03 juin 2018

‘Uhud, une défaite, un principe


Les musulmans s’en étaient retournés à Médine, atteints, déçus et profondément dépités par la tournure des évènements. Leurs morts étaient nombreux, leur défaite était due à une désobéissance motivée par l’appât du gain. Le Prophète Muhammad (PSL) était blessé et les Quraysh allaient bien sûr recouvrer leur dignité et leur statut dans la péninsule.

A son arrivée à Médine, le Prophète Muhammad (PSL) ne perdit pas de temps et appela l’ensemble des combattantes et des combattantes  qui avaient participé à la bataille d’Uhud (même les combattants blessés) à se préparer à une nouvelle expédition. Il refusa la proposition de ‘Abd Allah ibn Ubayy de se joindre à eux après qu’il eut déserté des rangs juste avant la batille.

Le Prophète Muhammad (PSL) n’avait informé personne de ses véritables intentions. Il se rendit à Hamrâ’, campa sur place et demanda à chacun de préparer dix  feux afin de les allumer pendant la nuit. Ces feux donnaient l’impression qu’une imposante armée s’était déplacée.

Le Prophète Muhammad (PSL) avait mis en scène cette manœuvre pour faire croire aux Qurayshites qu’il préparait un immédiate revanche et qu’il serait périlleux d’attaquera Médine. Il envoya un émissaire (encore une fois un païen) auprès d’Abû Sûfyân pour l’informer de cette extraordinaire déploiement de forces des musulmans. Abû Sûfyân fut impressionné et décida de ne pas attaquer Médine, contrairement à sa première intention qui était de tirer profit de l’affaiblissement des musulmans. Les choses en restèrent là. L’expédition repartit de Hamrâ’ trois jours plus tard, et la vie reprit son cours.

Dans les jours qui suivirent, le Prophète Muhammad (PSL) reçut une Révélation qui revenait sur la batille d’Uhud, et en particulier sur les désaccords à propos de la stratégie, la désobéissance, la défaite, puis l’attitude du Prophète (PSL) lui-même.

Ce dernier resta digne et confiant vis-à-vis des compagnons qui avaient été emportés par leurs désirs de richesse et qui lui avaient désobéi.


« C’est par un effet de la grâce de Dieu que tu fus conciliant (doux) à leur égard et tu t’étais montré rude, dur de cœur, ils se seraient détournés (détachés) de toi. Pardonne-leur et implore le pardon de Dieu en leur faveur ! Consulte-les quand il s’agit de prendre une décision ! Une fois la décision prise, place ta confiance en Dieu car Dieu aime ceux qui mettent leur confiance en lui. » (Sourate 3, verste 159)


A l’origine de la succession d’évènements qui allaient mener à la défaite, il y avait d’abord eu cette décision prise contre l’opinion du Prophète Muhammad (PSL) puis, bien sûr, la désobéissance des archers. Le Coran vient confirmer le principe de Shûrâ, de la consultation, et ce quel que soit le résultat.

Cette Révélation est d’une importance capitale et stipule que le Principe de la délibération, de la prise de décision à la majorité, n’est pas négociable, et doit être respecté au-delà des contingences historiques et des erreurs humaines quant aux décisions. Les musulmans sont donc ceux qui :


« Délibèrent ensemble de leurs affaires » (Sourate 42 verset 38).


Et ils se doivent d’appliquer ce principe quel que ce soit le modèle de consultation qu’ils établissent à travers l’histoire. Le principe doit demeurer même si les modèles ne manqueront pas de changer.

En ce qui concerne la désobéissance des archers, la Révélation nous informe que ce sont les qualités de cœur du Prophète Muhammad (PSL) qui lui ont permis de dépasser la situation et de maintenir ses compagnons dans sa proximité. Il n’a point été brutal ni rude et ne les a pas condamnés pour s’être laissé emporter par leur réflexe  et leur cupidité subsistant de leurs habitudes passées.

Sa douceur avait calmé leurs blessures et permis de tirer une multitude d’enseignements de ce revers. Dieu accompagnait leur destin dans la mesure où eux-mêmes s’en sentaient responsables. De même qu’il n’y avait pas de place pour le fatalisme dans les enseignements révélés, il n’y avait non plus de place pour un optimisme éthéré qui rendrait leur route plus facile par le seul fait qu’ils s’engageaient pour Dieu.

Au contraire, la foi exigeait un supplément de rigueur dans le respect des principes, un supplément de cœur dans les relations humaines et, enfin, un supplément de vigilance quant au risque de la suffisance.  Uhud avait été cette leçon de la fragilité. Le Prophète Muhammad (PSL) blessé, au sortir de la bataille, rappelait à chacun que tout pouvait arriver : son sang exprimait et rappelait l’évidence de son humanité.

C'est ainsi que ceux qui œuvrent au service de la cause de Dieu, doivent affronter les entraves et les conflits. Il leur est préférable de ne pas reculer devant les difficultés, ni se montrer complexés face aux ennuis. Le sentiment d'affronter les dangers et les déviations les incitent à résister avec force aux tempêtes qui arrivent de loin. 


Yathrib 786
Le 03 juin 2018

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