Les musulmans s’en étaient retournés à Médine,
atteints, déçus et profondément dépités par la tournure des évènements. Leurs morts
étaient nombreux, leur défaite était due à une désobéissance motivée par l’appât
du gain. Le Prophète Muhammad (PSL) était
blessé et les Quraysh allaient bien
sûr recouvrer leur dignité et leur statut dans la péninsule.
A son arrivée à Médine,
le Prophète Muhammad (PSL) ne perdit
pas de temps et appela l’ensemble des combattantes et des combattantes qui avaient participé à la bataille d’Uhud (même les combattants blessés) à
se préparer à une nouvelle expédition. Il refusa la proposition de ‘Abd Allah ibn Ubayy de se joindre à
eux après qu’il eut déserté des rangs juste avant la batille.
Le Prophète
Muhammad (PSL) n’avait informé personne de ses véritables intentions. Il se
rendit à Hamrâ’, campa sur place et
demanda à chacun de préparer dix feux
afin de les allumer pendant la nuit. Ces feux donnaient l’impression qu’une
imposante armée s’était déplacée.
Le Prophète Muhammad
(PSL) avait mis en scène cette manœuvre
pour faire croire aux Qurayshites qu’il
préparait un immédiate revanche et qu’il serait périlleux d’attaquera Médine. Il envoya un émissaire (encore
une fois un païen) auprès d’Abû Sûfyân
pour l’informer de cette extraordinaire déploiement de forces des musulmans. Abû Sûfyân fut impressionné et décida
de ne pas attaquer Médine,
contrairement à sa première intention qui était de tirer profit de l’affaiblissement
des musulmans. Les choses en restèrent là. L’expédition repartit de Hamrâ’ trois jours plus tard, et la vie
reprit son cours.
Dans les jours qui suivirent, le Prophète Muhammad (PSL) reçut une Révélation qui revenait sur la batille d’Uhud, et en particulier sur les désaccords à propos de la
stratégie, la désobéissance, la défaite, puis l’attitude du Prophète (PSL) lui-même.
Ce dernier resta digne et confiant vis-à-vis des
compagnons qui avaient été emportés par leurs désirs de richesse et qui lui
avaient désobéi.
« C’est par un effet de la grâce de Dieu que tu fus conciliant (doux) à leur égard et tu t’étais montré rude, dur de cœur, ils se seraient détournés (détachés) de toi. Pardonne-leur et implore le pardon de Dieu en leur faveur ! Consulte-les quand il s’agit de prendre une décision ! Une fois la décision prise, place ta confiance en Dieu car Dieu aime ceux qui mettent leur confiance en lui. » (Sourate 3, verste 159)
A l’origine de la succession d’évènements qui allaient
mener à la défaite, il y avait d’abord eu cette décision prise contre l’opinion
du Prophète Muhammad (PSL) puis,
bien sûr, la désobéissance des archers. Le Coran vient confirmer le principe de
Shûrâ, de la consultation, et ce
quel que soit le résultat.
Cette Révélation
est d’une importance capitale et stipule que le Principe de la délibération, de la prise de décision à la majorité,
n’est pas négociable, et doit être respecté au-delà des contingences
historiques et des erreurs humaines quant aux décisions. Les musulmans sont
donc ceux qui :
« Délibèrent ensemble de leurs affaires » (Sourate 42 verset 38).
Et ils se doivent d’appliquer ce principe quel que ce
soit le modèle de consultation qu’ils établissent à travers l’histoire. Le
principe doit demeurer même si les modèles ne manqueront pas de changer.
En ce qui concerne la désobéissance des archers, la Révélation nous informe que ce sont les
qualités de cœur du Prophète Muhammad
(PSL) qui lui ont permis de dépasser la situation et de maintenir ses
compagnons dans sa proximité. Il n’a point été brutal ni rude et ne les a pas
condamnés pour s’être laissé emporter par leur réflexe et leur cupidité subsistant de leurs habitudes
passées.
Sa douceur avait calmé leurs blessures et permis de
tirer une multitude d’enseignements de ce revers. Dieu accompagnait leur destin dans la mesure où eux-mêmes s’en
sentaient responsables. De même qu’il n’y avait pas de place pour le fatalisme
dans les enseignements révélés, il n’y avait non plus de place pour un
optimisme éthéré qui rendrait leur route plus facile par le seul fait qu’ils s’engageaient
pour Dieu.
Au contraire, la foi exigeait un supplément de rigueur
dans le respect des principes, un supplément de cœur dans les relations
humaines et, enfin, un supplément de vigilance quant au risque de la suffisance.
Uhud
avait été cette leçon de la fragilité. Le
Prophète Muhammad (PSL) blessé, au sortir de la bataille, rappelait à
chacun que tout pouvait arriver : son sang exprimait et rappelait l’évidence
de son humanité.
C'est
ainsi que ceux qui œuvrent au service de la cause de Dieu, doivent affronter les entraves et les conflits. Il leur est
préférable de ne pas reculer devant les difficultés, ni se montrer complexés
face aux ennuis. Le sentiment d'affronter les dangers et les déviations les
incitent à résister avec force aux tempêtes qui arrivent de loin.
Yathrib 786
Le 03 juin 2018
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