Les pratiques rituelles s’étaient établies à
Médine : le jeûne du mois de Ramadân,
l’imposition de la zakât (la taxe
sociale purificatrice), l’attestation de
foi et la prière. Les musulmans
se réunissaient à la mosquée à des heures déterminées de la journée pour prier.
Le
Prophète Muhammad (PSL) cherchait un moyen d’appeler les fidèles à
la prière. Il étudiait les possibilités de s’inspirer des pratiques juives ou chrétiennes
avec des clochettes ou au moyen d’une corne.
Un jour, ‘Abd
Allah ibn Zayd, un Ansâr qui
avait participé au deuxième pacte d’al-‘Aqaba,
vint le voir et lui fit part d’un rêve dans lequel un homme lui enseignait la
façon dont il devait appeler à la prière.
« Ô Messager d’Allah, ô Messager d’Allah ! J’ai vu en rêve qu’une personne me conseillait de faire l’appel à la prière comme ceci ;
Allahou Akbar ! Allahou Akbar !(Allah est plus Grand ! Allah est plus Grand)
Ach-hadou an lâ ilaha illa lâh !(Je témoigne qu’il n’y a de divinité sinon Allah)
Ach-hadou anna Mouhammadan rasouloul-lâh
(Je témoigne que Mohammed est le Messager d’Allah)
Hayya ‘alas-salâ (Venez à la prière)
Hayya ‘alal-falâh (Venez à la félicité)
Allahou Akbar ! Allahou Akbar ! (Allah est plus Grand ! Allah est plus Grand)
lâ ilaha illa lâh ! (il n’y a de divinité sinon Allah) »
Omar Ibn Al-Khattâb s’écria aussitôt affirmant avoir vu le même rêve !
Le Prophète
(PSL) l’écouta et reconnut l’authenticité de cette vision.
Il demanda qu’on aille chercher Bilâl, dont la voix était d’une extraordinaire
beauté, afin qu’il fasse le premier appel à la prière.
Celui-ci se jucha sur la plus haute maison à
proximité de la mosquée et appela à la prière.
Cet appel est toujours le même, fondé sur la
répétition de l’affirmation de la grandeur de Dieu (Allahou Akbar), de la double dimension de l’attestation de foi (« J’atteste qu’il n’est de dieu que Dieu et j’atteste que
Muhammad est son Envoyé ») et de l’appel à la prière et au succès
(ici-bas et dans l’Au-delà) qui emplit et réveille de ses intentions et
réveille de ses intonations et aux rythmes de sa prenante musicalité les cités
et les villes du monde entier depuis près de quinze siècles.
Cet appel exprime et rappelle, exactement
comme l’avait désiré le Prophète (PSL) en choisissant Bilâl comme muezzin, le mariage de la foi et de la beauté, de la
spiritualité et de l’esthétique. Du Dieu unique qui est beau et qui aime le
Beauté et qui accueille, cinq fois par jour, celles et ceux qui répondent au
bel appel les invitant à rencontrer l’ « infiniment Beau »
(Al-Jamil).
Qui
est Bilâl Al-Habashî ?
Quand on citait le nom d’Abu Bakr devant Omar
Ibn al-Khattâb, celui-ci disait:
« Abu Bakr est notre maître, qui a libéré notre maître. »
Il visait Bilal. Mais Bilal ne prêtait pas beaucoup d’attention aux éloges qu’on lui adressait. En effet, il baissait les yeux, en disant humblement:
«Je suis plutôt un Abyssinien… J’étais un esclave…»
Bilal Ibn Rabah était un esclave noir musulman qui pourrait servir d’exemple de combativité pour les musulmans de l’époque contemporaine. Fils d’une escale éthiopienne, Bilal Ibn Rabah est né à la Mecque (vers l’an 43 avant l’Hégire).
Il est l’un des premiers reconvertis à
l’Islam. Avant d’être libéré par Abu
Bakar, il se reconvertit à l’Islam alors qu’il était l’esclave de Umayyah Ibn Khalaf. Ce dernier résolut
de le torturer jusqu’à ce qu’il renie l’Islam ou qu’il meurt. Il le faisait coucher sur le dos sur
le sable brûlant du désert mecquois et faisait poser un rocher énorme sur sa
poitrine.
Bilal prenait part aux expéditions et aux
batailles, lançait l’appel à la prière et accomplissait les rites del’Islam. Si
bien que le Prophète (PSL) disait de lui:
« C’est un homme qui fait partie des compagnons du Jardin. »
Bilal
est aussi connu pour sa personnalité exceptionnelle qui force l’admiration.
Modeste, courageux, il aimait se trouver en compagnie du Prophète (PSL), qu’il accompagnait lors des grandes batailles.
Bilal mourut à Damas à soixante ans. Voici les derniers instants de sa vie :
« Quelle catastrophe ! Quelle catastrophe ! »
S’écriait son épouse le voyant en train
de mourir. Bilâl lui répondit :
« Ne dis pas ‘Quelle catastrophe !’, mais dis plutôt ‘Quelle joie !
Un jour, le
Prophète (PSL) dit à Bilâl :
« Ô Bilâl quelle est la meilleure œuvre que tu as accomplie pendant ton islam et pour laquelle tu espères la récompense et le pardon d’Allâh ? Au paradis, j’ai entendu le bruissement de tes chaussures devant moi ! »
Bilâl
répondit :
« Espérant la récompense et le pardon d’Allah, je n’ai rien accompli de meilleur que de prier autant qu’Allâh le veuille à chaque fois que je m’ablutionne, que ce soit le soir où le matin. » Sahîh Muslim, hadith n° 6130
Après la mort du Prophète (PSL), Bilâl ne
put plus lever l’Adhân (Appel à la
prière) à Médine et voulut partir
pour la Syrie. Il se rendit auprès d’Abû Bakr et lui dit :
« Ô Calife du Messager d’Allâh ! Un jour, j’ai entendu le Prophète dire : “La meilleure œuvre du croyant est le jihâd dans le sentier d’Allâh” et je voudrais me consacrer au sentier d’Allâh jusqu’à ma mort. »
Abû
Bakr répondit :
« Je t’en supplie Bilâl, pour l’amour de Dieu, reste à Médine ; j’ai vieilli et mon terme est proche. »
Bilâl
répondit :
« Si tu m’as affranchi pour toi-même, empêche-moi de partir. Mais si tu m’as affranchi pour Allah (Exalté soit-Il), laisse-moi partir vers Allah (Exalté soit-Il).»
Abû
Bakr (qu’Allah l’agrée), le laissa partir.
Ce ne fut que lorsque `Umar se rendit en Syrie qu’il ordonna à Bilâl de lever l’Adhân. Et entendant l’Adhân de Bilâl, personne ne vit `Umar
pleurer comme ce jour-là.
Après s’être installé en Syrie, Bilâl se maria et y demeura longtemps
sans se rendre à Médine. Un jour, il vit le Prophète (PSL) lui dire dans un songe :
« Qu’est-ce que cet éloignement, Bilâl ? N’est-il pas temps que tu me rendes visite ? ».
Bilâl se
réveilla alors attristé et se dirigea vers Médine jusqu’à ce qu’il arriva au
tombeau du Prophète (PSL) où il se
mit à pleurer. Ensuite, Al-Hasan
et Al-Husayn arrivèrent ; il les serra dans ses bras et les
embrassa. Ils lui dirent :
« Nous voudrions que tu lèves l’adhân à l’aube. »
Il monta alors sur le toit de la mosquée et
lorsqu’il commença à dire :
« Allahu
Akbar, Allahu Akbar ! » (Allah est le plus Grand, Allah est le Plus
Grand), Médine fut secouée. Quand il dit : « Ashhadu Allâ ilâha illâ Allâh ! » (Je témoigne
qu’il n’existe aucune divinité à l’exception d’Allah), Médine fut secouée
davantage. Lorsqu’il dit : « Ashhadu
Anna Muhammadan Rasûlullâh ! » (Je témoigne que Mohammad est le
messager d’Allah), les femmes sortirent de leurs foyers. Médine, ses hommes et
ses femmes, n’avaient jamais été vus pleurant comme ce jour-là.
Dans son ouvrage encyclopédique Hilyat Al-Awliyâ’, Abû Nu`aym affirme que Bilâl a le
même âge qu’Abû Bakr. Il dit également qu’il était le secrétaire du Prophète (PSL).
Al Bukhâri situe sa mort pendant le califat
de `Umar Ibn Al-Khattâb. `Amr Ibn `Alî la situe en l’an 20 A.H.
Bilal repose
désormais au cimetière historique de Bab al Saghir dans le quartier sud de la
vieille ville de Damas, en Syrie.
Avec lui le Prophète
Muhammad (PSL) matérialise le verset qui transcende les oppositions de race et
de couleur dans l’Islam :
«O hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle. Nous vous avons divisés en races et en tribus avec des caractères distinctifs. Le plus méritant aux yeux d’Allah est le plus pieux [celui qui le craint le plus]. Allah est savant et bien informé. » (Sourate 49 verset 13)
Yathrib 786
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