25 avril 2021

Le Prophète Muhammad (PSL), le Modèle et le Guide par excellence

 « Il y a certes pour vous, dans le Messager de Dieu, le meilleur des modèles pour qui désire s’approcher de Dieu et de l’au-delà et se souvient de Dieu intensément. » (Sourate 33, verset 21)

 

    Le Prophète Muhammad (PSL) s’en est allé. Je reprends ce blog suite une période de recherche du fait de la préparation de ma Thèse. L’histoire du Prophète (PSL) ne saurait quant à elle s’arrêter quel que soit nos préoccupations en ce bas monde.

    L’Envoyé de Dieu (PSL) est notre repère dans le temps et dans l’espace, le Maître par excellence dont on étudie les enseignements si actuels, le Guide que nous suivons, le Modèle par excellence. Il est l’Elu dont on médite la vie, la mort, le vécu, les paroles et les actions.

    Vingt-trois ans durant, le Prophète Muhammad (PSL) nous a guidé dans les méandres de l’histoire, de la foi en un Dieu Unique, le Dieu d’Abraham, d’Isaac, de Moïse, de Loth, de Noé, de Youssouf, de Jonas, de Jésus, bref des 124 000 prophètes (Rassûl) dont 313 Envoyés (Nabî) qui ont porté à leur peuple un message. Lui nous a porté et légué le Livre (al Kitab)  (al Qurane et al Furqane pour les initiés).

    Il a cherché et il a trouvé. Il a cherché la voie singulière de la liberté, de l’élévation spirituelle, de la sagesse, de la dignité, de la proximité... Dieu l’avait consacré le Dernier des envoyés et le Meilleur parmi les Illustres et les hommes du fait de son caractère. Le Prophète Muhammad (PSL) a reçu la Révélation, étape après étape. La RévélationDieu s’adressait à lui, aux hommes (ceux qui vivent et ceux qui nous ont précédés), à l’histoire, aux mondes des cieux et de la terre, à l’éternité du temps.

    Le Prophète Muhammad (PSL) écoutait la Révélation. Dieu lui parlait. Il récitait, révisait, méditait avec l’aide de l’ange Gabriel surtout au mois béni du Ramadan. Il contemplait les hommes, le monde, l’environnement pour découvrir les signes de Dieu, les signes de l’UN. Il méditait de jour comme de nuit, dans la solitude de la foule des compagnons, dans la solitude du désert, dans la solitude de la nuit froide quand tout le monde dormait. Il priait dans le silence de la nuit. Il invoquait Dieu seul et quand les compagnons désespéraient.

    Le Prophète Muhammad (PSL) invoquait Dieu dans son Unicité, dans son Eternité, dans ses 99 Noms sublimes, dans sa Grandeur, dans sa Miséricorde

    Le Prophète Muhammad (PSL) était patient, persévérant devant l’adversité et l’insulte quand tant d’êtres lui tournaient le dos, le trahissaient… Sa spiritualité, sa foi indéfectible l’avaient libéré de l’ego, de l’orgueil, de la suffisance, des mauvais conseils, des mauvais conseillers…Il ne cessait de voir et de rappeler les signes de Dieu aussi bien dans l’oiseau qui vole dans l’arbre qui se dresse, la succession du jour et de la nuit, le crépuscule qui s’installe ou l’étoile qui brille…

    Le Prophète Muhammad (PSL) a su répandre le pardon et l’amour autour de lui. Ses épouses furent comblées par sa présence, sa tendresse, son affection…

 Ses compagnons l’aimaient d’un amour intense, profond, sincère et extraordinaire. Le Prophète (PSL) était généreux, disponible et accessible. Il donnait et offrait sa présence, ses sourires, son Etre. S’il était convié par un esclave à l’autre bout de la ville, il allait, il écoutait, il aimait… Il n’était la possession de personne. Il offrait son amour à tous, simplement et avec simplicité.  Quand il donnait sa main à un individu qui le saluait, il ne la retirait jamais le premier. Il savait que la sérénité, la lumière, la paix de l’âme peuvent jaillir dans le cœur d’un être à qui l’on offre un mot tendre, un réconfort, un sourire, une parole douce… Sa présence était un refuge. Il était l’Envoyé de Dieu.

 

    Il aimait, il pardonnait. Sans un jour ne passait sans qu’il ne demande pardon à Dieu pour ses propres insuffisances et ses manquements. Lorsqu’une femme ou un homme venait à lui avec le poids d’une faute lourde, aussi grave soit-elle, il ou elle recevait cette conscience qui lui indiquait le pardon, le dialogue avec Dieu, du voile et de la protection du Miséricorde… Il couvrait les fautes d’autrui aux yeux des autres en apprenant à ses épouses, ses enfants, ses compagnons l’exigence et l’impératif de la discipline.

    Au paresseux qui venait demander le minimum de pratique dans la dévotion, il répondait toujours positivement. Il invitait la personne à user de son intelligence, de ses qualités, de son libre arbitre pour comprendre, s’améliorer et enfin se libérer de ses propres contradictions tout en acceptant ses fragilités.

    La Prophète Muhammad (PSL) enseignait la responsabilité sans la culpabilité, l’exigence de vérité, de sincérité, d’engagement, de modestie bref d’éthique comme condition de la liberté.

 

Yathrib 786

Le 25 avril 2021

17 novembre 2019

Le Prophète Muhammad (PSL) dans l’histoire, pour l'Eternité


Le Prophète Muhammad (PSL) est cette lumière qui mène à la Lumière.

 « Il y a certes pour vous, dans le Messager de Dieu, le meilleur des modèles pour qui désire [aspire à s’approcher de] Dieu et l’Au-delà et se souvient de Dieu intensément. » (Coran, 33, 21).

L’Envoyé (PSL) est le maître dont on étudie les renseignements, le guide que l’on suit sur la Voie, le modèle auquel on aspire à ressembler et, surtout, l’élu dont on est invité à méditer les paroles, les silences et les actions.

Un modèle, un guide

Pendant les vingt-trois années de sa mission, le Prophète Muhammad (PSL) a cherché la voie de la liberté et de la libération spirituelles. Il recevait la Révélation, étape par étape, aux détours des circonstances de la vie, comme si le Très-Haut dialoguait avec lui dans l’Histoire, pour l’éternité.

Le Prophète (PSL) l’écoutait, Lui parlait, et contemplait Ses signes le jour comme la nuit, dans l’entourage chaleureux de ses compagnons comme dans la solitude du désert d’Arabie. Il priait quand le monde des Hommes dormait, invoquait Dieu quand ses frères désespéraient, et restait patient et persévérant devant l’adversité et l’insulte quand tant d’êtres tournaient le dos. Sa spiritualité profonde l’avait libéré de la prison du moi, et il ne cessait de voir et de rappeler les signes du Très Rapproché aussi bien dans l’oiseau qui vole que dans l’arbre qui se dresse, le crépuscule qui s’installe ou l’étoile qui brille.

Il a su exprimer et épandre l’amour autour de lui. Ses épouses furent comblées par sa présence, sa tendresse et son affection, et ses compagnons l’aimaient d’un amour intense, profond et extraordinairement généreux. Il donnait et offrait sa présence, ses sourires, son être, et si, d’aventure, une esclave s’adressait à lui ou voulait l’emmener au bout de la ville, il allait, il écoutait, il aimait. Appartenant à Dieu, il n’était la possession de personne et offrait son amour à tous, simplement, et avec simplicité. Quand il donnait sa main à un individu qui le saluait, il ne la retirait jamais le premier et il savait la lumière et la paix qui peuvent jaillir dans le cœur d’un être à qui l’on offre un mot tendre qui le rassure, un nom affectueux qu’il apprécie, un réconfort auquel il aspire. Des détails, les choses de la vie : libéré de son moi, il ne négligeait le moi de personne. Sa présence était un refuge, il était l’Envoyé (PSL).

Il aimait, il pardonnait. Pas un jour ne passait sans qu’il demande pardon à Dieu pour ses propres insuffisances et ses oublis, et lorsqu’une femme ou un homme venait à lui avec le poids d’une faute, aussi grave soit elle, il recevait cette conscience et lui indiquait les voies du pardon, de l’allégement, du dialogue avec Dieu et de la protection du Très Doux. Il couvrait les fautes d’autrui aux yeux d’autrui, tout en apprenant à chacun l’impératif de l’exigence et de la discipline personnelles. A celui, paresseux, qui venait de lui demander le minimum de la pratique, il répondait toujours positivement et l’invitait à user de son intelligence, et enfin, libérer ses propres contradictions tout en acceptant ses fragilités. Il enseignait la responsabilité sans la culpabilité, et l’exigence de l’éthique comme condition de la liberté.

La justice est une condition de la paix, et le Prophète ne cessait de rappeler qu’il est impossible de goûter au parfum de l’équité si l’on ne sait respecter la dignité des individus. Il libérait les esclaves et recommandait que les musulmans s’y engagent de façon permanente : la communauté de foi des croyants devait être une communauté d’êtres libres. La Révélation lui montra la voie, et il ne cessa, nous l’avons vu maintes fois, de prêter une attention particulière aux esclaves, aux pauvres et aux laissés pour compte de la société. Il les invitait à affirmer leur dignité, à exiger leurs droits, et à se départir de tous complexes : le message était un appel à la libération religieuse, sociale et politique.

Au terme de sa mission, dans la plaine qui se situe au pied du Mont de la Miséricorde (Jabal Ar Rahma), les riches et les pauvres, les femmes et les hommes de toutes les races, de toutes les cultures et de toutes les couleurs étaient là, et ils écoutaient ce message affirmant que le meilleur d’entre les hommes l’est par le cœur, que ne détermine ni la classe, ni la couleur, ni la culture.

« Le meilleur d’entre vous est celui qui est le meilleur pour les hommes, » avait il confié un jour.

Au nom de la fraternité des hommes – en s’adressant aux « gens » (An-Nâs) comme il le fit lors du Sermon d’Adieu, il apprenait à chaque conscience à dépasser les apparences qui pourraient parasiter son chemin vers le juste (Al-‘Adl). Dans la proximité de Dieu, rien ne pouvait justifier la discrimination, injustice sociale, ou le racisme. Dans la communauté musulmane, un Noir appelait à la prière et un fils d’esclave dirigeait l’armée : la foi avait libéré les croyants des jugements sur les trompeuses apparences qui stimule les passions et déshumanise les Hommes.

Il avait écouté la voix des femmes de sa société qui, souvent, vivait dans le déni de droit, l’exclusion et les mauvais traitements. La Révélation elle-même rappelle cette écoute et cette disponibilité :

« Dieu a entendu les propos de celle qui discutait avec toi au sujet de son mari, au moment où elle adressait sa plainte à Dieu. Et Dieu entendit parfaitement votre conversation. Dieu est audient et clairvoyant. »

Comme il écoutait cette femme qui voulait divorcer parce que son mari ne lui plaisait plus : il l’entendit, entra en matière et les sépara. Il reçu de même cette autre femme qui se plaignait que son père l’avait mariée sans lui demander son avis : il était prêt à séparer le couple quand elle l’informa qu’elle était en fait satisfaite du choix de son père, mais que sa démarche consistait à faire savoir « aux pères » « que ce n’était point leur affaire », et qu’ils ne pouvaient agir sans demander leur avis à leurs filles.

L’Envoyé (PSL) transmis aux femmes la double exigence de la formation spirituelle et de l’affirmation d’une féminité qui ne soit pas emprisonnée dans le miroir du regard masculin ou aliénée au sein de rapports de forces ou de séduction malsains. Leur présence dans la société, dans l’espace public et dans l’engagement social, politique, économique et même militaire était une donnée objective que le Prophète, non seulement n’a jamais nié ni rejeté, mais qu’il a clairement encouragé. A la lumière des enseignements spirituels, il les aida à s’affirmer, à être présents, à s’exprimer et à revendiquer la vraie liberté du cœur et de la conscience. Elles avaient à la choisir par elles-mêmes et à en dessiner les contours elles-mêmes dans la confiance de l’infiniment bon.

L’Envoyé (PSL) aimait les enfants, leur innocence, leur douceur et leur présence. Proche de dieu, proche de son cœur, il restait attentif à celles et à ceux qui comprenait le langage du cœur. Il les embrassait, les portait sur ses épaules, en allant à la rencontre de leur innocence, qui, par essence, était l’expression d‘une perpétuelle prière à l’infiniment bon. Les enfants, comme les anges, sont pleinement à Dieu. Ils sont signes. L’attitude du Prophète (PSL) en était un constant rappel. Ainsi, si sa prière rituelle pour Dieu était perturbée par les pleurs d’un bébé, qui, somme toute, priait Dieu en invoquant sa mère, alors, l’Envoyé (PSL) écourtait sa prière d’adulte comme s’il s’agissait d’une réponse à la prière de l’enfant. L’Envoyé (PSL) avait en outre le sens du jeu, de l’innocence et de l’esthétique : les enfants lui enseignaient à entretenir ce regard toujours émerveillé sur les Hommes, et les éléments. Face à la beauté, il pleurait, s’émouvait, et parfois sanglotait, et il était souvent envahit de bien-être par la musicalité poétique d’un vers ou par l’appel spirituel d’un verset offert par le très généreux, l’infiniment bon.

Le Prophète Muhammad (PSL) est venu aux Hommes avec un Message de foi, d’éthique et d’espérance. L’Unique y rappelle à l’humanité sa Présence, ses exigences. Il est venu avec un message et pourtant, tout au long de sa vie, il n’a eu de cesse d’écouter les femmes, les enfants, les Hommes, les esclaves, les riches, les pauvres comme les exclus. Il écoutait, accueillait, réconfortait. Elu parmi les hommes, il ne cachait ni sa fragilité ni ses doutes. Au demeurant, Dieu l’a fait douter très tôt de lui-même afin qu’il ne doutât point ensuite de son besoin de Lui, et il lui montra la réalité de ses imperfections afin qu’il se mette en quête de Sa parfaite Grâce et demeure indulgent à l’égard de ses semblables. Il ne fut point un modèle par ses seules qualités, mais également par ses doutes, ses blessures et parfois par ses erreurs d’appréciation.

Tout, néanmoins, absolument tout dans sa vie était un instrument de renouveau et de transformation : du moindre détail aux plus grands événements qui ont jalonné son existence. L’observateur, le fidèle, le croyant tire ses enseignements et s’approche de l’essence du message divin et de la Lumière de la foi.

Le Prophète (PSL) priait, méditait, se transformait et transformait son monde. Tous l’ont aimé, chéri et respecté, car il avait l’exigence d’une spiritualité qui lui permettait de transcender son ego, de faire don de soi et, à son tour, d’aimer sans être lié. Telle était au fond sa vraie liberté celle d’aimer avec justice sans se laisser emprisonner par ses passions raciales, nationalistes ou identitaires.

Le Prophète Muhammad (PSL) est cette lumière qui mène à la Lumière.



Yathrib786
Le 17 novembre 2019

22 septembre 2019

La mort du Prophète Muhammad (PSL) : une tristesse profonde


L’annonce de la disparition du Prophète Muhammad (PSL) se répandit à travers Médine et dans les environs. La tristesse était grande. Les visages consternés. Les sanglots, les larmes et parfois des cris traduisaient l’ampleur de la douleur. Aïcha posa sa tête sur un coussin et joignit ses lamentations à celles des autres épouses :


« L’Envoyé de D’Allah n’est plus »


Le Prophète Muhammad (PSL) avait recommandé d’apprendre à exprimer sa peine sans débordements, sans hystérie, avec mesure et dignité.

Ousâma, averti, et dont l’armée était déjà en marche vers le nord, revint sur ses pas. Revinrent aussi Umar et un certain nombre de compagnons. Umar refusa de croire à la rumeur en train de s’amplifier comme un fleuve en crue. Dans la mosquée, il annonça aux fidèles qu’il interpella violemment, que le Prophète (PSL) s’était simplement retiré dans l’Esprit et que, bientôt, il retournerait parmi eux.



« Le Messager d’Allah n’est pas mort ; il est simplement retourné à son Seigneur, à l’exemple de Moussa b. Omrâne (Moïse) qui a disparu aux regards de son peuple pendant quarante jours pour revenir après, alors même qu’on alléguait qu’il était mort. Par Allah, le Messager d’Allah sera de retour comme Moussa : il coupera les mains et les pieds de ceux qui ont prétendu qu’il était mort. »



Revenu précipitamment de Sunh, sa ferme sise dans les faubourgs de la ville, Abou Bakr s’était rendu à la maison de sa fille Aïcha et, soulevant le pan de tunique dont on avait voilé le visage de l’Apôtre (PSL). Il l’embrassa et dit :



« Ô toi qui m’est plus cher que mon père et ma mère, tu viens de goûter à la mort que Dieu avait décrétée pour toi. Désormais, plus aucune mort ne saurait t’atteindre. » (Ibn Hishâm, op. cit., Vol. 6, p 275)


Puis le visage fermé, Abû Bakr se rendit à la Mosquée où Umar continuait de haranguer la foule. Abu Bakr lui demanda de se calmer.

Prenant néanmoins la parole, Abû Bakr, après avoir rendu grâces au Tout puissant, prononça alors ces quelques mots admirables et dont l’histoire de l’Islam n’a pas cessé depuis de retenir :


« Que ceux d’entre vous qui adoraient Muhammad sachent que Muhammad est mort, quant à ceux qui adoraient Dieu, qu’ils sachent que Dieu est le Vivant, qui jamais ne meurt. » (Ibn Hishâm, op. cit., Vol. 6, p 275)

« Muhammad n’est qu’un Messager avant lequel des Messagers sont déjà passés. Est-ce que, s’il meurt ou s’il est tué, vous reviendrez sur vos pas ? Quiconque reviendra sur ses pas ne nuira pas à Dieu ; et Dieu récompense ceux qui sont reconnaissants. » (Sourate 3 verset 144)


Umar comprit comme tous les musulmans que le Prophète (PSL) était parti, qu’il les avait quittés. Ce vide qui s’était soudain installé devait désormais être empli par leur foi en l’Un, « le Vivant qui ne meurt jamais ».

Abû Bakr, si sensible qui pleurait si souvent et si intensément en lisant le Coran, avait accueilli la nouvelle de la mort du Prophète (PSL) avec à la fois une profonde tristesse et un calme extraordinaire, une force intérieure insoupçonnable. 

A cet instant, les rôles étaient inversés, et le Prophète (PSL) à travers son départ nous offrait en miroir un ultime enseignement dans les profondeurs de la spiritualité, la fragilité de la sensibilité peut offrir une force d’être que rien ne peut ébranler. 

Le chemin qui mène à la sagesse et à la force en Dieu, passe inévitablement par la conscience et la reconnaissance de nos fragilités. 



Yathrib786
Le 22 septembre 2019

08 septembre 2019

Le Prophète Muhmmad (PSL), le Sceau de la Prophétie (PSL), venait de rendre son dernier souffle



Quelques semaines après le mois du Ramadân de la 11e année de l’Hégire, le Prophète Muhammad (PSL) se rendit à Uhud, où avait eu lieu la seconde bataille entre les musulmans et les Quraysh, et il fit une prière d’adieu à l’intention des hommes qui y avaient été tués. Il s’en retourna à la Mosquée de Médine, s’installa sur le minbar (la chaise surélevée d’où l’Imam s’adresse aux fidèles). Il commença par leur dire :


« Je vous devance devant l’Au-delà et je serai témoin de vos actes. »
« Je ne crains pas que vous redeveniez polythéistes après moi, mais que vous vous querelliez au sujet des richesses de ce monde. » (Hadîth rapporté par l-Bukhâri)


Ces mots exprimaient clairement qu’il devait se préparait à quitter cette vie. Dans le même souffle, il exprimait une crainte pour l’avenir de sa communauté spirituelle. Ce n’est point la foi qui vous quittera, leur disait-il, mais c’est le monde avec ses illusions qui vous dominera. Et les deux coexisteront en vous (la foi et les illusions du monde). Vous continuerez à prier Dieu, l’Unique, mais que vous serez divisés à cause des honneurs,  de l’argent, du pouvoir ou de vos différentes appartenances qui vous feront oublier la fraternité qui vous unit.

Lors de la nuit qui suivit, le Prophète Muhammad (PSL) se rendit au cimetière d’al-Baqî, à Médine, afin d’aller saluer ses occupants. Il ponctua ses invocations en disant :


« Vous êtes les premiers, vous nous avez devancés, nous vous suivons, nous vous rejoignons. »


C’est sur le chemin du retour que le Prophète Muhammad (PSL) ressentit à la tête une douleur intense qui n’allait plus le quitter durant près de quinze jours et nécessita son alitement. Il continua d’abord à diriger la prière en commun, malgré un mal de tête et une fièvre qui le faisait beaucoup souffrir. Les jours passaient, la maladie empirait, et le Prophète Muhammad (PSL) devait rester de plus e plus allongé. Il se trouvait alors chez son épouse Maymûna. Et il demanda avec insistance chez laquelle il devait aller le lendemain, puis le surlendemain.  Maymûna comprit qu’il désirait se rendre chez ‘Aïsha, et elle en parla aux autres épouses. Il fut décidé que le Prophète (PSL) serait immédiatement transféré chez cette dernière. ‘Abbâs et ’Alî l’y conduisirent.
Il était depuis quelques jours ‘Aïsha quand la fièvre grimpa, et sa tête lui fit soudain intensément mal. Il s’évanouit puis, quand il reprit connaissance, il demanda  à ce qu’on lui verse sept outre d’eau sur le visage. Après quelques heures, il allait un peu mieux et décida de se rendre à la Mosquée la tête bandée. Il s’assit sur le minbar, s’adressa aux compagnons présents en leur parlant des tombeaux, en leur ordonnant avec insistance de ne jamais transformer sa propre tombe :


« Ne commettez point d’actes d’idolâtrie sur sa tombe. »  (Hadîth rapporté par Mâlik)


Il était le Messager de Dieu (PSL), mais il demeurait un homme. Il savait combien l’amour des compagnons était profond à son égard. Il leur rappelait de ne point commettre l’erreur de ceux qui les avaient précédés en idéalisant leurs prophètes. Dieu seul est digne d’être adoré.

Puis le Prophète (PSL) se leva et demanda s’il était en dette de quoi que ce soit vis-à-vis de l’un ou l’autre des compagnons. Avait-il offensé ou frappé quelqu’un, alors il fallait que celui-ci se manifeste pour que la situation soit réglée. Un homme se leva et rappela que celui-ci lui devait trois dirhams. Le Prophète (PSL) demanda qu’on lui restitue immédiatement son bien.
Le Prophète (PSL) se rassit sur le minbar et confia :


« Dieu, le Très-nob, a offert à l’un de Ses serviteurs la possibilité de chosir entre les biens de ce monde et ce qui est auprès de lui, et il a choisi ce qui est auprès de Dieu. » (Ibn Hishâm, op. cit., vol. 6, p. 64)


A ces mots, Abû Bakr fondit en larmes, car il avait le premier compris, du plus profond de son amour pour le Prophète (PSL), que ce dernier parlait de lui-même et de son imminent départ. L’Envoyé de Dieu (PSL) l’apaisa continua à s’adresser à l’assemblée tout en parla directement au cœur d’Abû Bakr à l’égard duquel il réglait directement et publiquement une intime dette d’amour, à la fois profonde et intense :

« Le compagnon qui me fut le plus généreux de par sa compagnie et ses biens est Abû Bakr. Si je devais avoir un ami intime, en dehors de Dieu, ce serait Abû Bakr, mais les sentiments de fraternité et d’affection islamiques sont préférables. » (Ibn Hishâm, op. cit., vol. 6, p. 64)

Leur communication était publique mais, au fond, tellement singulière, tellement personnelle, tellement secrète. Les larmes d’Abû Bakr disaient l’amour et effaçaient la dette.

Le Prophète Muhammad (PSL) fit quelques recommandations orales sur la foi, la pratique et l’entretien de la Ka’ba. Il voulut ensuite se rendre à la Mosquée, mais la douleur était si intense que, lorsqu’il essaya de se lever, il finit par s’évanouir. A son réveil, il demanda si les gens avaient déjà prié. ‘Aîsha l’informa que ceux-ci l’attendaient. Il tenta de se relever à nouveau mais s’évanouit encore. Lorsqu’il reprit connaissance pour la seconde fois, il posa la même question, et il fut informé que les musulmans l’attendaient toujours. Il dit à ‘Aîsha de faire en sorte que les gens prient et que ce soit Abû Bakr qui dirige la prière.

Il en fut de même les jours suivants. ‘Aïsha intervint à plusieurs reprises pour exempter son père de diriger la prière. A chacune de ses interventions, elle reçut la même réponse ferme et déterminée. La sensibilité et les larmes d’Abû Bakr avaient un secret, et le Prophète (PSL) resta ferme sur son choix.

Le surlendemain, alors que la maladie lui laissait quelque répit, il put se rendre à la Mosquée pendant que les musulmans priaient le zuhr (la prière du midi) derrière Abû Bakr. Ce dernier voulait reculer et laisser la place au Prophète (PSL). Il l’en empêcha et vint s’asseoir à sa gauche. Le Prophète (PSL) dirigea ainsi le reste de la prière tandis qu’Abû Bak répétait d’une voix plus forte les formules accompagnant les changements de position.

Ce fut la dernière apparition du Prophète (PSL) dans la Mosquée. Durant la journée du lendemain, il fit distribuer l’ensemble de ses biens, ses derniers dinars comme sa cotte de maille. Il continua à formuler quelques conseils aux uns et aux autres. Il répéta à plusieurs reprises qu’il fallait se montrer  bienveillant à l’égard des esclaves, des démunis et des pauvres. Le lendemain matin, un lundi, à l’heure de la prière de l’aube, le Prophète (PSL) souleva le rideau qui lui permettait, depuis sa demeure, d’observer les musulmans dans la mosquée. On le vit esquisser un sourire. Ils furent surpris par ce geste et pensèrent que le Prophète (PSL) allait les rejoindre, mais le rideau se baissa et le Prophète (PSL) ne réapparut point.  Pendant les heures qui suivirent, Fâtima, sa fille, vint lui rendre visite et fît une remarque pleine de compassion devant l’intensité de la souffrance que ressentait l’Envoyé de Dieu (PSL).
Celui-ci lui confia :


« Il n’y aura plus, après ce jour-ci, de souffrance pour ton père. » (Hadîth rapportée par Bukhâri)


‘Aïsha vint s’asseoir au côté du Prophète (PSL) et serra contre elle et posa sa tête sur sa poitrine tout en le caressant pour apaiser ses souffrances. ‘Abd ar-Rahmân, le frère d’Aîsha, entra dans la pièce avec un siwak (un petit bâtonnet pour nettoyer les dents) à la main. Le Prophète (PSL) l’observa de telle manière qu’Aïsha comprit qu’il le voulait. Elle l’humidifia en mâchant et le donna au Prophète (PSL) qui se frotta les dents avec une vigueur étonnante compte tenu de son état de faiblesse générale. Le souci de l’hygiène accompagna l’Envoyé de Dieu (PSL) jusqu’à ses derniers instants. Il savait l’importance de conserver son corps sain et en bonne santé.

L’écoute et l’entretien du corps comme l’hygiène sont deux dimensions et deux conditions de l’élévation spirituelle. Et le Prophète (PSL), durant les derniers instants de sa vie, reçut de la tendresse et se brossa énergiquement les dents.

Ainsi, le Prophète (PSL) de rappeler que l’une des premières questions posées au croyant le Jour du jugement dernier concernait le traitement que celui-ci avait octroyé à son corps. (Hadîth rapporté par at-Tirmidhî)

Contre toutes les illusions, le corps est au fond un dépôt temporairement offert à la conscience e au cœur de chaque être et, un fois encore, avant de partir, il faut avoir soldé sa dette.
Le Prophète Muhammad (PSL) ferma les yeux. ‘Aïsha le tenait tout contre elle, et elle l’entendait murmurer :
« Au paradis, dans l’union suprême… »

Puis il récita la fin du verset :


« … avec ceux que Dieu aura comblés de Sa grâce, les Prophètes, les saints, les martyrs et les justes : que ce sont d’excellents compagnons. » (Sourate 4 verset 69)
Il répéta trois fois : « Dans l’union suprême ! » (Ibn Hishâm, op. cit., vol. 6, p. 73, note 1)


Son avant-bras flancha soudain, et sa tête se fit plus lourde. Aîsha comprit que le Prophète (PSL), le Sceau de la Prophétie (PSL), venait de rendre son dernier souffle. Il venait de rejoindre son Seigneur, son Educateur, son Ami qui l’avait rappelé à Lui pour qu’il trouve enfin la Paix au-delà de l’humanité des Hommes auxquels il avait été envoyé afin de porter le dernier message de l’Infiniment Bon. Depuis ce jour, la communauté spirituelle des croyants n’a cessé, à travers les horizons et les âges, de saluer et de prier le dernier Prophète (PSL) et de réciter de tout son cœur et de tout son Amour :


« En vérité, Dieu et ses Anges prient sur le Prophète. Ô vous qui portez la foi, appelez sur lui les prières et les salutations de paix. » (Sourate 33 verset 56)


Yathrib786
Le 08 septembre 2019