‘Aïsha,
la plus jeune femme du Prophète Muhammad
(PSL), se nourrissait également de l’exemple de son mari et Prophète (PSL). Elle sera plus tard une
source incomparable de renseignements sur la personnalité du Prophète (PSL), sur son attitude dans
la vie privée et sur ses enseignements dans la vie publique. Elle fera part de
la manière dont le Prophète Muhammad
(PSL) était attentifs à ses attentes et à ses désirs lorsque, jeune encore,
elle arriva dans la demeure conjugale.
Le jeu faisait partie de
leur vie. Le Prophète Muhammad (PSL)
n’hésitait jamais à y prendre part ou encore à lui permettre de satisfaire sa
curiosité. Ce fut le cas lorsqu’une délégation d’Abyssinie vint rendre visite au Prophète (PSL). Les Abyssins
se mirent à l’écart pour pratiquer divers jeux et danses traditionnelles. Le Prophète Muhammad (PSL) se plaça
devant le seuil de sa demeure, permettant ainsi à son épouse d’observer le
spectacle discrètement. Cette version est confirmée par al-Bukhâri et Muslim.
A de nombreuses reprises,
elle mentionnera la nature particulière de son attention à son égard, de ses
manifestations de tendresses, et de la liberté qu’il lui offrait dans son quotidien.
Le contenu des traditions montre combien le
Prophète Muhammad (PSL) lui parlait, échangeait avec elle et lui
manifestait son amour et sa tendresse. En sa présence et dans sa manière d’être
avec ‘Aïsha, il réformait par l’exemple les habitudes des Emigrés et des
auxiliaires.
Les deux versets
coraniques traitant de la tenue vestimentaire des femmes furent révélés autour
de la deuxième année d’Hégire :
« Et
dis aux croyantes de baisser leurs regards, de garder leur chasteté, et de ne
montrer de leurs atours que ce qui en paraît et qu’elles rabattent leur voile
sur leurs poitrines; et qu’elles ne montrent leurs atours qu’à leurs maris, ou
à leurs pères, ou aux pères de leurs maris, ou à leurs fils, ou aux fils de
leurs maris, ou à leurs frères, ou aux fils de leurs frères, ou aux fils de
leurs sœurs, ou aux femmes musulmanes, ou aux esclaves qu’elles possèdent, ou
aux domestiques mâles impuissants, ou aux garçons impubères qui ignorent tout
des parties cachées des femmes. Et qu’elles ne frappent pas avec leurs pieds de
façon que l’on sache ce qu’elles cachent de leurs parures. Et repentez-vous
tous devant Allah, ô croyants, afin que vous récoltiez le succès. »
Sourate 24 An-Nûr, verset 31)
« Ô
Prophète! Dis à tes épouses, à tes filles, et aux femmes des croyants, de
ramener sur elles leurs grands voiles: elles en seront plus vite reconnues et
éviteront d'être offensées. Allah est Pardonneur et Miséricordieux. »
(Sourate 33 Al-Ahzab, verset 59)
Le Khimâr était une pièce d’étoffe portée sur la tête et dont les pans
flottaient en arrière. Le Coran
prescrit aux musulmanes de les rabattre sur leur poitrine afin de couvrir leur
cou. Les femmes du Prophète Muhammad
(PSL), comme toutes les musulmanes respectaient cette prescription. Ce n’est
que deux ans plus tard que sera établie la spécification de leur statut en tant
que « femmes du Prophète ».
Il ne leur sera plus possible de s’adresser aux hommes si ce n’est derrière un voile de protection (al-hijâb).
Avant la Révélation des versets appelant les
épouses du Prophète (PSL) à se
cacher aux regards des hommes, ‘Aïsha
agissait comme toutes les femmes et était très présente dans la vie publique de
Médine. Le Prophète Muhammad (PSL) l’impliquait
et désirait que ses compagnons voient et comprennent, à travers son exemple, le
rôle que les femmes et leurs épouses devaient prendre dans leur vie quotidienne
et publique.
Une
anecdote :
Un
voisin Persan convia un jour le Prophète (PSL) à un
repas. Ce dernier lui demanda : « Qu’en
est-il d’elle ? » en désignant son épouse ‘Aïsha. Le voisin répondit par la négative, laissant entendre que l’invitation
ne s’adressait qu’à lui. Le Prophète
Muhammad (PSL) refusa l’invitation.
Le Persan renouvela son invitation quelque temps plus tard. Le Prophète (PSL) demanda à nouveau :
« Qu’en est-il d’elle ? ».
Le voisin répondit par la négative, et il essuya un nouveau refus de la
part du Prophète (PSL).
Il renouvela une troisième
fois son invitation et à la question du Prophète
(PSL) : « Qu’en est-il d’elle ? » , il répondit par l’affirmative. Le Prophète (PSL) accepta l’invitation et il se rendit avec ‘Aïsha chez le voisin. (Hadith rapporté par Muslim)
Sans brusquer les
conventions mais avec fermeté, le
Prophète Muhammad (PSL) réformait les coutumes et les pratiques chez les
Arabes et les bédouins de la péninsule. ‘Aïsha
et avant elle Khadîdja, comme d’ailleurs
l’ensemble des épouses et de ses filles, étaient présentes dans sa vie, actives
dans la vie publique, conservant cette marque de fabrique qu’était la pudeur.
Le
Prophète Muhammad (PSL) leur avait donné la latitude d’être
et de s’épanouir, de s’exprimer et d’être critiques, et de ne point faire
montre de fausse pudeur en n’osant point aborder des sujets délicats liés à
leur féminité, à leur corps, à leurs désirs et à leurs attentes.
Des années plus tard, ‘Aïsha relèvera avec respect et
admiration ce trait de caractère qu’était l’audace intellectuelle des femmes ansârites qui, à la différence de la
majorité des femmes de la Mecque, osaient questionner et interpeller avec
franchise :
« Bénies
soient [quelles excellentes femmes étaient] les femmes des Ansâr que la pudeur
n’empêche point de s’instruire [quant aux affaires de leur religion] »
(Hadîth rapporté par Muslim)
Elle avait elle-même été
formée à cette école par le Prophète
(PSL). Elle était présente lorsque avaient lieu les Révélations, elle restait au côté du Prophète (PSL) au moment où il transmettait le message ou donnait
des recommandations et des conseils, ou simplement lorsqu’il était seul et
vivait sa religion dans l’intimité. Elle écoutait, questionnait et cherchait à
comprendre les raisons et le sens des choix et des attitudes de son mari, et c’est
grâce à sa mémoire, à son intelligence et à son esprit critique que plus de deux mille ahâdith (traditions prophétiques) ont été
transmises par son intermédiaire et qu’elle a, corrigé la version des faits
rapportée par d’autres compagnons.
L’amour que se
témoignaient le Prophète (PSL) et ‘Aïsha était forte et intense ; ‘Aïsha n’a pas hésité à rapporter son
attitude tendre et amoureuse dans leur vie quotidienne, sa proximité
chaleureuse et attentive, même pendant le
mois de Ramadân.
Elle a fait part de ses
questions au Prophète (PSL) sur la
profondeur de son amour pour elle, de sa jalousie à l’égard de la défunte
Khadîdja et de la façon dont il trouvait le moyen de la rassurer. Sa présence
amoureuse, attentive et intelligente a permis de façonner un portrait profond
et subtil du dernier des Messagers (PSL).
Elle vivra plus tard, en l’an 5 ou 6 de l’Hégire, l’épreuve la
plus difficile de sa vie. Lors du retour d’une expédition à Banû al-Mustaliq, constatant qu’elle
avait perdu son collier, elle s’en retourna pour aller le chercher. Le convoi s’était
remis en route sans s’apercevoir de l’absence d’Aïsha, qui voyageait dans un palanquin à l’abri des regards. Elle
fut finalement raccompagnée par un homme, Safwân
ibn al-Mu’atal, qui se trouvait à l’arrière de l’expédition. Des bruits
commencèrent à circuler puis à s’amplifier sur ses relations avec Safwân ibn al-Mu’atal. On finit par l’accuser
d’avoir trahi et trompé le Prophète
Muhammad (PSL). Ce dernier en fut très touché d’autant que certains
compagnons menaient une véritable campagne en répandant la calomnie (ifk) à l’égard de son épouse. Il s’éloigna
d’elle pendant plus mois, mais ‘Aïsha
resta ferme et clama, à plusieurs reprises, son innocence. Des versets allaient
enfin révélés, qui non seulement l’innocentaient, mais condamnaient la calomnie
et les calomniateurs, et fixaient très haut les conditions et les preuves qu’il
était nécessaire de réunir pour porter un jugement sur le comportement d’une
femme ou d’un homme en situation ambiguë ou douteuse.
« Ceux
qui sont venus avec la calomnie sont un groupe d’entre vous. Ne pensez pas que
c’est un mal pour vous, mais plutôt, c’est un bien pour vous. A chacun d’eux ce
qu’il s’est acquis comme péché. Celui d’entre eux qui s’est chargé de la plus
grande part aura un énorme châtiment.
Pourquoi,
lorsque vous l’avez entendue [cette calomnie], les croyants et les croyantes
n’ont-ils pas, en eux-mêmes, conjecturé favorablement, et n’ont-ils pas dit:
«C’est une calomnie évidente?»
Pourquoi
n’ont-ils pas produit [à l’appui de leurs accusations] quatre témoins? S’ils ne
produisent pas de témoins, alors ce sont eux, auprès d’Allah, les menteurs.
N’eussent-été
la grâce d’Allah sur vous et Sa miséricorde ici-bas comme dans l’au-delà, un
énorme châtiment vous aurait touchés pour cette (calomnie) dans laquelle vous
vous êtes lancés,
Quand
vous colportiez la nouvelle avec vos langues et disiez de vos bouches ce dont
vous n’aviez aucun savoir; et vous le comptiez comme insignifiant alors
qu’auprès d’Allah cela est énorme.
Et
pourquoi, lorsque vous l’entendiez, ne disiez-vous pas: «Nous ne devons pas en
parler. Gloire à Toi (ô Allah)! C’est une énorme calomnie»?
Allah
vous exhorte à ne plus jamais revenir à une chose pareille si vous êtes
croyants.
Allah
vous expose clairement les versets et Allah est Omniscient et Sage.
Ceux
qui aiment que la turpitude se propage parmi les croyants auront un châtiment
douloureux, ici-bas comme dans l’au-delà. Allah sait, et vous, vous ne savez
pas.
Et
n’eussent été la grâce d’Allah sur vous et Sa miséricorde et (n’eût été)
qu’Allah est Compatissant et Miséricordieux...
Ô
vous qui avez cru! Ne suivez pas les pas du Diable. Quiconque suit les pas du
Diable, [sachez que] celui-ci ordonne la turpitude et le blâmable. Et n’eussent
été la grâce d’Allah envers vous et Sa miséricorde, nul d’entre vous n’aurait
jamais été pur. Mais Allah purifie qui Il veut. Et Allah est Audient et
Omniscient.
Et
que les détenteurs de richesse et d’aisance parmi vous, ne jurent pas de ne
plus faire des dons aux proches, aux pauvres, et à ceux qui émigrent dans le
sentier d’Allah. Qu’ils pardonnent et absolvent. N’aimez-vous pas qu’Allah vous
pardonne? et Allah est Pardonneur et Miséricordieux!
Ceux
qui lancent des accusations contre des femmes vertueuses, chastes [qui ne
pensent même pas à commettre la turpitude] et croyantes sont maudits ici-bas
comme dans l’au-delà; et ils auront un énorme châtiment,
Le
jour où leurs langues, leurs mains et leurs pieds témoigneront contre eux de ce
qu’ils faisaient.
Ce
Jour-là, Allah leur donnera leur pleine et vraie rétribution; et ils sauront
que c’est Allah qui est le Vrai de toute évidence.
Les
mauvaises [femmes] aux mauvais [hommes], et les mauvais [hommes] aux mauvaises
[femmes]. De même, les bonnes [femmes] aux bons [hommes], et les bons [hommes]
aux bonnes [femmes]. Ceux-là sont innocents de ce que les autres disent. Ils
ont un pardon et une récompense généreuse. » (Sourate 24 an-Nûr La Lumière,
verset 11-26)
Cette épreuve a d’abord
ébranlé ‘Aïsha comme le Prophète (PSL), mais elle a finalement
renforcé leur amour et leur confiance. Plus largement, la communauté musulmane
comprit que le malheur et la calomnie pouvaient s’abattre sur les meilleur(e)s
de ses membres. La Révélation
condamnait la calomnie, la médisance et la diffamation de la façon la plus
ferme, rappelant aux musulmans, comme l’exprimera plus tard le Prophète (PSL), de « tenir leur langue » (Hadith rapporté par al-Bukhâri et
Muslim)
Aïsha
retrouvera
naturellement sa place et deviendra une référence en matière de connaissance et
de sciences islamiques.
Le
Prophète Muhammad (PSL) conseillera à ses compagnons :
« Aller
chercher la science auprès de cette jeune rouquine » Hâdith rapporté par
Muslim.
Au-delà des doutes et des
soupçons, au-delà de la calomnie, ‘Aïsha
resta sincère dans sa foi et son amour du Prophète
(PSL). Elle devint un modèle autant en matière de piété et de dévouement
que dans son engagement intellectuel et social. Elle fut un modèle à la lumière
de cet amour que le Prophète (PSL) lui a témoigné.
Yathrib 786
Le 21 mai 2018
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