11 novembre 2018

Le retour à Médine après le traité d’al-hudaybiyya


Les musulmans étaient revenus. La vie quotidienne avait repris son cours dans un climat bien moins tendu. La trêve permettait de diminuer la vigilance vis-à-vis de l’extérieur et de se consacrer davantage aux affaires internes de la communauté.

Le nombre de convertis ne cessait d’augmenter et il fallait constamment penser et organiser leur intégration ainsi que leur formation islamique. De fortes personnalités de la péninsule allait venir s’ajouter aux centaines d’anonymes acceptant l’Islam à Médine ou qui venaient s’installer dans la ville, à l’exemple du frère d’Aïsha, ‘Abd al-Ka’ba, qui émigra après la mort de sa mère, ‘Um Rûmân, l’épouse d’Abû Bakr. Ce dernier était très affecté. Le Prophète Muhammad (PSL) changea le nom d’Abd al-Ka’ba en ‘Abd ar-Rahmân. La pratique consistait à changer un prénom lorsque l’ancien pouvait avoir une signification malheureuse ou se référer à une attitude désormais considérée comme illicite par l’Islam. Ainsi Abd al-Ka’ba (l’adorateur de la Ka’ba) avait un sens qui s’opposait au principe de l’islam de n’adorer que Dieu seul.
 
Dans les autres situations, les musulmans pouvaient décider de garder ou non leur ancien nom. Ce que très majoritairement ils choisirent de faire.  L’idée qu’il pouvait exister des «prénoms islamiques» et, à fortiori  d’origine exclusivement arabe, n’a jamais effleuré la conscience des premiers musulmans. Ils avaient d’ailleurs des prénoms très variés, dont l’origine était arabe, persane ou byzantine, sans que cela pose un problème à l’Envoyé de Dieu (PSL) et à ses compagnons.

Pendant ces mois de gestion interne et de structuration, les musulmans eurent à faire face à une nouvelle affaire d’extradition. En effet, Abû Basîr se présenta à Médine en provenance de la Mecque et demanda asile au Prophète Muhammad (PSL). Le Prophète (PSL) scrupuleusement attaché aux termes des pactes qu’il signait, ne pouvait point lui donner refuge. Lorsque l’émissaire des Quraysh accompagné d’un esclave du nom de Kawthâr, vînt exiger qu’Abû Basîr leur fût remis, le Prophète Muhammad (PSL) ne put que s’exécuter.  Ils repartirent avec Abû Basîr et le Prophète et les compagnons exhortèrent ce dernier à la patience. 

Alors qu’ils étaient au début de leur trajet, Abû Basîr profita d’un moment d’inattention de ses gardes et tua l’émissaire des Quraysh. L’esclave s’enfuit et, terrorisé, il revient à Médine, où il fut rejoint par son ancien prisonnier. Le Prophète (PSL) voulait qu’ils repartent à nouveau à la Mecque, mais Kawthâr eut tellement peur que le Prophète (PSL) n’avait plus, pour tenir sa parole, qu’à renvoyer Abû Basîr de Médine. Le pacte lui interdisait de rester mais il n’avait point à vérifier s’il se rendrait effectivement à la Mecque puisqu’il n’y avait plus de gardien pour l’accompagner. Le Prophète Muhammad (PSL) exigea qu’il s’en aille conformément au traité et, à l’adresse des compagnons, il fit une remarque elliptique :


« Si seulement il avait d’autres compagnons avec lui ! » (Ibn Hishâm, op. cit., vol. 4, p. 291)



Abû Basîr ne rentra pas bien sûr à la Mecque, mais alla s’installer sur l’une des routes du Nord que traversaient fréquemment les caravanes notamment celles des Quyash. Il fût bientôt rejoint par de nombreux musulmans qui avaient fui la Mecque  et avaient eu vent de son histoire. Ils décidèrent d’attaquer les caravanes mecquoises qui prenaient la route du nord. Le groupe des musulmans était si nombreux et leurs attaques si fréquentes et si efficaces que ce furent les Quraysh qui finirent par demander au Prophète (PSL) d’accueillir Abû Basîr et ses hommes, et de même à l’avenir l’ensemble des émigrés mecquois.

Leur stratagème avait réussi. Le Prophète Muhammad (PSL) les accueillit conformément au souhait des Quraysh de surseoir l’application de cette clause. Il est à noter que le Prophète Muhammad (PSL) avait toujours refusé, en toutes circonstances, de renvoyer des femmes, à l’instar d’Um Kulthûm Bint ‘Uqbah. Le traité n’avait jamais mentionné les femmes. Ce que les Quraysh acceptèrent sans protester. 



Yathrib786
Le 11 novembre 2018

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