09 juin 2019

L'épreuve de foi : la mort d'Ibrahîm, le fils du Prophète (PSL)


C'est durant cette dixième année de l'Hégire que le fils du Prophète Muhammad (PSL), Ibrahîm, alors âgé de près d'une année et demie, tomba gravement malade.

C'est au moment où la religion et ses principes s'établissaient sur l'ensemble de la péninsule, où l'adversité, où l'adversité ne cessait de diminuer et où le nombre de conversions ne cessait d'augmenter, le Prophète (PSL) voyait son unique fils quitter la vie et le quitter. Il venait le voir tous les jours et restait de longues heures à son chevet. Quand Ibrahîm rendit son dernier souffle, le Prophète (PSL) le prit dans ses bras et le serra contre sa poitrine alors que les larmes coulaient sur son visage et qu'il sanglotait tant sa tristesse était profonde.

'Abd ar-Rahmân ibn 'Awf, son fidèle compagnon, fut surpris de ces larmes et de ces sanglots parce qu'il pensait que le Prophète Muhammad (PSL) en avait interdit l'expression. Le Prophète (PSL) ne put d'abord parler, puis il lui expliqua qu'il avait interdit les manifestations exagérées de détresse par les cris ou les comportements hystériques, mais non l'expression naturelle de la tristesse et de la souffrance. Puis il exprima verbalement sa peine qui devenait, de fait, un enseignement spirituel, en affirmant que ses larmes

«étaient des signes de tendresse et de miséricorde» (Hadith rapporté par al-Bukhâri et Muslim)

Il ajouta une réflexion qui naissait de son expérience personnelle, mais qui valait somme toute pour le quotidien de chaque musulman :

«Qui n'est point miséricordieux, il ne lui sera point fait miséricorde.» (Hadith rapporté par al-Bukhâri et Muslim)

Dans les moments difficiles de la vie, la bonté, la clémence, la miséricorde et les expressions d'empathie que les êtres humains s'offrent les uns aux autres sont des qualités humaines qui les rapprochent des qualités de l'Unique, d'ar-Rahmân (l'Infiniment Bon, le Très Miséricordieux): par elles, Dieu se rapprochent du cœur du croyant et lui offre et lui offrira ce qu'il a lui-même offert à son frère en humanité.

Le Prophète (PSL) était intimement affecté et n'hésitait point à manifester et à exprimer son chagrin. Il ajouta :

«L'oeil pleure, Ô Ibrahîm, le cœur est infiniment triste et il ne faut pas exprimer que ce qui satisfait Dieu.» (Hadith rapporté par al-Bukhâri et Muslim)

Dieu l'avait mis une fois encore, mis à l'épreuve de son humanité et de sa mission. Il avait perdu tant d'êtres chers de ses compagnons, sa femme Khadîdja, trois de ses filles et ses trois fils. Sa vie avait été traversée de larmes mais il restait à la fois doux en son cœur et ferme dans sa mission. C'était cette chime de la douceur et de la fermeté qui trouvait satisfaction du Très Rapproché. Au moment où, en cette dixième année de l'Hégire, le monde semblait s'ouvrir à sa mission, son destin d'être humain semblait se réduire à cette petite tombe d'enfant, dans laquelle le corps d'Ibrahîm fut d'abord déposé et sur laquelle le Prophète (PSL) conduisit ensuite la prière des morts. Le Prophète (PSL) était un élu, le Prophète (PSL) restait un humain.

Quelques heures après son retour du cimetière, une éclipse de soleil se produisit. Les musulmans furent prompts à associer cette éclipse à la disparation du fils du Prophète (PSL) et à y percevoir un miracle, une sorte de message de Dieu à son Envoyé (PSL). Ce dernier coupa court à toutes ces interprétations et affirma avec force :

«Le soleil et la lune sont deux signes parmi les signes de Dieu. Leur lumière ne s'obscurcit pour la mort de personne.» (Hadith rapporté par al-Bukhâri et Muslim)

Le Prophète (PSL) rappelait ainsi à ses compagnons l'ordre des choses et la nécessite de ne pas se tromper das l'interprétation des signes afin de ne point verser dans la superstition. C'était pour eux comme pour lui, un enseignement spirituel de mesure et d'humilité. Les êtres humains, tous les êtres humains et le Prophète (PSL) parmi eux, devaient apprendre à partir et à voir partir les leurs dans le silence, la discrétion et l'indifférence de l'ordre des choses.

L'épreuve de la foi, celle qui fait couler les larmes du Prophète (PSL), était bien d'apprendre à trouver, au cœur de l'éternité et de la création, la force de faire face à la finitude de l'humain et à la mort.

Le signe de la présence de l'Unique à l'instant de la mort d'un homme n'est point dans l’apparition d'un quelconque miracle, mais bien plutôt dans la permanence de l'ordre naturel des choses telles voulue par le Seigneur, Allah soub annahou wa talla.



Yathrib786
Le 09 juin 2019

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