Pour rappel, Le
Prophète Muhammad (PSL), était le fils de Abdallah, fils de Abd
Al-Mouttaleb, alias «Chaïbat Al Hamd», fils de Hachem,
fils de Abd Manaf, alias «Moughira», fils de Qassiy, alias Zaïd, fils de kilab,
fils de Mourra, fils de Ka'b, fils de Lou ay, fils de Ghaleb, fils de Fehr,
fils de Malek, fils d'An-Nadar, fils de Moudrika, fils d'Elias, Fils de Moudar,
fils de NIzar, fils de Ma,d fils de 'Adnan.
Revenir sur le fait de confier les enfants à des nourrices en Arabie
Sur mon précédent article, j’ai abordé le fait que les arabes sédentaires avaient pour coutume de
confier leurs enfants à des nourrices qui vivaient à l'extérieur de la Mecque
dans le désert. Celles-ci les emmenaient chez elles jusqu'à un certain âge et
les allaitaient.
Les raisons de cette
pratique
Préserver la langue
arabe
Lors des pèlerinages,
les gens affluaient de différentes régions. D'où le mélange de différentes
langues, ce qui pouvait ainsi entacher la langue arabe de leurs enfants. Mais
les arabes attachaient beaucoup d'importance à la richesse et la pureté de la langue arabe, et voulaient donc que cette éloquence soit
préservée. D'ailleurs, le Prophète Muhamamd (PSL) exprima un jour sa fierté du fait de
la noblesse de sa filiation, en disant :
« Je suis le plus éloquent en arabe entre vous : je suis Quraychite et fut mis en nourrice chez les Béni Sa'd. »
Sîrat Al Rasûl, Ibn Hishâm
Forger le
courage
D'autre part, les
Quraychs, attendaient de ces pratiques l'acquisition d'un courage intrépide
par leurs enfants, du fait de la difficulté de vie en dehors de la Mecque.
Protéger
Aussi, de nombreuses
maladies étaient présentes dans les métropoles et il était plus prudent de les
en écarter durant les premiers moments de leur vie.
La vie dans le désert et l’exemple des Banû Sa'd
La vie chez une
nourrice nomade ne pouvait être que très simple : la tribu passait les
différentes saisons en divers endroits, les enfants surveillaient toute la
journée les troupeaux dans les pâturages, et jouaient ensemble. Les femmes
ramassaient le bois pour la cuisine, entretenaient leurs foyers, et
s'occupaient à filer. On se contentait quelquefois de dattes et de lait,
parfois on mangeait des légumes, ou de la viande par exemple, et, lors des foires
ou des visites aux "grandes villes" comme la Mecque, quelques
friandises.
Il pouvait y avoir des razzias et des guerres entre les tribus,
mais nos sources n'en mentionnent aucune concernant la tribu de la nourrice
Halîma.
Les narrateurs
s'accordent sur le fait que les Sa'dites passaient en ce moment par une période
de sécheresse, et que leur végétation verdoya de nouveau aussitôt que Halima
prit l'enfant à sa charge.
Le Prophète Muhammad
(PSL) se comportait comme tous les autres enfants. On rapporte qu'un jour, pour
une raison que les narrateurs ne mentionnent pas, il mordit l'épaule de sa sœur
de lait avec une telle vigueur que la trace lui resta toute sa vie ! Mais elle
n'eut pas à regretter : plus tard, en effet, dans une expédition, l'armée du Prophète
(PSL) fit un certain nombre de prisonniers parmi lesquels se trouva Chaimâ',
cette sœur de lait. Lorsqu'elle rappela au Prophète Muhammad (PSL) l'incident
et lui montra l'incision sur son épaule, il la reconnut aussitôt, et elle fut
traitée avec tous les égards dus à une sœur bien aimée (faits rapportés par Ibn Hichâm.p. 856-857
; Balâdhuri, § 161).
La grande foire
annuelle de 'Ukâz avait lieu dans la région. On y rencontrait quelquefois
Halîma et son nourrisson, et l'on rapporte que Halîma demanda à un
astrologue-devin de la tribu de Hudhail, qui exerçait son métier à la foire, de
prédire le destin de l'enfant (faits rapportés par Ibn Sa'd, I/I, p 98).
L'allaitement du Prophète (PSL)
C'est ainsi que
s'accomplit l'allaitement du Prophète (PSL) chez les Béni Sa'd. Celui-ci dura 2
ans.
« Les mères qui veulent donner à leurs enfants un allaitement complet, les allaiteront deux années entières.
Le père doit assurer leur nourriture et leurs vêtements, conformément à l'usage. Mais chacun n'est tenu à cela que das la mesure de ses moyens.
La mère n'a pas à subir de dommages, à cause de son enfant, ni le père, à cause de son enfant, - les mêmes obligations incombent à l'héritier -
Si, d'un commun accord, les parents veulent sevrer leur enfant, aucune faute ne leur sera reprochée.
Si vous désirer mettre vos enfants en nourrice, aucune faute ne vous sera reprochée, à condition que vous acquittiez la rétribution, conformément à l'usage.
Craignez Dieu !
Coran, sourate 2 "la vache, verset 233Sachez que Dieu voit parfaitement ce que vous faites. »
La « fente de la poitrine »
Alors que le Prophète
(PSL) avait 4 ou 5 ans, il se passa un évènement tout à fait particulier. Alors que le Prophète jouait avec des enfants de la tribu des Banû Sa'd, Halîma raconte que son fils vient à elle, et son mari affolé, et leur annonce que « deux hommes vêtus de blancs se sont assis à côté de lui, et l'ont couché à terre ; puis ils lui ont ouvert la poitrine et y ont plongé leurs mains. »
Ibn Hishâm, op. cit. page 301
Halima et son mari courru à l'endroit indiqué par leur enfant et trouvèrent le Prophète Muhammad (PSL) secoué et pâle. Il confirma les propos de son frère de lait, en ajoutant que les deux hommes, après avoir ouvert sa poitrine, y « touchèrent quelque chose, je ne sais ce que c'est. »
Ibn Hishâm, op. cit. page 301
Ibn Hishâm, op. cit. page 301
Troublé par cette histoire, et craignant que l'enfant ait pu être atteint par un mal quelconque, le couple décida de le ramener à sa mère. Il cachèrent d'abord la vérité, mais face à des questions insistantes de la maman, ils l'informèrent de ce qui c'était passé. Elle n'en fût pas surprise, et révéla qu'elle même fût témoin de signes attestant qu'un destin particulier se préparait pour son enfant.
Bien des années plus tard, le prophète parlera de cet événement, et affirmera que deux hommes « lui fendirent la poitrine, en sortirent le coeur, qu'ils ouvrirent à son tour pour en extraire un caillot noir qu'ils jettèrent au loin. Puis, ils me lavèrent le coeur, et la poitrine avec de la neige. »
Ibn Hishâm, op. cit. page 302
Ibn Hishâm, op. cit. page 302
Dans d'autres traditions, il expliqua le sens spirituel de ces faits, il exposera le sens spirituel de ses faits comme lors d'une discussion avec des compagnons : « il n'en est point parmi vous qui ne soit accompagnés d'un djinn, et d'un ange, pour lesquels ils furent spécifiquement mandaté. »
Ils demandèrent : « Il en de même pour toi, Ô Envoyé ?
- Il en est de même pour moi, si ce n'est que Dieu m'a aidé et qu'Il [le djinn, au sens de l'esprit du mal, ici] s'est soumis et ne me commande que le Bien. »
Hâdith raconté par Muslim
Le Prophète oriente ici notre compréhension de l'évènement, au delà des faits rapportés, vers sa dimension spirituelle et fondamentale. Dès son plus jeune âge, l'Envoyé a été protégé contre les tentations du mal qui sévissent dans le cœur de chacun. Sa poitrine, purifiée du mal, l'a préparée à sa mission prophétique, et il revivra une expérience similaire, environ cinquante ans plus tard, lorsque son cœur sera à nouveau ouvert et purifié, pour pouvoir vivre l'expérience du voyage nocturne vers Jérusalem, puis l'élévation vers Sidra al-Muntabâ, expérience spirituelle, singulière et initiatique qui prépare l'élu à recevoir dans le premier cas le message de l'Islam, puis dans le second cas l'injonction de la prière rituelle.
« N'avons nous pas ouvert pour toi ta poitrine? Ne t'avons nous pas débarassé du fardeau qui pesait sur ton dos, n'avons nous pas exalté ta renommée? »
Coran, sourate 94, verset 3 et 4
Pour la majorité des exégètes du Coran, ces versets se rapportent au triple don accordé au Prophète (PSL) :
- la foi en l'Unique est inscrite en son cœur,
- l’élection de la prophétie,
- l'accompagnement de Dieu lui-même tout au long de sa mission,
Souvenir et reconnaissance
A l’avènement de la conquête de la Mecque. Le Prophète (PSL) a croisé le
regard souriant d’une vielle femme qui le dévisageait : c’était Halima. La
nourrice pouvait être fière de l’enfant glorieux qu’elle avait allaité. Le
Prophète (BP sur lui) était content de la revoir, l’appelant à haute voix
« Mère » et il l’avait honorée en mettant son manteau par terre pour
qu’elle puisse s’y asseoir et en demandant congé auprès de ses compagnons pour
une petite heure rien que pour lui parler en tête à tête. N’est-ce pas une
magnifique preuve de fidélité ?
Et il y a mieux
encore : durant la guerre contre les Hawazim et Hounaïn, le Prophète (BP
sur lui) a su que son frère de lait était parmi les vaincus. Il a alors demandé
à ses compagnons la permission de rendre le butin. On se demanda s’il gardait
encore le souvenir de ce frère. Il répondit que non mais que c’était un geste
de fidélité envers sa mère Halima. Il est même allé jusqu’à emprunter de
l’argent pour combler la valeur du butin non rendu.
Mort d'Âmina
Le Prophète (PSL) restera deux ans avec sa mère, il a 6 ans, et cette dernière tient à ce qu'il fasse la connaissance des membres de sa famille qui résident à Yathrib. Ils s'y rendent mais sur le chemin du retour, Amina tombe malade et meurt à Abwâ, où elle sera enterrée.
Barakah, qui était du voyage, avec eux, et qui servait Amina, ramène le Prophète Muhammad à La Mecque. C'est son grand-père, 'Abd Al-Mottalib, qui se charge de lui.
Plus tard,
toutes les fois qu'il (Saw) passait par Abwâ', au cours de ses expéditions, le
Prophète (Saw) s'arrêtait pour visiter le tombeau de sa mère, et versait
d'abondantes larmes (Ibn Hichâm, p 107 ; Suhailî, I, 113).
'Abd Al-Mottalib
Oum Ayman,
l'affranchie de son père se chargea alors du Prophète (PSL). Elle parvint à
rentrer à la Mecque avec l'enfant, après avoir assisté à l'enterrement d'Amina.
Elle le remit à son grand-père, 'Abd Al-Mottalib, âgé alors de 108 ans, prit
son petit-fils chez lui. Il fit donc son 2ème tuteur. Comme l'enfant avait
perdu son père aussi bien que sa mère, l'affection du grand-père envers lui
était naturellement très grande.
On rapporte que
toutes les fois que 'Abd Al-Mottalib s'asseyait sur un tapis dans un conseil
municipal pour discuter avec les autres conseillers des questions sérieuses,
l'enfant Muhammad (PSL) aimait à laisser ses jouets et à venir assister au conseil;
il voulait s'asseoir à la première place, à côté de son grand-père. Ses oncles
le lui défendaient, mais le grand-père disait toujours:
« Laissez-le ; il se croit un grand homme, et j'espère bien qu'il va l'être ; il est si sage. »Ibn Hichâm p.108 ; Balâdhurî, I, § 143- Ibn al-Jauzî, Wafâ, p. 102, 120,130.
Il était en effet
bien sage, jamais l'assemblée n'eut à se plaindre qu'il les dérangeât. Le
grand-père l'aimait tant qu'aux dires des chroniqueurs (propos rapportés dans Suhailî.1, 179 ;
Balldhuri, I, §146), un jour, lors d'une disette, il pria Dieu pour la pluie
en Le suppliant au nom de son petit-fils, et il ne fut point déçu.
A l'âge de 7 ans,
Muhammad (PSL) eut mal aux yeux, et les "médecins" de la Mecque ne
purent le guérir. On rapporte que 'Abd Al-Mottalib se rendit alors au couvent
d'un religieux chrétien, près de 'Ukâz, où on lui donna une prescription qui
réussit très bien. (propos rapportés dans Halabî, Insân, I, 149).
C'est apparemment
d'une époque postérieure que nous parle Al-Qifti (Akhbâr al Hukamâ p
110; ibn Hajar, Isâbah, No 1471, § Haritch Ibn Kaladah). lorsqu'il
raconte qu'étant tombé malade, Muhammad (PSL) avait demandé à son ami Sa'd Ibn
Abi-Waqqas de faire venir le médecin mecquois Al-Hârith Ibn Kaladah.
Mort de 'Abd
Al-Mottalib (8 ans)
Muhammad (PSL) était
âgé de 8 ans, lorsque son grand-père mourut, après l'avoir confié à son fils
Abû Tâlib, oncle germain de Muhammad (PSL), en lui recommandant d'en avoir le plus
grand soin (Ibn Sa'd l/l, p 75; Tabari. I, 1123).
Abû-Tâlib fut ainsi
son 3ème tuteur. Le Prophète (PSL) restera sous sa garde jusqu'à l'âge de
raison. Il n'aura de cesse de témoigner envers le Prophète (PSL) un amour et un respect tout à fait singulier.
Garde par Abou Tâlib
Le choix d'Abou Tâlib
comme tuteur de Muhammad (PSL) de préférence aux autres oncles, a été
particulièrement heureux. Né de la même mère et du même père que le père de
Muhammad (PSL) Abou Tâlib possédait des qualités de cœur très rares.
De sa tante, épouse
de son tuteur, Muhammad (PSL) nous dit lui-même :
"Lorsqu'elle mourut, quelqu'un me fit la remarque: "Ô Envoyé de Dieu, pourquoi ressens-tu si douloureusement la mort d'une vieille femme ?" Et je répondis: "Pourquoi pas ? Lorsque j'étais un enfant orphelin chez elle, elle laissait ses enfants avoir faim, mais elle me nourrissait; elle délaissait ses enfants pour me peigner; et elle était comme ma mère;"
Ya'qûbî,
II, 14 ; Suhailî, I, 112
Lorsque le petit
déjeuner venait d'être servi, chez Abou Tâlib, tous les matins, la troupe de
ses nombreux enfants le pillait avant que Muhammad (PSL) y ait touché ; quand
Abou Tâlib s'aperçut que son jeune neveu ne prenait pas part à ce pillage il le
lui fit servir à part (Ibn Sa'd, I/I,p 46 ; Maqrîzî, Imtâ', I, 7).
A cette époque, il
n'y avait pas d'école à la Mecque ; c'est pourquoi il n'apprit ni à lire ni à
écrire. Bientôt le jeune garçon commença à travailler comme berger pour les
Mecquois, gagnant ainsi quelques sous pour ajouter aux maigres recettes de son
oncle (Ibn Hichâm p 106 ; Suhailî, I, 112 d'après Bukhârî, etc. ; Ibn
Sa'd, I/i, p 80)
Voyage en Syrie (9 ans)
Muhammad (PSL) avait neuf ans, lorsqu'Abou Tâlib se vit obligé à l'idée d'être séparé, même pour peu de temps, de son oncle; il lui demanda de l'accompagner ; Abou Tâlib céda, et c'est ainsi que Muhammad (PSL)fit son premier voyage hors de l'Arabie. On peut bien penser que le jeune voyageur n'était pas du tout un fardeau inutile pour son oncle : de mille façons il pouvait lui rendre de petits services, et lui épargner maints inconvénients.
A Busrà, au-delà de
la Mer Morte, entre Jérusalem et Damas, la caravane s'arrêta pour faire les
échanges usuels et les transactions nécessaires. Comme d'habitude, ils durent
camper dans la banlieue de la ville. C'était un territoire byzantin. Ne nous
étonnons donc pas s'il y avait un couvent, près des champs où la caravane
établit ses tentes. Un certain moine, Bahîrâ, regarda de son couvent la colonie
temporaire, et s'étonna du sage comportement de ses voisins, ce qui était rare
chez de tels visiteurs aussi
il demanda vite
à Abu Talib:
«Qu'est-ce que ce garçon pour vous?»
«Mon fils » répond-t-il.
Le moine dit. « Son père ne devrait pas être vivant. »
Abou Talib acquiesça
an disant :
«Oui, en fait, il est le fils de mon frère» en lui racontant par la suite la dure vie du Prophète.
Le moine dit: «Maintenant vous me dites la vérité. Emmenez-le en arrière et faire attention aux Juifs à son sujet.»
Le Prophète grandit orphelin et pauvre. Telle était la volonté de Dieu; c'est
ainsi que Son Messager apprit à se désintéresser de l'argent et de la
puissance, ne fournissant à son entourage aucune occasion de l'accuser
d'ambition. Le Prophète Muhammad (PSL) est entouré par des signes d'élection autant que par la douleur, la souffrance et la mort. Ce sont des signes et des épreuves qui le préparent à la dite-mission.
Yathrib786
29 avril 2017
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