Pendant près d’une année, le Prophète Muhammad (PSL) avait établi des pactes avec quelques
tribus habitant le long du littoral de la Mer Rouge, sur la route qu’empruntaient
les caravanes de la Mecque se rendant dans le Nord (Iraq ou Syrie). Ce qui gênait
les Quraysh qui devaient cherchaient
de nouvelles voies d’accès par l’Est. La tension ne cessait de monter. Le
prétexte de l’attaque effectuée durant le mois sacré était un prétexte pour
salir la réputation des émigrés et de mobiliser contre eux les tribus alentour.
La confrontation paraissait imminente.
L’Islam naissant ne pouvait survivre et se développer
que par la guerre. Il avait besoin de celle-ci pour étendre sa domination là où
la persuasion n’avait pas donné de résultats escomptés. L’Islam avait également de biens nécessaires à l’édification de sa
propre société chaque jour plus exigeante et plus complexe.
De son côté, la
Mecque avait aussi besoin de la guerre. Il lui fallait à tout prix éliminer
le Prophète Muhammad (PSL) et les siens, de crainte que l’importance
grandissante de Médine ne portât un coup fatal à son commerce. Le Prophète Muhammad (PSL) connaissait
assez bien ses anciens concitoyens pour savoir qu’ils l’attaqueraient à la
première occasion. Il le savait et il se préparait à la confrontation s’apprêtant
à déclencher l’une de ces opérations qu’on qualifierait de «préventive ».
Pendant cette période, le Prophète allait recevoir coup sur coup deux Révélations de
nature totalement différente mais dont les conséquences devaient, dans les deux
cas, marquer une rupture
Durant plus treize ans, les musulmans avaient été
invités à la patience et à la résistance passive face à la persécution et la
terreur des Quraysh. Ils avaient
enduré, souffert et persévéré. Puis ils avaient émigré sans répondre aux
agressions et en évitant la confrontation.
A présent que les musulmans étaient installés à Médine, il était évident que les Quraysh allaient intensifier leur
opposition et se donner d’autres moyens de mettre fin à la mission du Prophète (PSL). Médine et la nouvelle cité Islamique menaçaient non plus les équilibres internes de la cité de la Mecque mais aussi l’ordre protocolaire
sur l’ensemble du territoire de la péninsule. C’était le statut des Quraysh vis-à-vis de tous les autres
clans et tribus qui étaient en péril. La
période qui s’ouvrait allait être marqué par des conflits et des
confrontations.
« L’autorisation de combattre [de se défendre] est donnée aux victimes d’une agression, qui ont été injustement opprimées et Dieu a tout pouvoir pour les secourirr, ceux qui ont été chassés de leurs foyers uniquement pour avoir dit : « Notre Seigneur est Dieu ! » (Sourate 22 verset 39-4)
Entendant ce verset, Abû Bakr affirmera plus tard qu’il avait compris, comme d’ailleurs le Prophète (PSL) et les
compagnons, qu’il s’agissait de l’annonce de conflits et de guerres imminents.
Dorénavant, il convenait non plus de résister passivement, mais de se défendre
face aux agressions.
Les Jihâd de
la spiritualité et de l’intelligence avaient consisté soit à résister aux attractions
du moi égocentriques, avides ou violent, soit à répondre au moyen du Coran aux
arguments des contradicteurs païens. S’y
ajoutait désormais une autre forme possible de Jihâd al-qitâl, en cas d’agression armée : la nécessaire
résistance par les armes, la légitime défense, face à l’oppresseur.
Sur le plan du Qîtal,
de la lutte armée, il s’agit aussi de résistance. Il est présenté à la fin du
verset, comme une nécessité de la vie des hommes afin de résister aux
naturelles velléités expansionnistes et
oppressives des êtres humains :
« Si Dieu ne repoussait pas certains peuples (oppresseurs) par d’autres, des ermitages auraient été démolis, ainsi que des synagogues, des oratoires et des mosquées où le nom de Dieu est souvent invoqué. Dieu assistera assurément ceux qui aident au triomphe de sa cause. Dieu est certes fort et puissant. » (Sourate 22 verset 40)
« Si Dieu ne repoussait pas certains peuples (oppresseurs) par d’autres, la terre aurait été entièrement corrompue. » (Sourate 2 verset 30)
« Vas-tu établir sur la terre qui[l’Homme] y fera régner le mal et y répandre le sang… » Sourate 2 verset 30)
Le Coran
rappelle ainsi que par sa nature, l’homme est avide de pouvoir et enclin à
répandre le mal et à tuer. Le Jihâd
comme le qitâl sont-ils les voies
qui, par la résistance aux tentations sombres de l’intimité comme aux velléités guerrières des êtres humains, permettent d’accéder
à la paix, fruit d’un effort toujours renouvelé pour maîtriser ses tentations
comme ses oppresseurs.
L’essence du jihâd
est la quête de la paix, le qitâl
est le chemin parfois obligé de la paix.
Une ère nouvelle s’ouvrait pour les membres de la
communauté musulmane de Médine. Des
lendemains de guerres avec leurs lots de morts et de souffrances intensifiées
par le fait que les ennemis étaient originellement de leurs clans, leurs
propres parents. Leur survie était à ce prix.
Yathrib 786
Le 04 mars 2018
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