Le
Prophète Muhammad (PSL) continuait à manifester une grandeur
d'âme qui surprenait autant qu'elle attirait ses anciens ennemis. Il
restait ouvert mais savait devoir être méfiant vis-à-vis des
certaines personnes ou de certains groupes. Son expérience avec les
Banû Ghanam ibn 'Awf, et la Révélation coranique qui
s'en était suivie, lui avaient enseigné la prudence.
Pour
rappel : les Banû Ghanam lui avaient demandé, avant son
départ à Tabûk, de venir inaugurer une mosquée qu'ils
voulaient construire à Qubâ'. (Ibn Hishâm, op. Cit.,
vol. 5, p. 211)
Le
Prophète (PSL) avait été occupé par l'expédition et avait
décidé de s'y rendre après son retour. Il apprit par la suite que
ce projet était le fait d'un hypocrite, Abû 'Amir.
«Quant à ceux qui ont édifié une mosquée, agissant par esprit de rivalité et en toute impiété, dans l'intention d'en faire un repaire de celui qui, auparavant, avait combattu Dieu et Son Envoyé. Ce sont ces gens-là qui, aujourd'hui, viennent jurer de toute leur force qu'ils ne voulaient faire que du bien, alors que Dieu est témoin qu'ils sont vraiment menteurs. Ne fréquente jamais une telle mosquée.» (Sourate 9, verset 107-108)
Abû
'Amir voulait construire une mosquée avec l'intention d'attirer
les fidèles d'une autre mosquée de la région, dans le simple but
de répandre la division et d'exercer sur eux son influence. Derrière
une façade de foi et de sincérité, certains individus cherchaient
à obtenir des prérogatives, du pouvoir et la jouissance. Ils
n'hésitaient pas à essayer d'utiliser le Prophète (PSL)
pour ce faire. Ce type de situation était fréquente à mesure que
la communauté s'élargissait et s'établissait ?
Le
Prophète Muhammad (PSL) n'en demeurait pas moins très
accessible et toujours disposé à accueillir les enfants, les femmes
et les hommes qui cherchaient à apprendre et à comprendre l'Islam.
Le Prophète (PSL) avait beaucoup pardonné à celles et à
ceux qui s'étaient opposés à lui en situation de conflit ou de
guerre. Il exprimait désormais une grande patience et beaucoup
d'affection vis-à-vis de celles et de ceux qui, en situation de
paix, luttaient désormais avec eux-mêmes, avec leur propre cœur,
pour vivre leur quête spirituelle. Tel était la vocation et
l'esprit du nouveau Jihad, une Jihad par le cœur, l'esprit
et la connaissance. Ils cherchaient ainsi le chemin qui pouvait
les mener vers l'Unique. Le prophète Muhammad (PSL) les
observait, répondait à leurs questions et accompagnait leur
cheminement parfois fulgurant, parfois très hésitant, voire parfois
rebelle.
Au
retour de l'expédition de Hunayn, le Prophète (PSL) avait
confié :
«Nous voilà revenus du petit jihâh (effort, résistance, lutte pour la réforme) vers le grand jihâd.»
Un
compagnon demanda :
«Qu'est-ce que le grand jihâd, Ô Envoyé de Dieu.»
Le
prophète (PSL) répondit :
«C'est la lutte contre le moi (l'ego).»
Pour
les musulmans, comme pour tous les êtres humains,c'était bien cette
lutte intérieure qui était la plus difficile, la plus noble, et qui
exigeait le plus de compréhension, de pardon et, bien sûr, de soi à
soi, le plus de sincérité. La guerre, avec son petit jihâd,
avait montré combien il était difficile de mourir pour Dieu ; la
vie quotidienne, avec son grand Jihâd, montrait désormais
aux musulmans combien il est plus difficile encore de vivre pour
Dieu, dans la lumière, la transparence, la cohérence, l'exigence
spirituelle, la patience et la paix.
A
tous ceux qui, autour de lui, n'étaient point convaincus de la
véracité de son message, il demandait de chercher, d'observer les
signes, et de se mettre en quête du sens en luttant contre les
illusions de l'ego et de la suffisance.
Aux
musulmans, à celles et et à ceux qui avaient reconnu la Présence
de l'Un, il enseignait à poursuivre la lutte intérieure, à
demeurer humbles, conscients de leur fragilité, en cherchant à se
nourrir spirituellement par le dhikr (souvenir de Dieu) et
comme le leur demandait le Coran, à demander à Dieu d'affermir leur
cœur :
«Ô notre Seigneur, ne fais point dévier nos cœurs après que Tu nous as mis sur la voie.» (Sourate 3, verset 8)«Ô Toi qui tournes et retournes les cœurs, affermis mon cœur dans la religion.» (Hadith rapporté par Ahmad et at-Tirmidhî)
Ainsi
en situation de paix, d'aucuns étaient en quête de vérité et
d'autres en quête de sincérité, et tous vivaient une nouvelle
forme de conflit intérieur qui exigeait d'eux des efforts, de la
patience, et une conscience en perpétuel éveil. A l'heure où
l'horizon semblait s'ouvrir quant à l'établissement définitif de
la dernière religion, chacun était renvoyé à son univers
intérieur afin de chercher la lumière ou le pardon, afin de trouver
la paix intérieure.
«Lorsque vient le secours de Dieu ainsi que la victoire, et que tu vois les hommes embrasser en masse Sa religion, célèbre alors les louanges de ton Seigneur et implore Son pardon. Car c'est Lui qui accepte le Répentir.» (Sourate 110, verset 1-3)
Le
message est clair : l'exigence du Retour vers l'Unique. Le Prophète
(PSL) appelait les croyants vers une lutte perpétuelle contre
les apparences.
Alors
que la multiplicité venait de partout, il lui était demandé de
retrouver la solitude de son cœur et de poursuivre son dialogue avec
le Très Rapproché. Alors que la victoire venait à lui de la
monde d'ici-bas, il comprenait qu'il fallait qu'il se prépare à
s'en aller, à quitter cette vie, pour se rendre la-bas, près de
l'Unique. 'Abd Allah ibn Mas'ud affirmera plus tard que la
Révélation de cette sourate annonçait la fin de la mission
du Prophète (PSL) et, en fait, son imminent départ.
Yathrib786
Le
23 juin 2019
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