18 février 2018

Bilâl Al-Habashî, Le muezzin du Prophète Muhammad (PSL)



Les pratiques rituelles s’étaient établies à Médine : le jeûne du mois de Ramadân, l’imposition de la zakât (la taxe sociale purificatrice), l’attestation de foi et la prière. Les musulmans se réunissaient à la mosquée à des heures déterminées de la journée pour prier.

Le Prophète Muhammad (PSL) cherchait un moyen d’appeler les fidèles à la prière. Il étudiait les possibilités de s’inspirer des pratiques juives ou chrétiennes avec des clochettes ou au moyen d’une corne.

Un jour, ‘Abd Allah ibn Zayd, un Ansâr qui avait participé au deuxième pacte d’al-‘Aqaba, vint le voir et lui fit part d’un rêve dans lequel un homme lui enseignait la façon dont il devait appeler à la prière. 


« Ô Messager d’Allah, ô Messager d’Allah ! J’ai vu en rêve qu’une personne me conseillait de faire l’appel à la prière comme ceci ;
Allahou Akbar ! Allahou Akbar !
(Allah est plus Grand ! Allah est plus Grand)
Ach-hadou an lâ ilaha illa lâh !
(Je témoigne qu’il n’y a de divinité sinon Allah)
Ach-hadou anna Mouhammadan rasouloul-lâh

(Je témoigne que Mohammed est le Messager d’Allah)
Hayya ‘alas-salâ (Venez à la prière)
Hayya ‘alal-falâh (Venez à la félicité)
Allahou Akbar ! Allahou Akbar ! (Allah est plus Grand ! Allah est plus Grand)
lâ ilaha illa lâh ! (il n’y a de divinité sinon Allah) »


Omar Ibn Al-Khattâb s’écria aussitôt affirmant avoir vu le même rêve !
Le Prophète (PSL) l’écouta et reconnut l’authenticité de cette vision.
Il demanda qu’on aille chercher Bilâl, dont la voix était d’une extraordinaire beauté, afin qu’il fasse le premier appel à la prière.

Celui-ci se jucha sur la plus haute maison à proximité de la mosquée et appela à la prière.

Cet appel est toujours le même, fondé sur la répétition de l’affirmation de la grandeur de Dieu (Allahou Akbar), de la double dimension  de l’attestation de foi (« J’atteste qu’il n’est de dieu que Dieu et j’atteste que Muhammad est son Envoyé ») et de l’appel à la prière et au succès (ici-bas et dans l’Au-delà) qui emplit et réveille de ses intentions et réveille de ses intonations et aux rythmes de sa prenante musicalité les cités et les villes du monde entier depuis près de quinze siècles.

Cet appel exprime et rappelle, exactement comme l’avait désiré le Prophète (PSL) en choisissant Bilâl comme muezzin, le mariage de la foi et de la beauté, de la spiritualité et de l’esthétique. Du Dieu unique qui est beau et qui aime le Beauté et qui accueille, cinq fois par jour, celles et ceux qui répondent au bel appel les invitant à rencontrer l’ « infiniment Beau » (Al-Jamil).

Qui est Bilâl Al-Habashî ?
Quand on citait le nom d’Abu Bakr devant Omar Ibn al-Khattâb, celui-ci disait: 


« Abu Bakr est notre maître, qui a libéré notre maître. »

Il visait Bilal. Mais Bilal ne prêtait pas beaucoup d’attention aux éloges qu’on lui adressait. En effet, il baissait les yeux, en disant humblement:

«Je suis plutôt un Abyssinien… J’étais un esclave…»



Bilal Ibn Rabah était un esclave noir musulman qui pourrait servir d’exemple de combativité pour les musulmans de l’époque contemporaine. Fils d’une escale éthiopienne, Bilal Ibn Rabah est né à la Mecque (vers l’an 43 avant l’Hégire).
Il est l’un des premiers reconvertis à l’Islam. Avant d’être libéré par Abu Bakar, il se reconvertit à l’Islam alors qu’il était l’esclave de Umayyah Ibn Khalaf. Ce dernier résolut de le torturer jusqu’à ce qu’il renie l’Islam ou qu’il meurt. Il le faisait coucher sur le dos sur le sable brûlant du désert mecquois et faisait poser un rocher énorme sur sa poitrine.

Bilal prenait part aux expéditions et aux batailles, lançait l’appel à la prière et accomplissait les rites del’Islam. Si bien que le Prophète (PSL) disait de lui: 


« C’est un homme qui fait partie des compagnons du Jardin. »


Bilal est aussi connu pour sa personnalité exceptionnelle qui force l’admiration. Modeste, courageux, il aimait se trouver en compagnie du Prophète (PSL), qu’il accompagnait lors des grandes batailles. Bilal mourut à Damas à soixante ans. Voici les derniers instants de sa vie :


« Quelle catastrophe ! Quelle catastrophe ! » 


S’écriait son épouse le voyant en train de mourir. Bilâl lui répondit : 


« Ne dis pas ‘Quelle catastrophe !’, mais dis plutôt ‘Quelle joie !

Un jour, le Prophète (PSL) dit à Bilâl 


« Ô Bilâl quelle est la meilleure œuvre que tu as accomplie pendant ton islam et pour laquelle tu espères la récompense et le pardon d’Allâh ? Au paradis, j’ai entendu le bruissement de tes chaussures devant moi ! »

Bilâl répondit :


 « Espérant la récompense et le pardon d’Allah, je n’ai rien accompli de meilleur que de prier autant qu’Allâh le veuille à chaque fois que je m’ablutionne, que ce soit le soir où le matin. » Sahîh Muslim, hadith n° 6130

Après la mort du Prophète (PSL), Bilâl ne put plus lever l’Adhân (Appel à la prière) à Médine et voulut partir pour la Syrie. Il se rendit auprès d’Abû Bakr et lui dit : 


« Ô Calife du Messager d’Allâh ! Un jour, j’ai entendu le Prophète dire : “La meilleure œuvre du croyant est le jihâd dans le sentier d’Allâh” et je voudrais me consacrer au sentier d’Allâh jusqu’à ma mort. »

Abû Bakr répondit :


« Je t’en supplie Bilâl, pour l’amour de Dieu, reste à Médine ; j’ai vieilli et mon terme est proche. »

Bilâl répondit : 


« Si tu m’as affranchi pour toi-même, empêche-moi de partir. Mais si tu m’as affranchi pour Allah  (Exalté soit-Il), laisse-moi partir vers Allah (Exalté soit-Il).»

Abû Bakr (qu’Allah l’agrée), le laissa partir.

Ce ne fut que lorsque `Umar se rendit en Syrie qu’il ordonna à Bilâl de lever l’Adhân. Et entendant l’Adhân de Bilâl, personne ne vit `Umar pleurer comme ce jour-là.

Après s’être installé en Syrie, Bilâl se maria et y demeura longtemps sans se rendre à Médine. Un jour, il vit le Prophète (PSL) lui dire dans un songe : 


« Qu’est-ce que cet éloignement, Bilâl ? N’est-il pas temps que tu me rendes visite ? ».

Bilâl se réveilla alors attristé et se dirigea vers Médine jusqu’à ce qu’il arriva au tombeau du Prophète (PSL) où il se mit à pleurer. Ensuite, Al-Hasan et Al-Husayn arrivèrent ; il les serra dans ses bras et les embrassa. Ils lui dirent :


« Nous voudrions que tu lèves l’adhân à l’aube. »

 
Il monta alors sur le toit de la mosquée et lorsqu’il commença à dire : 

« Allahu Akbar, Allahu Akbar ! » (Allah est le plus Grand, Allah est le Plus Grand), Médine fut secouée. Quand il dit : « Ashhadu Allâ ilâha illâ Allâh ! » (Je témoigne qu’il n’existe aucune divinité à l’exception d’Allah), Médine fut secouée davantage. Lorsqu’il dit : « Ashhadu Anna Muhammadan Rasûlullâh ! » (Je témoigne que Mohammad est le messager d’Allah), les femmes sortirent de leurs foyers. Médine, ses hommes et ses femmes, n’avaient jamais été vus pleurant comme ce jour-là.

Dans son ouvrage encyclopédique Hilyat Al-Awliyâ’, Abû Nu`aym affirme que Bilâl a le même âge qu’Abû Bakr. Il dit également qu’il était le secrétaire du Prophète (PSL).

Al Bukhâri situe sa mort pendant le califat de `Umar Ibn Al-Khattâb. `Amr Ibn `Alî la situe en l’an 20 A.H.

Bilal repose désormais au cimetière historique de Bab al Saghir dans le quartier sud de la vieille ville de Damas, en Syrie.

Avec lui le Prophète Muhammad (PSL) matérialise le verset qui transcende les oppositions de race et de couleur dans l’Islam :


«O hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle. Nous vous avons divisés en races et en tribus avec des caractères distinctifs. Le plus méritant aux yeux d’Allah est le plus pieux [celui qui le craint le plus]. Allah est savant et bien informé. » (Sourate 49 verset 13)



Yathrib 786
Le 18 février 2018

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