Les musulmans étaient
revenus. La vie quotidienne avait repris son cours dans un climat bien moins
tendu. La trêve permettait de diminuer la vigilance vis-à-vis de l’extérieur et
de se consacrer davantage aux affaires internes de la communauté.
Le nombre de convertis ne
cessait d’augmenter et il fallait constamment penser et organiser leur intégration
ainsi que leur formation islamique. De fortes personnalités de la péninsule
allait venir s’ajouter aux centaines d’anonymes acceptant l’Islam à Médine ou qui venaient s’installer dans
la ville, à l’exemple du frère d’Aïsha,
‘Abd al-Ka’ba, qui émigra après la
mort de sa mère, ‘Um Rûmân, l’épouse
d’Abû Bakr. Ce dernier était très
affecté. Le Prophète Muhammad (PSL)
changea le nom d’Abd al-Ka’ba en ‘Abd ar-Rahmân. La pratique consistait
à changer un prénom lorsque l’ancien pouvait avoir une signification
malheureuse ou se référer à une attitude désormais considérée comme illicite
par l’Islam. Ainsi Abd al-Ka’ba (l’adorateur
de la Ka’ba) avait un sens qui s’opposait au principe de l’islam de n’adorer
que Dieu seul.
Dans les autres
situations, les musulmans pouvaient décider de garder ou non leur ancien nom.
Ce que très majoritairement ils choisirent de faire. L’idée qu’il pouvait exister des «prénoms
islamiques» et, à fortiori d’origine
exclusivement arabe, n’a jamais effleuré la conscience des premiers musulmans.
Ils avaient d’ailleurs des prénoms très variés, dont l’origine était arabe,
persane ou byzantine, sans que cela pose un problème à l’Envoyé de Dieu (PSL) et à ses compagnons.
Pendant ces mois de
gestion interne et de structuration, les musulmans eurent à faire face à une
nouvelle affaire d’extradition. En effet, Abû
Basîr se présenta à Médine en
provenance de la Mecque et demanda asile au Prophète Muhammad (PSL). Le Prophète
(PSL) scrupuleusement attaché aux termes des pactes qu’il signait, ne
pouvait point lui donner refuge. Lorsque l’émissaire des Quraysh accompagné d’un esclave du nom de Kawthâr, vînt exiger qu’Abû
Basîr leur fût remis, le Prophète
Muhammad (PSL) ne put que s’exécuter.
Ils repartirent avec Abû Basîr
et le Prophète et les compagnons exhortèrent ce dernier à la patience.
Alors qu’ils étaient au
début de leur trajet, Abû Basîr
profita d’un moment d’inattention de ses gardes et tua l’émissaire des Quraysh. L’esclave s’enfuit et,
terrorisé, il revient à Médine, où
il fut rejoint par son ancien prisonnier. Le
Prophète (PSL) voulait qu’ils repartent à nouveau à la Mecque, mais Kawthâr eut
tellement peur que le Prophète (PSL)
n’avait plus, pour tenir sa parole, qu’à renvoyer Abû Basîr de Médine. Le pacte
lui interdisait de rester mais il n’avait point à vérifier s’il se rendrait
effectivement à la Mecque puisqu’il
n’y avait plus de gardien pour l’accompagner. Le Prophète Muhammad (PSL) exigea qu’il s’en aille conformément au
traité et, à l’adresse des compagnons, il fit une remarque elliptique :
« Si seulement il avait d’autres compagnons avec lui ! » (Ibn Hishâm, op. cit., vol. 4, p. 291)
Abû
Basîr ne rentra pas bien sûr à la Mecque, mais alla s’installer sur l’une des routes du Nord que
traversaient fréquemment les caravanes notamment celles des Quyash. Il fût bientôt rejoint par de
nombreux musulmans qui avaient fui la Mecque
et avaient eu vent de son histoire. Ils décidèrent d’attaquer les caravanes
mecquoises qui prenaient la route du nord. Le groupe des musulmans était si
nombreux et leurs attaques si fréquentes et si efficaces que ce furent les Quraysh qui finirent par demander au
Prophète (PSL) d’accueillir Abû Basîr
et ses hommes, et de même à l’avenir l’ensemble des émigrés mecquois.
Leur stratagème avait
réussi. Le Prophète Muhammad (PSL)
les accueillit conformément au souhait des Quraysh
de surseoir l’application de cette clause. Il est à noter que le Prophète Muhammad (PSL) avait
toujours refusé, en toutes circonstances, de renvoyer des femmes, à l’instar d’Um Kulthûm Bint ‘Uqbah. Le traité n’avait
jamais mentionné les femmes. Ce que les Quraysh
acceptèrent sans protester.
Yathrib786
Le 11 novembre 2018
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