reprit connaissance pour la seconde fois, il posa la même question, et il fut informé que les musulmans l’attendaient toujours. Il dit à ‘Aîsha de faire en sorte que les gens prient et que ce soit Abû Bakr qui dirige la prière.

Il en fut de même les jours suivants. ‘Aïsha intervint à plusieurs reprises pour exempter son père de diriger la prière. A chacune de ses interventions, elle reçut la même réponse ferme et déterminée. La sensibilité et les larmes d’Abû Bakr avaient un secret, et le Prophète (PSL) resta ferme sur son choix.

Le surlendemain, alors que la maladie lui laissait quelque répit, il put se rendre à la Mosquée pendant que les musulmans priaient le zuhr (la prière du midi) derrière Abû Bakr. Ce dernier voulait reculer et laisser la place au Prophète (PSL). Il l’en empêcha et vint s’asseoir à sa gauche. Le Prophète (PSL) dirigea ainsi le reste de la prière tandis qu’Abû Bak répétait d’une voix plus forte les formules accompagnant les changements de position.

Ce fut la dernière apparition du Prophète (PSL) dans la Mosquée. Durant la journée du lendemain, il fit distribuer l’ensemble de ses biens, ses derniers dinars comme sa cotte de maille. Il continua à formuler quelques conseils aux uns et aux autres. Il répéta à plusieurs reprises qu’il fallait se montrer  bienveillant à l’égard des esclaves, des démunis et des pauvres. Le lendemain matin, un lundi, à l’heure de la prière de l’aube, le Prophète (PSL) souleva le rideau qui lui permettait, depuis sa demeure, d’observer les musulmans dans la mosquée. On le vit esquisser un sourire. Ils furent surpris par ce geste et pensèrent que le Prophète (PSL) allait les rejoindre, mais le rideau se baissa et le Prophète (PSL) ne réapparut point.  Pendant les heures qui suivirent, Fâtima, sa fille, vint lui rendre visite et fît une remarque pleine de compassion devant l’intensité de la souffrance que ressentait l’Envoyé de Dieu (PSL).
Celui-ci lui confia :


« Il n’y aura plus, après ce jour-ci, de souffrance pour ton père. » (Hadîth rapportée par Bukhâri)


‘Aïsha vint s’asseoir au côté du Prophète (PSL) et serra contre elle et posa sa tête sur sa poitrine tout en le caressant pour apaiser ses souffrances. ‘Abd ar-Rahmân, le frère d’Aîsha, entra dans la pièce avec un siwak (un petit bâtonnet pour nettoyer les dents) à la main. Le Prophète (PSL) l’observa de telle manière qu’Aïsha comprit qu’il le voulait. Elle l’humidifia en mâchant et le donna au Prophète (PSL) qui se frotta les dents avec une vigueur étonnante compte tenu de son état de faiblesse générale. Le souci de l’hygiène accompagna l’Envoyé de Dieu (PSL) jusqu’à ses derniers instants. Il savait l’importance de conserver son corps sain et en bonne santé.

L’écoute et l’entretien du corps comme l’hygiène sont deux dimensions et deux conditions de l’élévation spirituelle. Et le Prophète (PSL), durant les derniers instants de sa vie, reçut de la tendresse et se brossa énergiquement les dents.

Ainsi, le Prophète (PSL) de rappeler que l’une des premières questions posées au croyant le Jour du jugement dernier concernait le traitement que celui-ci avait octroyé à son corps. (Hadîth rapporté par at-Tirmidhî)

Contre toutes les illusions, le corps est au fond un dépôt temporairement offert à la conscience e au cœur de chaque être et, un fois encore, avant de partir, il faut avoir soldé sa dette.
Le Prophète Muhammad (PSL) ferma les yeux. ‘Aïsha le tenait tout contre elle, et elle l’entendait murmurer :
« Au paradis, dans l’union suprême… »

Puis il récita la fin du verset :


« … avec ceux que Dieu aura comblés de Sa grâce, les Prophètes, les saints, les martyrs et les justes : que ce sont d’excellents compagnons. » (Sourate 4 verset 69)
Il répéta trois fois : « Dans l’union suprême ! » (Ibn Hishâm, op. cit., vol. 6, p. 73, note 1)


Son avant-bras flancha soudain, et sa tête se fit plus lourde. Aîsha comprit que le Prophète (PSL), le Sceau de la Prophétie (PSL), venait de rendre son dernier souffle. Il venait de rejoindre son Seigneur, son Educateur, son Ami qui l’avait rappelé à Lui pour qu’il trouve enfin la Paix au-delà de l’humanité des Hommes auxquels il avait été envoyé afin de porter le dernier message de l’Infiniment Bon. Depuis ce jour, la communauté spirituelle des croyants n’a cessé, à travers les horizons et les âges, de saluer et de prier le dernier Prophète (PSL) et de réciter de tout son cœur et de tout son Amour :


« En vérité, Dieu et ses Anges prient sur le Prophète. Ô vous qui portez la foi, appelez sur lui les prières et les salutations de paix. » (Sourate 33 verset 56)


Yathrib786
Le 08 septembre 2019

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