L’Arabie est un immense
quadrilatère placé entre l’Afrique et l’Asie. Une terre aride et stérile :
du sable, des roches, des basaltes, point de rivières et de nappes d’eau,
seulement quelques oueds. Très tôt, l’eau a donc été une préoccupation
constante des hommes résidant sur ces terres. La péninsule Arabique avant
l’Islam profite des rares sources d’eau comme points de ralliements pour les
tribus migrantes, les bédouins, les pasteurs, les chasseurs et les puissantes
caravanes.
Quelques zones humides à
l’image du Yémen connaissent les bienfaits de la Mousson, « mawsam » en arabe,
c’est-à-dire, « la saison occurrente » selon Salah Statie. Cet espace
bénit du ciel englobait au IIIe siècle quatre importants royaumes :
Qatabân, Hadramaout, Saba et Ma’în. C’était une région où les caravanes
venaient chercher l’encens, le boswalia, connu de tout le monde, mais
aussi des épices, des aromates et la myrrhe, qui y étaient produits en grande
qualité.
Les Arabes de la région du
Nord habitaient dans le « désert des déserts » (« Le rib’al
Khali »).
Il était composé du Hedjaz, du Nedj et du Yamama. Dans cette région,
l’existence était une perpétuelle lutte pour la vie, que le bédouin soutenait
avec l’aide du chameau ou du cheval. Il luttait, dans une mobilité incessante,
pour trouver de l’eau, des pâtures, mais aussi pour survivre aux guerres
tribales permanentes, qui donnaient lieu à d’incessantes razzias pour se
procurer de quoi vivre. La guerre prend ainsi l’aspect d’une institution
naturelle entre les tribus et les alliances, auxquelles l’individu doit
appartenir s’il veut non seulement vivre, mais s’il entend aussi survivre.
Nulle organisation politique n’évoluait dans cette région contrairement au Sud.
Dans l’Arabie du Sud, une
civilisation raffinée s’était établie dans les quatre royaumes. Cette
civilisation connaît son apogée vers 300 après J.C. avec l’unification
des royaumes sur l’actuel Yémen.
En face de cette entité
prospère, l’Arabie du Nord n’alignait que quelques villes sur des oasis, telles
que Yathrib, et qui se faisaient le relais des caravanes. Ces villes tiraient
l’essentiel de leur prospérité d’une situation géographique optimale :
elles étaient au cœur du chemin des caravanes venant du Sud et se rendant vers
le Nord, desservant ainsi les pays du Croissant fertile (Palestine, Syrie,
Mésopotamie).
À partir du IVe siècle après
J.C., les choses évoluent. L’Arabie du Sud est fragilisée par la complexité
même de sa civilisation et d’un système économico politique dépendant de
beaucoup de facteurs extérieurs.
Les Bédouins, devenus de
redoutables cavaliers lancent des incursions vers l’intérieur des terres et les
têtes de pont du Croissant fertile (Petra, Palmyre ou Al-Hadar cité qui donnera
son nom à la civilisation Hadâra).
Un nouveau Proche-Orient se
dessine, dominé par la Perse et Byzance. Byzance devient une grandiose
métropole, mais aussi un centre majeur de rayonnement de la Chrétieneté. En
effet, le pouvoir impérial a été transféré de Rome à Constantinople à la suite
de la conversion de Constantin. Une force inattendue entre en scène : la
religion.
L’Arabie, qu’elle soit du Nord
ou du Sud est désormais encerclée par deux empires rajeunis et vigoureux :
La Byzance Chrétienne et la Perse Zoroastrienne.
Les deux luttent, se
combattent l’une l’autre, prétendant chacune pour son compte, à la suprématie
et à la domination de toute la région. Leurs faces à faces, à tour à tour
violents puis pacifiques, vont donner naissance à des courants de pensée, à des
coutumes, à des structures institutionnelles ou sociales dans lesquels l’Islam
puisera.
À la question "Qu’en était-il de
l’Arabie ?" l’historien Edmond Rabbth
répond :
« Entre ces deux panneaux de l’ancien monde (Byzance, la Perse), à l’angle où il entrait en contact, l’Arabie subsistait, inaccessible et méprisée. C’est dans l’une de ces plus chaudes citées caravanières, qui s’échelonnaient non loin de la Mer Rouge, et contribuaient à la circulation des marchandises entre la Méditerranée et l’Asie, au milieu des discussions d’affaires et parmi les livres de commerce, que naquit l’Islam au VIIe siècle. Telle la tempête qui, soudain, surgit des sables, il s’élança à peine formé à la conquête du monde, pour détruire l’Empire millénaire des Perses, et s’emparer des provinces sémitiques de Byzance et insuffler aux vieux concepts de la civilisation antique une âme neuve, qui a fini par détacher l’Orient de l’ordre fondé par Rome et le Christianisme. »
Source : L’Orient
Chrétien à la veille de l’Islam, Edmond Rabbth, Tome 1, Beyrouth, 1980
Yathrib786
12 March 2017